De Take 2 à 2K : fusion, acquisition, réactions !

Une fois n’est pas coutume, nous allons nous intéresser non pas à un développeur, mais à un éditeur, et non des moindres : 2K. Un détour par la maison mère Take Two interactive et un passage en revue de quelques titres phares de l’éditeur donneront un profil plus lisible à cet ogre du jeu vidéo.

Lorsqu’on évoque l’édition, les regards convergent vers Electronic Arts, Activision-Blizzard, Ubisoft… on omet facilement le numéro 1, en l’occurrence le chinois Tencent. Take Two Interactive ne vient pas davantage à l’esprit de chacun, peut-être par un manque d’incarnation de ses licences, et pourtant…

Take-Two : on achète !

Fondé en 1993 par Ryan Brandt, Take-Two Interactive pousse sur les 1,5 million de dollars apportés par la famille et des investisseurs privés pour que le jeune homme puisse enfin se trouver une carrière.

La société voit grand et n’hésite pas à investir dans l’une des modes du moment : le doublage ou le full motion video avec des acteurs de renom. Ainsi, Take-Two s’offre Denis Hopper dans Hell : A Cyberpunk Thriller et Christopher Walken dans Ripper.

De grands noms du cinéma s’invitent dans le jeu durant les années 90, Mark Hamill avait marqué les esprits dans Wing Commander III, mais décrocher Christopher Walken fut un coup de maitre !

Le succès de la société lance le petit jeu des rachats avec Mission Studios en 1996, mais le premier gros coup arrive en mars 1998 avec l’acquisition de BMG Interactive et notamment une petite licence naissante : Grand Theft Auto ! T2 flaire le potentiel et créé un studio pour développer des titres semblables, le désormais plus que célèbre Rockstar Games.

Nous n’aurions pas assez de l’annuaire pour détailler tout ce que l’éditeur va mettre dans sa besace, mais avec le succès notamment de GTA, T2 s’offre en 2004 les droits de Civilization puis finit par avaler Firaxis. En 2005, après l’achat de plusieurs studios spécialisés dans le développement de titres de sport, 2K est lancé avec les subdivisions 2K Games et 2K Sports. Take-Two s’offre aussi en 2006 Irrationnal Games qui lui servira à développer BioShock.

La méthode pour étendre cet empire est assez simple : d’abord on collabore avec un développeur afin d’éditer un jeu sur PC ou console, puis on consolide ce partenariat en achetant la société avant d’en faire des filiales de Rockstar ou 2K.

Puisque l’on trouve toujours plus gros que soi, Electronic Arts, Microsoft et Activision Blizzard ont tenté d’avaler Take-Two, mais la société a su garder son indépendance.

L’univers passionnant de BioShock manipulait des utopies et ne prenait pas de gant avec des sujets tels que la ségrégation, le libéralisme à outrance, l’extrémisme religieux, etc.

Les licences emblématiques de 2K

Le trio Take-Two Interactive, Rockstar et 2K est à l’abri du besoin avec des licences aussi fortes que GTA, Red Dead Redemption, Max Payne, NBA 2K, WWE 2K, Civilization, mais nous allons revenir sur quelques jeux emblématiques d’une société qui n’a pas froid aux yeux.

BioShock : lorsque Take 2 rachète Irrationnal Games, Ken Levine, le directeur de la création et fondateur du studio, travaille sur cette uchronie qui ne va pas tarder à faire date.

Le premier BioShock se déroule dans une ville idéalisée par un mégalomane. À une jouabilité inattaquable s’ajoute de l’architecture art déco dans des bâtiments évoquant sans cesse l’Amérique triomphante. Engoncée dans ses idéaux politiques libéraux, ses rêves de grandeur et de perfection, la cité va méchamment s’écrouler. BioShock allie le fond à la forme et reste un incontournable quasiment à la hauteur d’un Citizen Kane pour le cinéma.

BioShock 2 reprend le même univers avec une jouabilité encore plus aiguisée. BioShock Infinite, le troisième volet, est lui un gant jeté à l’intégrisme religieux et à la société bienpensante cachant les pires travers, notamment en matière de ségrégation. Cette fois nous ne sommes pas loin d’un Mississipi Burning dans le contexte avec des ressorts dramatiques hallucinants.

Duke Nukem Forever : Le plus emblématique des vaporwares, ce projet qui semblait ingérable a fini par tomber entre les mains de Gearbox Software, à qui l’on doit notamment Borderlands, après que 3D Realms a abandonné le Duke à son triste sort. Cet épisode a tout tenté pour séduire les fans et la démarche de 2K était résolument punk. Come get some !

Spec Ops the line est une plongée au cœur de la folie. Une œuvre qui a été plutôt bien reçue par les critiques au moment de sa sortie, mais n’a pas été suivie par le public.

Spec Ops : The line : Si l’on doit filer la métaphore cinématographique, nous sommes face à un Apocalypse Now. D’ailleurs le jeu s’inspire du livre « Au cœur des ténèbres », tout comme le film de Coppola. Et ce n’est pas le seul point commun puisqu’à sa sortie Spec Ops fut un échec commercial avant d’être élevé, plus tard, au rang d’œuvre culte.

Le titre développé par Yager Development est une plongée dans ce que la guerre a de plus absurde et la folie qu’elle provoque chez certains hommes. Pour développer un tel propos, le jeu a dû se concentrer sur une campagne solo courte et a négligé le multi. Mauvaise idée en cette époque où les joutes en ligne étaient l’atout majeur des FPS.

Borderlands : enfin, terminons sur la licence qui nous a soufflé à l’oreille l’idée de cet article. Borderlands est un sommet d’irrévérence fondu dans une jouabilité privilégiant le fun. C’est le Mad Max décomplexé du jeu vidéo. Mélangeant habilement le FPS et le jeu de rôle, chaque épisode vous étreint avec ses qualités et ses défauts et fait l’unanimité auprès des joueurs et de la presse.

Autant de raisons pour lesquelles nous souhaitions mettre l’accent sur 2K et au passage Take Two et Rockstar, des éditeurs effrontés, parfois énervants et qui n’en font qu’à leur tête. Dégager un maximum de profits ne les empêche pas de mener leur barque avec un certain aplomb et de nous proposer chaque année des titres jouissifs. Activision-Blizzard est connu pour son caractère bien trempé, T2 et ses deux compères n’ont rien à lui envier.