Steam et Epic Games : zizanie dans le Métro

Vous avez été nombreux à réagir à notre article sur le sursaut d’Epic. Beaucoup estiment Steam (à voix haute c’est encore plus drôle) invulnérable, il n’en est pas loin. Ce n’est pas pour autant qu’un sérieux concurrent ne peut émerger. La preuve, Valve s’est enfin décidé à communiquer pour bien se différencier.

Notre article sur Epic a soulevé pas mal de questions, d’avis constructifs, mais aussi de craintes. Écartons les commentaires du style « Fortnite c’est pour les noobs », « Epic, va cr— » et autres saillies poétiques pour répondre en quelques lignes à un futur possible de l’industrie vidéoludique.

Epic ne va pas écraser Steam, un empire n’en chasse pas forcément un autre. Ils vont s’observer, se jauger et le consommateur en sort déjà gagnant avec sa vingtaine de jeux gratuits. Votre ludothèque n’est pas non plus menacée, Steam n’est pas près de fermer les valves et mettre les voiles.

Epic est en revanche le premier concurrent valable car uPlay, Origin et consorts ne visent pas une offre globale de plusieurs éditeurs. GOG n’est pas non plus une réelle menace, puisque le cœur de cible reste les vieux jeux et l’indé. En somme, Steam va très bien, et Epic ne fait qu’amener sur un plateau d’argent ce qui semble en effrayer quelques-uns : le choix. Valve l’a bien compris et gonfle le torse en dévoilant quelques chiffres.

Epic et UbiSoft ont annoncé une collaboration au long cours. Évidemment, il est toujours possible de privilégier Uplay si l’on reste réfractaire à Epic.

Steam relève les compteurs

Pas moins de 47 millions d’utilisateurs visitent chaque jour le marché d’applications de Valve. L’éditeur revendique 90 millions d’utilisateurs actifs par mois, soit presque autant que de PlayStation 4 vendues dans le monde (91.6 millions). Certes, cette dernière information n’a pas d’intérêt dans le match qui oppose Valve à Epic, mais elle a le mérite de conforter les trolls qui voient dans le PC une sorte d’anneau unique pour les gouverner tous. Et dire qu’ils passent à côté de God of War, Lost Horizon, Shadow of the Colossus… Mais revenons à nos moutons.

Durant les pics d’audience, 18.5 millions de joueurs parcourent en simultané la plateforme. Évidemment, nous ne savons pas si tout ce beau monde s’adonne à des jeux, peut-être que Steam est simplement lancé au démarrage de leurs machines, mais peu importe, les chiffres sont là et Valve montre qu’il domine le game avec la nuance courtoise d’un rappeur dans un aéroport.

Ce n’est pas tout, le géant américain évoque ses projets pour l’année à venir. Il vante la qualité de son réseau étendu dans plus de 229 pays, son débit de 12 Tbit/s et les 15 milliards de giga-octets envoyés aux joueurs en 2018 sans sourciller, et précise que ces chiffres seront revus à la hausse cette année. De plus, Valve compte améliorer son moteur de recommandation, développer une application mobile pour tchatter, mettre en place une Stream TV, et enfin s’ouvrir à la Chine après s’être déjà bien étendu en Asie. Alors, C’EST QUI LE PATRON ?

Le cumul des marchés d’applications peut être gênant si vous les lancez tous au démarrage, sinon ils ne sont qu’une passerelle à ouvrir uniquement lorsque vous accédez à vos jeux.

Le dernier Métro

Certes, Epic pourrait rétorquer que Fortnite comptait à lui seul 78 millions de joueurs actifs en milieu d’année 2018, mais l’argument d’un jeu star dans un monde où les tendances vont vite ne suffit pas. En plus des milliards mis sur la table, de tous les jeux offerts aux utilisateurs, Epic se paie donc des exclusivités.

L’Annonce de The Division 2 seulement disponible sur leur store (en plus de celui d’UbiSoft) a déjà fait forte (et mauvaise) impression. Cette licence est capable de fédérer une communauté et d’amener un nouveau public, sinon inviter ceux qui ont installé l’Epic Store en 2019 pour profiter des jeux gratuits à tenter un premier achat. Et puis Ubi s’assure une mise en avant de première ; une tête de gondole alors que Steam aurait proposé le rayonnage du fond pendant quelques heures seulement… Une autre annonce a fait l’effet d’une bombe.

L’exclusivité de Metro : Exodus vire au feuilleton avec une communauté exaspérée, des développeurs qui manifestent leur mécontentement et un distributeur qui temporise.

Alors que le jeu était déjà en précommande sur Steam, Deep Silver a aussi annoncé qu’Epic aurait une exclusivité d’un an sur Metro : Exodus (voir notre test). Évidemment, les personnes ayant fait un achat anticipé accéderont tout de même à leur jeu. Beaucoup crient déjà au boycott, pas forcément pour des raisons valables : on sous-estime toujours le désir de conformisme et la peur de l’inconnu.

Dans les faits, nous sommes au stade où les deux belligérants s’observent en chien de faïence et épient les réactions de la communauté. Les jeunes joueurs de Fortnite, ceux qui n’ont que peu d’attachement à Steam, vont-ils privilégier cette plateforme ? Les anciens les moins bougons sont-ils prêts à faire cohabiter deux marchés en plus de ceux imposés par les éditeurs ? Nous n’avons aucune réponse, mais la bataille s’annonce… épique !