Cloud gaming et cloud computing : quelle différence, quels usages ?

Le titre de cet article a tout d’un sujet de conférence, mais ne vous endormez pas tout de suite, nous allons l’appliquer au jeu vidéo et à ce que l’avenir plus ou moins proche nous réserve.

© Shadow

Manifestement, ce qui va de soi et va sans dire va mieux en le disant. Nous avons noté dans les commentaires sur les différents réseaux sociaux un certain flou dans les notions de cloud computing et cloud gaming. Analysons ces deux façons bien distinctes de concevoir le nuage.

Cloud gaming, le jeu avant tout

Commençons par ce que nous propose le projet xCloud de Microsoft, Geforce Now de NVIDIA, Stadia et consorts.
Le cloud gaming est un abonnement pour un catalogue de jeux. Vous bénéficiez de la puissance des datacenters du fournisseur puis recevez un signal vidéo décodé par un appareil domestique (console, PC, peu importe). « On paie, on lance, on joue » serait son parfait leitmotiv !

En ce moment l’encre coule car nous en sommes aux balbutiements et nous imaginons l’expérience de jeu que nous pourrions en tirer, mais en réalité, trois questions s’imposent à vous (outre celle de savoir si vous êtes pour ou contre le cloud), chacune éliminatoire :

– Est-ce que les jeux proposés dans le catalogue m’intéressent ?
– Est-ce que le rapport qualité/prix semble justifié ?
– Ai-je suffisamment de débit pour les faire tourner dans les meilleures conditions ?

Plutôt que de trépigner d’impatience et de conjecturer dans tous les sens, les prétendants devraient juste attendre de voir les offres des différents acteurs de cette industrie. Si l’une d’elles séduit sur les deux premières questions et qu’un doute persiste sur la qualité, il suffira de tenter l’offre « essayez pendant 1 mois » puis en tirer les conclusions qui s’imposent.

Playstation Now est un service hybride puisque l’on streame les jeux PS2, PS3, mais on peut télécharger les titres PS4. Dans ce cas précis, plus de cloud gaming, on joue en local.

Cloud computing, un système en plus

Arrivons au point qui ne semblait pas clair pour tout le monde. Pour le cloud computing, il n’y a pas de catalogue de jeu, vous louez une configuration stockée dans un datacenter. Votre ordinateur est loin là-bas, mais son usage est comme à la maison. Windows est installé sur la machine distante, vous ajoutez Steam, Origin, GOG, Uplay, Epic, Battle.Net, etc. (on en oublie ?), et vous achetez tous vos jeux, car votre abonnement ne concerne que le matériel et le service pour mettre à disposition cette puissance dans les meilleures conditions.

Vous l’aurez compris, il s’agit de l’offre proposée par la société française Shadow qui communique beaucoup sur la puissance de ses serveurs et ses aptitudes « gaming » au risque de semer le doute sur son service complet. Cette fois, il n’y a que deux questions à se poser :

– Est-ce que le rapport service/prix de l’abonnement vous semble cohérent ?
– Ai-je assez de débit pour faire tourner les jeux dans les meilleures conditions ?

Shadow est déjà en place et son offre est claire : 40 euros par mois si l’on ne souhaite pas s’engager sur 12 mois (sinon 30 euros) auquel il faut immanquablement ajouter 4 euros pour obtenir 1 To en plus des 256 Go initialement prévus. Côté jeux, vous continuez à acheter ce qui vous fait envie et ne vous encombrez pas des fonds de catalogue d’un éditeur.

Espérons que le cloud fédère plus qu’il ne divise. Avec un peu de chance, nous pourrions avoir accès à tous les jeux PlayStation, Nintendo et Xbox depuis un PC. Comment ça on rêve ??!!

Avantages et inconvénients

Dans les deux cas, il faut un bon débit internet, c’est un point clair pour tout le monde. Si vous n’avez pas la fibre ou un excellent ADSL (VDSL), vous vous exposez à du lag et des effets de micro saccade (stuttering). Oubliez le jeu en 4k ou WQHD à moins d’avoir une connexion de compet’. Shadow recommande une connexion à 15 Mb/s pour jouer, Microsoft annonce 10 Mb/s ; testez votre ligne avec un site du type speedtest et si vous n’atteignez pas ces chiffres, le cloud gaming n’est pas pour vous pour l’instant.
La 5G et la fibre optique de plus en plus étendue changeront la donne, mais il va falloir attendre (2022, 2025 ?).

Le cloud gaming brille par sa simplicité ; vous payez, vous jouez. Son pendant computing s’étend bien au-delà du divertissement. Vous retrouvez votre session Windows et vos documents de travail sur tout appareil doté d’écran et d’une connexion internet à 2 Mb/s. Un argument de poids. De plus, vous construisez votre ludothèque et la moddez si vous le souhaitez. En somme, vous retrouvez tous les avantages d’une machine locale.

Pour l’instant, l’offre de Shadow ne convainc pas à cause d’un prix trop élevé au regard des limites du service, d’un espace de stockage réduit, du peu de visibilité sur l’évolutivité des machines (pour l’instant 12 Go de RAM et des cartes GTX 1080, à quand les 16 Go et la dernière génération de GPU ?), et du 1080p max si l’on souhaite une fluidité à toute épreuve et aucun défaut de compression sur l’image.

Toutefois, nos réseaux vont s’améliorer et l’offre peut évoluer, contrairement au cloud gaming qui reste figé dans son association « abonnement, catalogue, jeu uniquement ». Le cloud computing reste la solution la plus séduisante pour qui souhaite garder la maitrise de son environnement et de sa ludothèque, malheureusement les nombreux nuages qui viennent obscurcir notre ciel azur ne vont pas dans ce sens.

Le cloud gaming est en réalité de l’histoire ancienne, les premières démonstrations datent du début du siècle, mais le débit internet a toujours été un frein. Ça sera moins le cas demain.