Morgan Lavaux, papa du cube connecté Hector : « 100% made in Ouest »

Il est l’un des deux papas d’Hector. Avec la volonté de (re)donner ses lettres de noblesses aux stations météo, Morgan Lavaux et son acolyte Valentin Roy ont accouché d’Hector, petit cube connecté aux ressources insoupçonnables. Hector est l’un des premiers rejetons de Captiv, la société de Morgan et Valentin, qui se concentre sur les objets connectés « utiles ». Le début d’une dynastie née en Pays-de-la-Loire ?

Hector

Q : Comment en êtes-vous arrivés à concevoir Hector ?

ML : Valentin et moi faisions du sport ensemble, du VTT Trial. Nous avons eu une première structure pour faire des démos de matériel autour de cela pendant 4 ans, en plus de notre travail (Valentin était développeur sur mobile et Morgan travaillait dans l’immobilier, NDLR). Mais un accident grave m’en a éloigné et Valentin a préféré arrêter. Cette pause a duré 2 ans, période durant laquelle le projet global « Objet connecté » a commencé. Valentin en avait marre des stations météo vieillissantes et nous nous sommes lancés !

Q : Justement, le pari était risqué, ce n’est pas un objet particulièrement « tendance »…

ML : Mais il y a toujours un public même si l’actu est pauvre sur ce secteur. Il y a des gens qui sont intéressés par la météo mais il faut des prix attractifs. C’est ce que nous avons visé dès le début. Cela nous a permis de vulgariser le produit et d’avoir un positionnement en cassure avec le marché qui proposait des gros appareils avec des écrans. De plus, dès le début également, nous voulions ajouter des fonctions supplémentaires avec des capteurs de température mais aussi d’hygrométrie. Ce n’est donc plus vraiment une station météo mais un cube connecté, ce qui est plus raccord avec les possibilités qu’offre Hector. Nous avons d’ailleurs revu notre communication en ce sens car nous avons un public plus large que les simples stations météo. Avec nos 3 capteurs intégrés, Hector peut aussi servir dans un frigo, une cave à vin, un terrarium, une chambre de bébé, etc.

HectorQ : Pourquoi avoir choisi ce nom ?

ML : Nous l’avons toujours appelé ainsi : cela se retient bien. L’idée du prénom, c’est pour humaniser le produit : on emmène Hector ici, là… Nous développons d’ailleurs toute une gamme qui aura en dénomination de vieux prénoms. Cela nous plaît !

Q : Comment êtes-vous passés de l’idée au concret ?

ML : Nous avions besoin d’une réalité économique rapide car nous avions quitté nos métiers respectifs. Hector a demandé beaucoup de travail mais reste un produit « simple ». Certains commencent par développer des projets compliqués puis simplifient, nous, nous avons choisi l’approche inverse. Valentin avait la chance de travailler à côté d’une société d’électronique que nous avons sollicitée. Un prototype a été fait et ensuite tout est allé très vite avec le prix de la cité des objets connectés, à Angers. Des ingénieurs nous ont alors aidé et nous avons passé un cap dans la professionnalisation et l’industrialisation avec déjà l’idée d’une évolution possible, de la gamme comme des accessoires. Nous nous sommes alors appuyés sur des contacts externes à la cité que nous avons pu choisir. Nous marchons beaucoup à l’affect et nous ne nous sommes plantés qu’une fois, sur le premier prestataire.

Q : Vous évoquez la cité des Objets connectés d’Angers. Ce n’est certes pas loin de Nantes mais comment cela s’est-il passé ?

ML : Nous avons eu la chance d’en entendre parler par un ami. Il y avait un concours d’entrée et nous avons été sélectionnés pour l’inauguration. Nous y avons rencontré des gens bien plus matures que nous et bienveillants. Ils ont apprécié Hector tout en soulignant rapidement les difficultés d’industrialisation qui nous attendaient. Et comme ce « Hub », en quelque sorte, intègre de nombreux professionnels et compétences, nous avons pu nous appuyer dessus pour choisir nos prestataires.

Q : Hector est donc 100% français ?

ML : 100% made in Ouest : la carte électronique est faite à Angers, le « casing » (le boîtier) et l’assemblage à Challans et le packaging à Vigneux-de-Bretagne ! Notre maitre-mot est de valoriser les compétences locales. D’ailleurs, nous avons été surpris que cela ne plaise pas forcément.

Q : Comment ça ?

ML : Nous avions eu de bons retours de geeks lors de notre levée de fonds sur Kickstarter sur ce point. Mais certains pensent qu’il est possible de faire pareil avec un Raspberry Pi et ne voient donc plus cela. Ils ne voient pas non plus toutes les dimensions car lorsque l’on industrialise un produit, il y a des normes et règlementations auxquelles on ne peut échapper et qui coûtent. Sans oublier le travail sur le design, les applications mobiles à maintenir…

L'équipe de Captiv avec, à droite, Morgan Lavaux.

L’équipe de Captiv avec, à droite, Morgan Lavaux.

Q : Revenons sur Hector, comment vous sont-venues les idées des fonctions supplémentaires qui en font plus qu’une station météo ?

ML : C’est à force de discussion avec nos contacts dans la restauration et autres. Par exemple, deux groupes d’assurance nous ont contactés via une structure pour nous demander une extension spécifique, un humidimètre. Il y a un connecteur sur Hector qui permet de développer ce genre de choses. Et nous avons en plus l’agilité et la rapidité d’exécution d’une start-up.

Q : Hector n’a-t-il pas à craindre la concurrence des smartphones qui intègrent, eux aussi, de plus en plus de fonctions ?

ML : Non, plus il a y de monde, mieux c’est ! La concurrence fait évoluer. Vis-à-vis du grand public, le marché est croissant mais cela ne fait pas de gros volumes. Mais les professionnels ont besoin d’outils fonctionnels et Hector passe bien. Cela nous a d’ailleurs surpris.

Q : Hector se signale également par son design. C’est aussi l’un de ses points forts, non ?

ML : Il est petit et sobre et cela plaît. Mais il y a aussi des critiques. Et j’avoue que nous retenons surtout cela car elles nous nourrissent. Sur les 6000 premiers acheteurs, 15 n’étaient pas complètement satisfaits et c’est ce qui nous est resté. Nous sommes des éternels insatisfaits !

Q : Vous avez un autre projet en cours, mistergaspard. Hector peut maintenant voler de ses propres ailes ?

ML : Nous avons beaucoup d’idées et nous notons tout. Ensuite, on priorise. Nous avons attendu qu’Hector soit commercialisé pour travailler sur Gaspard. Nous nous sommes structurés et nous pouvons développer les 2 projets.

Q : Et après ?

ML : Il y a un 3e projet dans le tube. Nous voulions le faire plus tôt mais c’est techniquement compliqué. Dans le monde des objets connectés, il y a beaucoup d’effets d’annonce mais pas chez nous. Je préfère que cela fonctionne avant, raison pour laquelle nous sommes discrets sur Gaspard.

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