Porté par NVIDIA, le moniteur BFGD se place à l’intersection du téléviseur à écran plat et de l’écran « gamer » et tire profit des qualités de chacun : grande taille, latence minime, etc. Trouvera-t-il sa place ?
En janvier dernier, à l’occasion du salon CES à Las Vegas, NVIDIA s’est fendu d’une annonce… de taille. Et l’expression n’est pas que figurative : la marque au caméléon a dévoilé un moniteur « gaming » gratifié d’une diagonale de 65 pouces ! Nom de code de cette nouvelle ligne de produits ? BFGD, pour Big format gaming display. Les premiers modèles devraient arriver cet été et seront fabriqués par Acer, Asus (ROG Swift PG65) et HP (Omen X65).
Que l’on ne s’y trompe pas : un moniteur BFGD a beau être aussi imposant qu’un téléviseur, ce n’en est pas un. Il est par exemple privé de tuner TV (choix étrange au demeurant, de notre côté, une « vraie » TV gamer nous aurait bien plu ^^). Pourtant, ce moniteur informatique au gabarit impressionnant présente de nombreux attributs dignes d’un bel écran plat, comme l’ultra haute définition (3840×2160 pixels) et la dalle IPS, dont les points forts sont l’excellente colorimétrie et les larges angles de vision.
Cependant, un moniteur BFGD est équipé d’un procédé qui fait défaut à son cousin trônant dans le salon : le G-Sync HDR, développé par NVIDIA. Il s’agit de l’évolution du G-Sync, apparu en 2013, dont le principe, rappelons-le, consiste à synchroniser de manière dynamique la fréquence de rafraîchissement de l’écran et le nombre d’images par seconde produites par la carte graphique NVIDIA du PC. Ainsi des phénomènes désagréables tels que le « tearing » (déchirement de l’image) sont-ils éliminés. La dalle d’un moniteur BFGD, fabriquée par AU Optronics, bénéficie en l’occurrence d’un taux de rafraîchissement de 120 Hz. Etant donné les performances actuelles des cartes graphiques en 4K, il y a de la marge.
Rétroéclairage Full LED avec « local dimming »
Ce moniteur profite d’autres raffinements technologiques qui ont amélioré les performances de l’affichage LCD ces dernières années, justifiant le sigle « HDR » (High Dynamic Range, voir notre article sur cette technologie). A commencer par la luminosité maximale de 1000 cd/m2 et le rétroéclairage Full LED associé au contrôle local de la luminosité (« local dimming »), réparti sur un nombre de zones encore indéterminé (entre 384 et 512 probablement). De fait, un moniteur BFGD prend en charge le HDR10, qui renforce les détails dans les zones très claires ou très sombres de l’image.
S’ajoutent des Quantum Dots (points ou boîtes quantiques), qui agissent schématiquement comme des filtres destinés à rééquilibrer l’intensité du spectre lumineux provenant du rétroéclairage, qui tire de manière générale un peu trop vers le bleu. En conséquence, les couleurs sont plus saturées et l’espace colorimétrique reproductible s’agrandit au point de correspondre à celui du DCI-P3, 25% plus large que l’espace RGB standard.
Dernier bénéfice du G-Sync HDR, et pas le moindre lorsqu’il est soumis au regard exigeant du joueur : la faible latence (on parle aussi d’input lag, voir notre article). Aucun chiffre n’est fourni par NVIDIA, mais cette latence serait identique à celle d’un moniteur dédié au jeu vidéo. On en déduit qu’elle est de l’ordre de 5 à 10 millisecondes.
Pour résumer, un moniteur BFGD combine une énorme taille d’affichage, des technologies d’affichage dernier cri comme les Quantum Dots, disponibles sur des téléviseurs haut de gamme (les écrans OLED sont à part) et certains moniteurs, et enfin des caractéristiques exclusives aux moniteurs, dont le G-Sync et la latence minime. S’il peut fonctionner avec une console de jeu ou une carte graphique AMD, il sera d’autant plus efficace s’il est couplé à une carte graphique NVIDIA G-Sync.
Et ce n’est pas tout, puisque la console Shield TV de NVIDIA est intégrée ! Celle-ci donne accès à la plateforme de « cloud gaming » GeForce Now, mise au point par NVIDIA, et à plusieurs services de streaming vidéo, tels que Netflix et Youtube. La Shield TV prend aussi en charge GameStream, si le joueur préfère relayer sur son moniteur BFGD un jeu tournant sur un PC situé dans une autre pièce, plutôt que de brancher celui-ci directement sur l’écran.
Un écran fait pour les « gaming rooms »
A ce stade, une question légitime survient : un moniteur BFGD répond-il à un besoin ? La tendance est à l’inflation de la taille des écrans, il est vrai, et le moniteur informatique n’y échappe pas. Témoin le C49HG90DMU de Samsung, un moniteur incurvé de 49 pouces spécial « gamer » et assorti du procédé FreeSync 2 d’AMD, le rival du G-Sync de NVIDIA. Les métiers de la création graphique et du design apprécient aussi des moniteurs de grande taille.
Selon NVIDIA, le moniteur BFGD s’adapte au concept émergent du « gaming room » aux Etats-Unis, une pièce réservée au jeu vidéo autre que la chambre et le salon. Un tel moniteur requiert en effet un certain espace pour que le joueur goûte à l’expérience dans les meilleures conditions. Il n’est pas dit que la situation est aussi favorable en Europe et a fortiori en France, où les superficies moyennes sont bien inférieures.
D’autre part, si avoir un grand écran n’implique pas forcément un grand recul, un BGFD n’invite pas à se coller à lui. Et par conséquence, le setup classique du gamer (clavier/souris) ne sera peut-être pas le plus adapté… Une opportunité pour les Lapdogs ???
Une chose est sûre : un moniteur BFGD sera un produit « Premium », dont le public potentiel dispose d’un « Big Budget ». Au moins est-ce en accord avec la stratégie de NVIDIA, qui se positionne de plus en plus sur le haut de gamme.