Processeurs Intel Rocket Lake : retard à l’allumage

Les nouveaux CPU d’Intel ciblent le gamer et tentent de rattraper le Ryzen 5000 d’AMD. Les premiers tests de cette 11e génération sont tombés et révèlent que le défi n’est pas vraiment relevé. Et comme on le supposait, Rocket Lake, surtout la version Core i9, brûle un gros paquet de calories.

C’est le 18 mars dernier qu’Intel a levé officiellement le voile sur les caractéristiques techniques de Rocket Lake, le nom de code désignant la 11e génération de la famille des processeurs Core à destination des desktops PC. Ne feignons pas la surprise : la réalité est conforme aux diverses informations communiquées par Intel quelques mois plus tôt, avec des éclaircissements et des détails en supplément.

Schématiquement, Rocket Lake hérite de la micro-architecture Sunny Cove réservée jusqu’alors à Ice Lake, dont les notebooks ont l’exclusivité. La finesse de gravure n’évolue pas cependant. Rocket Lake reste « coincé » à 14 nanomètres (nm), comme la génération Comet Lake sortie il y a un an, contre 10 nm pour Ice Lake.

Blocage à 14 nanomètres

C’était attendu : Intel est toujours affecté par des difficultés de production. L’écart technologique avec le rival AMD, dans le domaine de l’ingénierie tout au moins, ne sera pas comblé de sitôt. Le procédé à 7 nm ne devrait arriver qu’en 2023, en même temps que la génération Meteor Lake.

Voici les dix processeurs Core i7 et i9 de la famille Rocket Lake, avec leurs déclinaisons : K signifie des possibilités d’overclocking, F indique l’absence du circuit graphique intégré (une version qui sera privilégiée par le gamer), T désigne les CPU à très basse consommation (enveloppe thermique de 35 watts).

Une micro-architecture Sunny Cove gravée à 14 nm : voici donc, en résumé, les fondements de la micro-architecture Cypress Cove, qui promet une hausse de 19% des instructions traitées par cycle (IPC), comparativement à Comet Lake. En revanche, on ne dénombre plus que huit cœurs au maximum pour les Core i9 et i7 (six pour les Core i5), alors que Comet Lake peut en compter jusqu’à 10.

En contrepartie, sur la plupart des Core i9, la technique Thermal Velocity Boost permet de gagner quelques dixièmes de gigahertz et d’obtenir une fréquence maximale de 5,3 GHz, sur deux cœurs au maximum. Au-delà, l’Adaptative Boost Technology vient en renfort et ressemble à un mode Turbo activé sur tous les cœurs, qui peuvent alors atteindre 5,1 GHz. A condition que le système de refroidissement et l’alimentation soient suffisamment performants…

Autres nouveautés à signaler : l’intégration du circuit graphique Xe, issu de l’architecture Tiger Lake dédiée aux notebooks, et d’un contrôleur-mémoire plus rapide, gérant la DDR4-3200. Rocket Lake est également le premier CPU Intel pour PC de bureau à prendre en charge directement le PCI 4.0, sur 20 lignes en l’occurrence.

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De nouveaux chipsets de la série 500 accompagnent le lancement de Rocket Lake : B560, H510, H570 et Z590 pour les configurations les plus haut de gamme. Ces chipsets sont compatibles avec Thunderbolt 4, le Wifi 6E ou encore l’USB 3.2 Gen2x20 Gbits.

Rocket Lake s’insérant toujours dans le socket LGA1200 introduit par Comet Lake, il fonctionne avec les chipsets de la série 400, pour les gamers qui envisagent un upgrade.

Ce qui tombe bien, puisque les gamers sont visiblement le public ciblé par Intel. Il est vrai que sur ce segment de marché, ô combien lucratif, le leadership de la firme au logo bleu s’érode, sous la pression de l’excellent Ryzen 5000 de la firme au logo rouge, à savoir AMD.

Moins de cœurs, mais un contrôleur mémoire plus performant et la compatibilité PCIe 4.0… Voici quelques-uns des compromis de la micro-architecture Cypress Cove, transposition en 14 nm de Sunny Cove.

Intel réussit-elle cette opération de séduction ? D’après les premiers tests publiés ce 30 mars qui se joignent au lancement officiel de ces nouveaux processeurs, le résultat est… mitigé.

Et pour le gaming ?

Selon certaines sources (voir le test de techpowerup), le plus puissant des CPU Rocket Lake, à savoir le Core i9-11900K (8 coeurs, 3,5 GHz et 5,3 GHz en pointe), n’est pas plus rapide dans le registre vidéoludique que le Core i9-10900, son équivalent Comet Lake. Il est même devancé par les CPU Ryzen 9 5900 et Ryzen 9 5950X d’AMD.

Selon d’autres évaluations et jeux testés, les écarts sont plus resserrés, mais restent assez souvent à l’avantage d’AMD même. Il est difficile de se faire une idée précise, donc. Il semble, et on n’en espérait pas moins, que Rocket Lake fasse un peu mieux que Comet Lake dans le gaming, grâce au gain d’IPC et à la montée en fréquence.

Dans d’autres applications moins ludiques, comme la compression de données ou le montage vidéo, Rocket Lake fait moins bien que Comet Lake sauf en monothread. La perte de deux cœurs se ressent… Dans tous les cas, le Ryzen 5000 d’AMD tient largement la dragée haute au nouveau bébé d’Intel.

Un CPU hautement calorifère !

La consommation électrique et le dégagement calorique, en revanche, ne prêtent pas à discussion, comme on le pressentait. Une configuration Rocket Lake Core i9 en pleine charge peut pomper plus de 350 watts, consommation mesurée à la prise.

Le système de refroidissement est alors mis à rude épreuve pour maintenir le CPU sous les 80°C. Il n’y a pas de secret : le procédé de gravure à 14 nm montre ses limites en matière d’efficacité énergétique quand la fréquence grimpe à ce point. Intel a optimisé à l’extrême cette micro-architecture et n’ira pas au-delà.

En conclusion, il apparaît que le Core i5-11600K soit un bonne alternative à un Ryzen 5 5600X pour une configuration de moyenne gamme. Les Core i7 et Core i9 un peu moins, comparé aux CPU équivalents de la maison d’en face. Le prix et la disponibilité, deux facteurs qui s’influencent l’un l’autre, vont bien sûr jouer aussi dans le choix du gamer.

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