B.Huriez, FC Nantes esport : « L’Esport, une discipline sportive à part entière »

Comme nous vous l’annoncions cet été, Materiel.net, plus Nantais que jamais, est devenu partenaire du FCN esport. À l’aube d’une nouvelle saison et suite à la présentation des nouveaux maillots où votre revendeur préféré s’affiche, Baptiste Huriez, en charge du Marketing au club depuis 2016, nous éclaire sur la structure esport, les projets, les ambitions… et sur une méthode toute nantaise qui n’est pas pour nous déplaire. Allez les jaune et vert !

Matblog : Comment est née et a évolué la structure esport du FC Nantes ?

Baptiste Huriez : Adrien Viaud, champion du monde de FIFA et originaire de la région, nous avait contacté pour faire quelque-chose autour du FCN et de l’esport via ce jeu. Nous nous sommes alors rencontrés et le courant est tout de suite passé. Il a représenté le FCN avec Vincent « Vinch » Hofmann, qui était lui aussi devenu champion du monde.

Puis Adrien est passé Team manager en 2017 et nous avons décidé de nous diversifier. Fifa a un lien avec l’activité du club mais ce n’est pas un titre majeur dans l’esport. Nous avons alors développé PES et aussi Football Manager, surtout pour apporter d’autres contenus gaming. Cela nous a permis de stabiliser la structure puis de monter des équipes sur Rocket League, Fortnite et League of Legends en partenariat avec Gaming Campus. Sur LOL, nous sommes en Division 2. Tout cela a fait passer un cap à la structure.

Adrien Viaud, ancien champion du monde de FIFA et Team Manager du FCN esport, avec le tout nouveau maillot.

M : Comment avez-vous convaincu le club de se lancer ?

BH : Cela n’a pas été toujours simple mais au fur et à mesure que d’autres clubs de sport se lançaient, le projet est devenu légitime. Le club avait le souhait de rajeunir son image et avec cette structure, nous pouvons proposer des animations, tournois, levers de rideau virtuel… C’est très apprécié puisque beaucoup de fans de foot aiment l’esport et les jeux de foot. L’esport participe ainsi à écrire une nouvelle page de l’histoire du FCN.

M : Quels objectifs vous êtes-vous fixés ?

BH : Nous voulons au maximum internaliser les compétences pour grandir petit à petit. Nous n’avons pas les moyens d’un club comme le PSG pour recruter. Beaucoup de sociétés nous ont appelé pour gérer le club en externalisant ; nous n’avons pas voulu faire ça et privilégions une approche plus familiale, peut-être plus longue à mettre en place et moins légitime au début mais qui nous permet de nous projeter à 5-10 ans.

M : Beaucoup critiquent cette catégorisation du jeu vidéo compétitif dans le sport justement…

BH : C’est le même quotidien. Les kinés, l’alimentation, les entrainements… À terme le gestion de l’équipe esport doit être dans la direction sportive. C’est une discipline sportive à part entière.
Ce ne sont pas les mêmes muscles, pas les mêmes règles mais très similaire. Et même au-delà du sportif, dans le marketing, la billetterie, le storytelling… Regardez ce que fait l’équipe Vitality. À terme, il n’y aura plus de débat. C’est juste un souci de maturité et d’image. Mais cela va changer et tout l’écosystème va continuer de grandir.

Mais contrairement au sport, l’esport repose beaucoup sur les éditeurs et le fonctionnement de chaque jeu. Entre Fifa, League of Legends ou même PES, il y a trop de différences dans les compétitions, les formules, l’organisation… Cela reste dur à comprendre. Le grand public a besoin de lisibilité pour suivre. D’ailleurs, les jeux comme LoL qui fonctionnent le mieux se sont inspirés de ces aspects du sport, les formes de compétitions, les stades…
De notre côté, on a fait des choses plus intéressantes sur PES que sur Fifa : dans la ligue efootball pro il y a des grands clubs, des matches tous les 15 jours. Cela a élargi notre audience.

M : Fifa 21 arrive dans quelques jours (cette interview a été réalisée le 30/09, voir notre test), qu’est-ce que vous en attendez justement ?

BH : Nous allons voir la semaine prochaine en beta testant. Et nous allons aussi annoncer nos joueurs avec toujours un sur PS4 et un sur Xbox. Ce n’est pas un jeu esport majeur mais c’est important pour nous. Les joueurs de foot aussi vont le tester et on fera des animations au stade autour du jeu, cela plaît toujours.

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M : Et en termes d’ambition ?

BH : Adrien accompagne toujours super bien et nous n’avons pas de stars mais une volonté de performances. Il faut aussi chercher les talents de demain. Mais comme dans le foot, les joueurs bougent beaucoup.

M : On sent dans le monde de l’esport et plus généralement du jeu vidéo une vraie barrière entre les jeux de sport et les MOBA ou les BR par exemple. Le ressentez-vous également ?

BH : Oui, énormément. Il y a plusieurs facteurs, l’un étant que l’on mélange dans un genre les supports avec les PC et les consoles. Et ce n’est pas la même population de gamers, les jeux de sport plaisent surtout à ceux qui aiment le sport tout court. Même au niveau de l’image. Depuis que nous nous sommes lancés sur LoL ou Fornite, nous avons d’autres retours. Mais ce sont des mondes un peu fermés.

M : Quels sont les grands projets du FCN esport ?

BH : Il y a trois volets : d’abord asseoir la structure en interne, légitimer et écrire une histoire en rejoignant le sportif, comme je le disais.
À court terme, nous souhaitons améliorer nos résultats sur LoL et Fortnite. C’est notre 2e saison. L’objectif dans les prochaines années, c’est de viser la LFL (la 1ère division de la ligue française League of Legends).
Enfin, il y a le modèle économique. Il nous faut créer une autonomie avec un vrai business model. Nous visons la pérennité, pas que l’image.

M : Et vous pouvez compter pour cela sur un nouveau partenaire… nous 😊 Dites-nous en plus…

BH : Pour développer ce modèle économique, nous cherchons des partenariats et n’en avions aucun dans le hardware.
Nous sommes de la même région, il y a une histoire commune à écrire, cela paraissait logique. Nous en avions déjà discuté mais c’est devenu encore plus légitime depuis que nous jouons sur PC. Nous avons pleins de projets ensemble même si le COVID nous a en fait reporter. Ce n’est que partie remise et il y a plein de choses à imaginer pour le bénéfice des amoureux du FCN et de l’informatique.

M : Un dernier mot, que conseilleriez-vous pour se lancer dans l’esport ?

BH : Être performant, croire en soi et être bien accompagné. C’est hyper important d’avoir un entourage qui encourage. Il y a des possibilités de carrière de joueur et de reconversion après.

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