Bitcoin : mieux comprendre cette monnaie virtuelle

Tout le monde en parle et son actualité est brûlante. Lui, c’est le Bitcoin, à la fois une monnaie électronique, un réseau et un protocole open source. Cet ensemble est basé sur un savant mélange de P2P et de cryptographie asymétrique. Il a été créé notamment pour court-circuiter les intermédiaires et réduire ainsi les coûts des transactions. Aujourd’hui, la valeur du Bitcoin s’envole. Des experts craignent l’explosion d’une bulle…

Dix ans après sa création par un illustre inconnu (que l’on a baptisé Satoshi Nakamoto sans savoir de qui il s’agit), le Bitcoin fait partie de la vie quotidienne d’entreprises et de particuliers. Récemment, les médias ont multiplié les articles sur cette cryptomonnaie, évoquant une bulle prête à exploser ou abordant les problèmes de blanchiment d’argent ou les activités illégales .
Ces articles montrent que les fondements de ce système sont encore mal connus. Il faut lire des blogs pour mieux appréhender sa réalité. « Le Bitcoin n’est pas plus une bulle maintenant, à 10 000 (de valeur NDLR), qu’il ne l’était quand il valait 3 dollars ; le seul motif de sa détention ne peut qu’être de le revendre à quelqu’un d’autre, c’est donc une croyance partagée pure », rappelle Alexandre Delaigue, professeur d’économie à l’université Lille 1, sur un blog de francetvinfo.fr.

Régulièrement, des articles paraissent sur la crainte de cette bulle. Soulignons que depuis le début de l’écriture de cet article didactique, l’actualité du Bitcoin a continué à être agitée. Avant d’aborder plus globalement la cryptomonnaie dans un prochain billet, il nous paraissait toutefois opportun de faire le point.

Comment ça marche ?

Les Bitcoins sont générés par un algorithme et des « mineurs ». Il s’agit de particuliers ou d’entreprises qui prêtent de la puissance de calcul de leurs ordinateurs pour valider les transactions. Pour ce service, ils touchent des Bitcoins en récompense.

À moins de disposer de nombreux ordinateurs, les internautes ne peuvent espérer faire fortune ! Ce n’est plus rentable pour eux car ils doivent faire face à des coopératives ou des entreprises qui s’appuient sur d’importantes capacités de calcul (Cloud mining). Néanmoins, dès que le cours du bitcoin s’envole, beaucoup se ruent sur les cartes graphiques (notamment quelques références AMD), riches en unités de calcul, pour pratiquer du GPU-mining.

Pourtant, si des particuliers veulent des Bitcoins, le plus judicieux est d’en… acheter. Sa valeur dépend de son acceptation comme moyen de paiement. Plus les gens ont confiance en cette « monnaie », plus son cours monte. C’est le cas classique de l’offre et de la demande sur les places de marché.
La seconde particularité est qu’il s’agit d’un réseau décentralisé. Aucune banque ni aucun tiers ne peut exiger une commission. Aucun État ni aucune entreprise ne peut, non plus, imposer des règles.

Où acheter (ou vendre) des Bitcoins ?

Ce réseau s’appuie sur des places de trading comme Paymium (qui acceptent les CB), des plateformes de « séquestre » où des acheteurs et des vendeurs traitent directement entre eux, ou encore des changes physiques (le plus connu étant La Maison du Bitcoin à Paris). Vous pouvez vous rendre sur ce site pour savoir où vous en procurer.

Où peut-on les dépenser ?

Il est possible de les utiliser qu’auprès de plateformes de e-commerce et de sites ‒ vendant par exemple du contenu (ou des services) à l’unité ‒ et qui acceptent les Bitcoins. À noter aussi que Mozilla, Wikipédia, Wikileaks, LibreOffice et La quadrature du Net acceptent les dons en Bitcoins.

Quel est le niveau de sécurité de ce réseau ?

Il faut faire la distinction entre la sécurité du protocole Bitcoin et les plateformes d’échanges. La protection repose sur de la cryptographie asymétrique. Les unités de compte se trouvent sécurisées à l’intérieur d’un portefeuille verrouillé avec une clé publique et une autre qui est privée. La transaction qui résulte des échanges entre les personnes A et B est publique. Mais comme il n’y a que A qui a la clé privée, personne d’autre qu’elle ne peut envoyer une telle transaction sur le réseau.

Par ailleurs, ce système repose sur une blockchain (voir la page Wikipedia). Bien qu’anonymisée, chaque transaction est inscrite dans cette base de données. Une tentative d’escroquerie serait donc repérée.
Le point faible se trouve donc au niveau des places de marché.

En 2014, MtGox, plateforme d’échange de Bitcoins, se déclare en faillite. Elle aurait été victime d’un piratage informatique ayant entraîné la perte de 850 000 Bitcoins (l’équivalent au cours de l’époque à 352 millions d’euros). Un an plus tard, Mark Karpelès, son PDG français, sera arrêté au Japon.

Les avantages du Bitcoin

– Les transactions sont plus rapides qu’un virement bancaire classique ;
– Il n’y a pas de frais de transaction ou de gestion, ou ils sont minimes (commissions de certaines places de marché physiques) ;
– L’anonymat est assuré par le fait que seuls les numéros et les contenus des comptes sont nécessaires au maintien de la cohérence du livre des comptes (la « Blockchain »).

Les limites du Bitcoin

– On ne peut pas en faire du commerce. Trop peu de sites et de commerçants les acceptent ;
– Il favorise le blanchiment et l’évasion fiscale, mais ce n’est pas la seule méthode comme le rappelle l’affaire récente des « Paradise Papers »… ;
– Le nombre de transactions est limité : 7 transactions par seconde contre 47 000 par seconde aux heures de pointe pour Visa !