Crowdfunding et jeux vidéo : entre rêve et illusions

GoFundMe a récolté près de 5 milliards de dollars depuis son lancement en 2010. Sur Kickstarter, plus de 257 000 projets ont été financés (à hauteur de 1,9 milliard de dollars) avec succès depuis le lancement de cette plateforme en 2009. L’intérêt croissant pour le crowdfunding (ou financement participatif) incite les amateurs de jeu vidéo, les développeurs et même les grandes marques à tenter leur chance en présentant leur projet. Voici ceux qui ont décroché le Graal récemment.

Le succès de NOOB, le RPG manga fait rêver. Sur la plateforme Ulule, Olydri Studio, basé à Toulon, a récolté 1 246 852 € sur un objectif de… 90 000 €. La récolte n’a pas traîné : l’objectif avait été atteint en… 4 heures.

Tous les projets ne rencontrent pas autant de succès que ce RPG en 2D (offline) jouable sur PC, MacOS et navigateur Internet ou de Stonehearth. Ce dernier a recueilli 751 920 dollars, soit plus de six fois son objectif. Le développeur Radiant Entertainment a annoncé en juillet que la version 1.0 serait prochainement disponible.

Mais beaucoup de projets ne trouvent pas de financement ou n’atteignent pas leur objectif. Même sur les plates-formes internationales. Car le marché des jeux est devenu beaucoup plus encombré et les projets de jeux de société et de cartes se multiplient à l’envi notamment. Des financements sont parfois très longs. Chasm aura entamé sa campagne sur Kickstarter en… 2013. 6 938 contributeurs ont permis d’atteindre 191 897 dollars. Il y a quelques jours, le développeur Bit Kid a annoncé que son RPG sera disponible sur PC, PS4 et PS Vista pour seulement 19,99 dollars. Annoncé début 2016, le jeu de stratégie de science-fiction Xenonauts 2 (de Goldhawk Interactive) a été financé avec succès sur Kickstarter. Ce projet visait 50 000 livres sterling, il a atteint 67 698 livres sterling.

Les RPG semblent attirer de nombreux contributeurs. Compatible GNU/Linux, Black Geyser : Couriers of Darkness a récolté 108 837 euros auprès de 3 467 personnes. Inspiré par Baldur’s Gate et Icewind Dale, ce projet a donc dépassé ses objectifs, ce qui va permettre d’ajouter plus de langues, un meilleur support de modding, une nouvelle classe de joueurs…

Couriers of Darkness

Pour quelques dollars de plus…

Et il y a les projets qui se font attendre… C’est le cas du jeu le plus financé sur Kickstarter. La campagne pour Shenmue III (pour PlayStation 4 et PC) avait a été annoncée par Sony lors de l’E3 en 2015. Le projet avait dépassé son objectif de financement de 2 millions de dollars en 24 heures. Plus de 6,9 millions de dollars ont été récoltés.

Mais la sortie a été reportée à l’année 2019 afin de peaufiner davantage le jeu et d’éviter le calendrier surchargé de la fin d’année 2018. Pour rappel, en juin 2017, la sortie du jeu avait été prévue pour le second semestre 2018… Pas sûr que tous les backers apprécieront d’autant qu’il faudra 100 Go d’espace disponible sur PC !
Ce projet est aussi un symbole de ce que devient en partie le crowdfunding : ce n’est plus seulement un moyen pour les « petits » acteurs de faire aboutir leur projet. Des grands noms à la surface financière confortable s’en saisissent pour mesurer l’intérêt de tel ou tel projet voire pour assurer une partie de la rentabilité dudit projet. Et c’est aussi le cas côté matériel.

Le hardware

Ainsi, Razer devrait lancer prochainement un financement participatif pour développer une souris pour gaucher ! D’autres projets se comprennent toutefois un peu mieux au vu de la taille des acteurs.

Financé via la plateforme Indiegogo, le mini-PC Chuwi HiGame a récolté 360,467 dollars (soit 721 % de son objectif de 50,000 dollars) alors que sa campagne n’est pas achevée. Ce NUC est équipé du dernier processeur Intel Core i5/i7 de 8e génération, d’une Radeon RX Vega M et d’une mémoire graphique HBM2 de 4 Go. Les données pourront être stockées sur un SSD de 128 Go ou 256 Go.

Le projet Astrum de Ninox.

Plus originale, l’Astrum Black Knight est un projet de souris entièrement modulaire proposé par Ninox. Cette souris est un peu différente des précédentes produites par le constructeur, puisqu’elle a été entièrement conçue et prototypée en interne, tant au niveau logiciel que matériel. Très légère, elle a été conçue pour offrir les meilleurs niveaux de confort et de performance possible. Elle offre en effet 13 façons de la configurer. Vous pouvez choisir parmi trois formes principales (Alpha, Beta et Beta Ergnomic). Ensuite, vous pouvez choisir l’emplacement des boutons latéraux. Petit plus qui sera apprécié par certains : les gauchers n’ont pas été oubliés ! À quelques semaines de la fin de sa campagne, 57,528 dollars avaient été récoltés sur les 65 000 dollars prévus.

Autre périphérique en cours de financement sur Kickstarter (7500 dollars demandés) : MEGA-one. Si vous trouvez que les vibrations de la manette PS4 ou XBox One ne sont pas assez intenses, ce projet vous intéressera peut-être. Il a été développé par Jake Middleton, un ancien ingénieur de la NASA. MEGA-one se présente sous la forme d’un exosquelette qui se fixe autour de la manette. Composé d’un alliage d’aluminium, il est capable de générer des vibrations 10 fois plus puissantes !

Terminons par le projet de Pierre-Louis Boyer. Sur Kickstarter, il récolte des fonds pour sa troisième version de Raspiboy prévue pour septembre prochain. Il s’agit d’un kit de console d’émulation portable basé sur Raspberry Pi Zero mini PCA. Ce kit fournit une batterie, un écran de 3,5 pouces, un contrôleur de jeu intégré et un boîtier pour créer votre propre système de jeu rétro portable. Vous pourrez jouer à de multiples jeux sortis sur : Gameboy, Gameboy Color, Gameboy Advance, Super Nintendo, Megadrive (Genesis), Atari…

Évidemment, la sélection des projets présentés ici-même est très subjective et forcément non exhaustive. Le fonctionnement des plateformes de financement participatif autorise beaucoup de choses (tout et n’importe quoi ?) et distinguer le bon grain de l’ivraie se fait surtout par le buzz du Web. Certains crisseront des dents en découvrant des projets issus de sociétés que l’on pensait en capacité de s’en sortir sans quémander de participation. Mais cela peut être aussi une opportunité pour tout un chacun de permettre l’aboutissement de projets intéressants voire de participer au développement. Et là, ce n’est plus seulement le financement qui est participatif…