Navigateurs web : la prime à l’innovation

Ce n’est pas un scoop : comme dans d’autres domaines, l’informatique connait des cycles. Certains logiciels-stars disparaissent et d’autres laissent loin derrière leurs concurrents. C’est le cas pour les navigateurs Internet. Les statistiques mondiales de Statcounter confirment l’hégémonie de Chrome avec 63,72 % en septembre 2019. Firefox fait moins bien dans l’hexagone avec 4,45 %. Au niveau mondial, Edge est aussi poussif à presque 2,5 %. Principale leçon à retenir : quand on dort sur ses lauriers, le réveil est souvent douloureux.

Les monopoles ne résistent pas (toujours) à l’usure du temps.
L’histoire des navigateurs a été agitée comme le montre cette excellente illustration. Remontons en avril 2002. Selon OneStat, Internet Explorer avait 44.7 % de part de marché, IE 5.5 en comptait encore 25.6 % et la version 5.0 avait un quart. En troisième position, il y avait Netscape Navigator 4.0 avec…1.6 %. En cinquième position, on trouvait IE 4.0 (1.3 %), Netscape Navigator 3.0 se trainait à 0.5 % et Opera 6.0 le talonnait à 0.4 % !

La première version a été livrée le 16 août 1995. Mais il s’agissait essentiellement d’une nouvelle version d’un produit existant appelé Spyglass Mosaic dont Microsoft avait obtenu une licence. À l’époque, il n’était pas rare de payer pour un navigateur Web, car il était considéré comme un logiciel haut de gamme…
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Avec un tel monopole, la firme de Redmond se contentait du minimum et ne faisait pas beaucoup évoluer les fonctionnalités de son produit. On connait la suite : Microsoft s’est endormi sur ses lauriers et a laissé le champ libre à Google avec Chrome.

Selon les statistiques fournies par Statcounter pour la France, IE plafonne maintenant à 3,44 % en France tandis que Edge n’atteint pas les 3 %. On aurait pu penser que Edge, préinstallé dans Windows 10, aurait permis à Microsoft de reprendre du poil de la bête.
Même si Microsoft s’est associé à Google pour lancer une nouvelle version d’Edge basée sur Chromium (le moteur utilisé par Chrome), la mayonnaise a toujours du mal à prendre.

Selon les statistiques fournies par Statcounter pour la France, Chrome est très loin devant avec presque 58 % de part de marché en septembre 2019. Le second est Safari avec un peu plus de 19 % tandis que Firefox frôle les 10 %.

Chrome : le leader incontesté

Il reste incontournable. Multiplateforme, stable, affichant une ergonomie dépouillée, mais efficace, ce navigateur a tout pour plaire. Comme Firefox, il prend désormais en charge les connexions sans mot de passe via WebAuthn.

Google ne cesse d’intégrer de nouvelles fonctionnalités. La prochaine en lice sera certainement la fonction Appel. Depuis son smartphone, il sera possible de composer des numéros de téléphone en cliquant simplement sur leurs hyperliens. Découverte par le site Android Police, cette fonctionnalité est actuellement disponible dans Chrome Beta 78.

Chrome a aussi une large gamme d’extensions faciles à installer, même si l’offre de Firefox reste plus diversifiée et riche.

Cependant, Chrome n’est pas sans inconvénient. C’est l’un des navigateurs les plus lourds en termes d’utilisation des ressources. Pas vraiment recommandé sur des machines avec peu de RAM. Mais le principal reproche est la récupération de nombreuses données personnelles par Google…

Firefox : le surdoué

Le projet Mozilla a été créé en 1998 (la Fondation n’étant créée qu’en 2003) avec la libération du code source du navigateur Netscape qui avait jeté l’éponge face à Microsoft. Une cinquantaine d’ingénieurs de Netscape avaient décidé de continuer l’aventure en le faisant évoluer. Mozilla 1.0, la première version majeure fut publiée en 2002.

Firefox a toujours été connu pour sa flexibilité et sa prise en charge de très (trop) nombreuses extensions. Mais ces dernières années, il avait commencé à prendre du retard face à la concurrence en termes de vitesse. Firefox Quantum, lancé l’an dernier, avait représenté une refonte totale de la base de code du navigateur, avec des vitesses désormais comparables à celles de Google Chrome. Sauf que le nouveau Firefox n’accapare pas toute la RAM, même avec de nombreux onglets ouverts.

Mais c’est surtout en matière de confidentialité des données et de blocage des trackers publicitaires que Mozilla marque sa différence avec Google. En octobre 2019, l’agence allemande de cybersécurité a même recommandé Firefox. Précisons que c’est Firefox 68 (ESR) qui a été audité, en même temps que Google Chrome 76, Microsoft Internet Explorer 11 et Microsoft Edge 44.

Par défaut, le niveau de protection de Firefox est réglé sur « standard ». Vous pouvez opter pour des réglages plus « durs ». En contrepartie, la navigation sur certains sites ne sera pas optimisée.

Opera : l’éternel challenger ou le Poulidor des navigateurs

La fonction AdBlock d’OPera

Quand on évoque Opera, on est souvent frustré. Il se lance rapidement et son interface reste toujours aussi soignée. Opera innove toujours. Sa dernière version est désormais dotée de fonctionnalités intéressantes, notamment un bloqueur de trackers, des performances améliorées et un VPN gratuit et illimité. Et il plafonne à 1 %.

Pour ceux qui n’ont pas beaucoup de débit, Opera reste la référence avec sa fonction Opera Turbo. Dans le même genre, il dispose d’un mode d’économie de batterie qui promet de faire fonctionner votre ordinateur portable plus longtemps.

Les champions de la confidentialité

Les navigateurs tels que Chrome, Edge et Safari sont curieux. Ils collectent des données utilisateur : historique de navigation, informations d’identification, cookies, informations de remplissage automatique… Pas vraiment l’idéal pour protéger sa vie privée et ne pas être ciblé par des régies publicitaires. D’où l’apparition de plusieurs navigateurs mettant en avant leur respect de la vie privée des internautes.

C’est le cas de Brave qui bloque toutes les publicités sur toutes les pages Web par défaut. Ce navigateur a été développé notamment par Eich après son éviction de Mozilla en 2014 (suite à un don soutenant une initiative californienne visant à interdire les mariages homosexuels). La première version du navigateur a été lancée en 2016.

Mais si vous souhaitez être encore plus discret (être vraiment anonyme dans la vie numérique nécessitant toute une série de mesures plus ou moins contraignantes), vous pouvez utiliser Tor Browser. Basé sur Firefox, il possède des fonctions de sécurité supplémentaires :

• Intégration des plugins HTTPS Everywhere et NoScript (tous les scripts sont désactivés par défaut) ;
• Blocage d’autres plugins tels que Flash, RealPlayer et QuickTime ;
• Utilisation de Disconnect.me comme moteur de recherche par défaut…

Autre alternative, Firefox Focus pour Android et iOS. Il empêche le suivi et bloque des publicités. Toutes les navigations sont effectivement effectuées en mode privé, de sorte qu’aucun enregistrement de navigation n’est stocké localement.

Terminons par Epic Browser qui est apparu en 2013. C’est l’un des navigateurs Chromium les plus sécurisés du moment. Il bloque les annonces, les trackers, les empreintes digitales, le cryptomining, la signalisation ultrasonore… Ses développeurs affirment qu’il peut bloquer plus de 600 différentes techniques de suivi. Il intègre aussi un service VPN gratuit avec des serveurs dans 8 pays.

 

Mode privé, mais pas si privé
Contrairement à une idée trop largement répandue, ce mode n’assure pas la confidentialité de votre navigation :
• Les sites peuvent voir votre adresse Internet (IP) unique ;
• Ils ne peuvent pas vous suivre à l’aide de cookies, mais avec d’autres méthodes ; • Votre FAI peut voir tous les sites que vous visitez ;
• Les fichiers téléchargés et les signets créés en mode privé sont enregistrés.

Seul conseil, utilisez un VPN. Attention, ils ne sont pas tous sécurisés et certains récupèrent vos données… Et histoire de vous rendre un peu plus parano, les principaux éditeurs et fournisseurs de VPN (Virtual private network ou réseaux privés privés virtuels) appartiennent secrètement à des entreprises chinoises (source : étude VPNpro).