Les solutions antimicrobiennes s’invitent dans le High-Tech

©Arek Socha (Pixabay)

On n’est pas près d’être débarrassé par ce satané virus ! Résultat, des marques ont décidé de développer des solutions permettant de désinfecter nos appareils ou d’empêcher la propagation de bactéries. Avec plus ou moins d’efficacité…

Le Consumer Electronic Show (CES), le plus grand salon dédié aux loisirs technologiques et à l’univers du numérique, s’est déroulé du 11 au 14 janvier. À cause de la pandémie de la covid-19, cet événement a été entièrement virtuel. Avec un brin d’opportunisme, des marques surfent sur cette crise sanitaire pour proposer des dispositifs et des solutions permettant, officiellement, de tuer ces méchants virus. C’est le cas d’Acer avec son Spin 5. Récompensé par le prix Red Dot Design 2020, cet ordinateur portable convertible à écran tactile est léger (1,2 kg) et mince (14,9 mm).

Grâce à un agent antimicrobien à base d’ions d’argent, l’Acer Spin 5 éliminerait de 99,9 % des bactéries.

Mais surtout, le fabricant s’est vanté d’avoir ajouté un agent antimicrobien à base d’ions d’argent dans le revêtement de la surface du châssis, du verre Corning Gorilla de l’écran, du clavier, de la charnière et même du lecteur d’empreintes digitales.

Efficacité antibactérienne

Pour les écrans comme pour les tablettes tactiles, l‘incorporation d’ions d’argent (Ag+) comme agent antimicrobien dans le Corning Gorilla Glass permet à la surface du verre de rester propre plus longtemps (autres avantages : durabilité et résistance aux rayures). Son revêtement, spécialement conçu pour supprimer la multiplication des bactéries, est conforme aux règlements européens RPB et EPA (Efficient Particles Air Filter).

Sans entrer dans des détails trop techniques, le Règlement sur les Produits Biocides (règlement n° 528/2012à) concerne « la mise sur le marché et l’utilisation des produits biocides, qui sont utilisés pour protéger l’homme, les animaux, les matériaux ou les articles contre les organismes nuisibles, tels que les animaux nuisibles et les bactéries, par l’action des substances actives contenues dans le produit biocide ».

Acer n’a pas lésiné sur les tests sérieux. Il s’est appuyé sur la norme japonaise JIS Z 2801 (Produits antimicrobiens – tests d’activité et d’efficacité antimicrobiennes) et la norme internationale ISO 22196 qui sont deux normes reconnues dans l’évaluation de l’efficacité antibactérienne d’un produit désinfectant appliqué sur une surface (matériau divers, plastiques, etc.).  Résultat, il présente un taux de réduction microbienne de 99,9 %, contre un large éventail de bactéries.

D’autres marques préfèrent s’orienter vers une autre solution : les UV de courte longueur d’onde (UVC). La plupart s’appuient sur différentes expérimentations menées depuis quelques années dans différents domaines comme l’industrie agroalimentaire, la pisciculture, le thermalisme ou encore le traitement des eaux de pluie. Des recherches ont également été menées dans le domaine de la santé, car le rayonnement UVC, qui est une radiation électromagnétique comprise entre 200 et 280 nm, correspond à la plage germicide.

Cette solution est d’ailleurs utilisée depuis 2014 par un groupe d’hôpitaux danois qui avait exprimé son souhait de trouver un moyen efficace de combattre plus efficacement ces infections. Ils utilisent un robot mobile équipé de plusieurs capteurs LIDAR (« light detection and ranging ») et de puissantes lampes UV de courte longueur d’onde (UVC). Depuis, cette machine a été achetée par de nombreux établissements de santé dans différents pays, dont la France, pour désinfecter les chambres après le départ de personnes touchées par la Covid-19.

Les limites des lampes UV-C grand public

Cette lampe permet de désinfecter un clavier ou un smartphone. Mais est-elle vraiment efficace contre la Covid-19 ? ©Targus

Un usage grand public semblait inéluctable. Et c’est Targus qui s’en charge en présentant au dernier au Consumer Electronics Show sa lampe de désinfection LED UV-C. Vendue en mars prochain, elle peut être utilisée sur des périphériques comme les claviers, les souris et, pourquoi pas, votre smartphone (véritable nid à microbes comme votre télécommande TV !). Elle s’allume automatiquement toutes les heures pendant cinq minutes et elle s’éteint donc automatiquement si vous utilisez de nouveau votre ordinateur avant la fin de la désinfection.

La marque a aussi présenté un sac à dos avec un revêtement antimicrobien sur les « points de contact clés » y compris les poignées, les fermetures éclair et même la housse de pluie qui sert à protéger les appareils électroniques à l’intérieur contre la pluie. Baptisé 2Office, il peut contenir des ordinateurs portables jusqu’à 17,3 pouces.

Targus affirme que cet « ingrédient actif se lie à l’ADN des bactéries » et empêche leur réplication. Toutefois, comme pour la lampe de désinfection, rien ne garantit qu’elle peut arrêter la propagation du coronavirus. La preuve, dans un communiqué de presse, la marque précise : « Targus ne fait aucune déclaration concernant la Covid-19 et n’a pas testé le produit spécifiquement contre le Covid-19. En général, la lumière UV-C est efficace pour tuer les bactéries et les virus ».

En fait, ces versions grand public des lampes UV-C professionnelles ne semblent pas aussi efficaces. La Food & Drug Administration (une agence du ministère de la santé américain) a tenu à préciser que « de nombreuses lampes UV-C vendues pour un usage domestique sont à faible dose, il peut donc falloir une exposition plus longue à une surface donnée pour assurer l’inactivation efficace d’une bactérie ou d’un virus ».