Streaming : stop ou encore ?

La télévision de (grand-)papa, avec ses rendez-vous récurrents qu’on ne voulait rater sous aucun prétexte, est révolue, place à l’immédiateté : je regarde le programme que je veux, quand je veux et où je veux. Résultat, les plateformes de VoD voient leur audience exploser. C’est encore plus flagrant depuis le premier confinement. Mais la pléthore d’offres, aux contenus exclusifs, commence à provoquer exaspération et fatigue…

©Gerd Altmann de Pixabay

Netflix, Amazon Prime, Disney+, OCS, Canal+ Séries… sans oublier Salto, le service de vidéo en streaming de TF1, M6 et France Télévisions disponible depuis le 20 octobre. L’offre en matière de VoD n’a jamais été aussi importante. Difficile de ne pas succomber aux promotions et campagnes marketing des FAI et des plateformes elles-mêmes.

La preuve, au premier trimestre 2020, 46 % des Français étaient abonnés à une plateforme payante de VOD, soit 10 points de plus qu’en 2019. Et la situation est identique à l’étranger. Selon les derniers chiffres du cabinet Digital TV Research, le nombre d’abonnements à des services de streaming vidéo dans le monde pour l’année 2019 a grimpé de 139 millions pour passer à 642 millions, soit une croissance de 28 %. À ce rythme-là, ce même cabinet estime qu’il y en aura 743 millions en 2023.

Sur ce marché en forte croissance, Netflix est loin devant ses concurrents. En France comme à l’étranger. Selon le baromètre du CNC, 44,8 % des foyers français déclarent être abonnés à Netflix, suivi d’Amazon (20,9 %) et de Disney qui entre dans le classement (15,4 %).

Le succès de Netflix doit en faire regretter plus d’un de ne pas avoir racheté cette entreprise lorsqu’elle était spécialisée dans l’envoi par la poste de DVD ! Ironie de l’histoire, Netflix (créé en 1997) avait proposé de se vendre à Blockbuster (9100 magasins) en 2000 pour 50 millions de dollars. Blockbuster avait refusé l’offre. Fin 2017, Blockbuster ne comptait plus que 9 magasins et Netflix valait plus de 40 milliards de dollars. En février 2020, un seul magasin Blockbuster reste ouvert dans l’Oregon. En 2019, le revenu net annuel de Netflix était de 1,9 milliard de dollars, en hausse de 54,1 % d’une année sur l’autre.

Malgré ses bons résultats, Netflix doit composer avec une concurrence de plus en plus rude qui se bat à coup d’exclusivités (comme lui d’ailleurs et Amazon…). Par exemple, Disney + n’a pas hésité à produire quelques films exclusifs et à en faire la promotion, avant même la sortie officielle de son service de streaming.

Normes audio et vidéo haut de gamme pour se différencier.

Apple TV+, CuriosityStream, Disney+, Netflix et Prime Video prennent tous en charge le streaming 4K. D’autres services atteignent un maximum de 1080 p pour les films, notamment Filmatique, HBO Max et Hulu.

Certains services, tels que Apple TV+, Disney+, Netflix et Prime Video, prennent en charge la diffusion en continu HDR (soit HDR10 ou Dolby Vision). La prise en charge des 5.1 Surround, Dolby Atmos ou Dolby Digital Plus est plus courante.

Revers de la médaille, ces plateformes sont la bête noire des opérateurs, car ils accaparent de plus en plus de bande passante.
Aussitôt, certains affirment que l’Internet est saturé oubliant vite qu’il n’y a pas un réseau, mais des réseaux composant l’Internet…
Netflix n’est pas le seul responsable. Selon Sandvine (une société d’équipement de réseau basée en Californie), YouTube, Netflix et Facebook représentent à eux seuls près de 25 % du débit Internet descendant mondial.

Pour l’ensemble du streaming vidéo, le chiffre se situe à près de 61 %. La visite de pages Internet génère quant à elle environ 13 % du trafic descendant.

Autre sujet à polémique : l’impact l’émission de CO2. Un rapport de juillet 2019 du Shift Project, un groupe de réflexion français, affirmait que ces services sont responsables de plus de 300 millions de tonnes de CO2 en 2018, soit l’équivalent des émissions de la France.

Malheureusement cette étude (reposant sur des chiffres de… 2015) a été ternie par l’interview d’un représentant du Shift Project qui affirmait à tort que « regarder une émission d’une demi-heure entraînerait l’émission de 1,6 kilogramme de dioxyde de carbone, ce qui équivaut à rouler 6.28 kilomètres ».

Selon George Kamiya, analyste spécialisé dans l’énergie et le numérique à l’Agence internationale de l’énergie (International Energy Agency en anglais, ou IEA), l’étude du Shift Project surestime le débit binaire, c’est-à-dire la quantité de données transférées chaque seconde pendant la diffusion en continu, en supposant apparemment un chiffre de 24 mégabits par seconde (Mbps), ce qui équivaut à 10,8 gigabytes (Go) par heure.

Ce chiffre est six fois plus élevé que le débit binaire moyen mondial de Netflix en 2019 (environ 4,1 Mbps ou 1,9 Go/h, hors réseaux cellulaires) et plus de trois fois supérieur au taux de transfert de la haute définition (HD, 3 Go/h).

Deuxièmement, l’analyse du Shift Project surestime de 7 à 18 fois l’intensité énergétique des datacenters et des réseaux de diffusion de contenu (CDN) si l’on se réfère à différentes études parues en 2019, notamment celle de l’IEA.

Reste le troisième point de réflexion : la pléthore d’offres commence aussi à attendre une limite. Au total, il existe plus de 300 services de VoD aux États-Unis. Aujourd’hui, le consommateur américain moyen est abonné à trois services de streaming vidéo ; 43 % sont abonnés à la fois à la télévision payante et aux services de streaming, selon une étude du cabinet Deloitte parue il y a quelques mois.

Résultat, près de la moitié des consommateurs américains se disent frustrés par le nombre croissant d’abonnements et de services nécessaires pour regarder ce qu’ils veulent. 48 % disent que le contenu est difficile à trouver parmi de multiples services. Et 49 % renoncent à chercher du contenu s’ils ne peuvent pas le trouver en quelques minutes. Autre constat : 57 % des personnes interrogées se disent frustrées lorsque des contenus disparaissent parce que les droits de leurs émissions de télévision ou de leurs films préférés ont expiré.

« Les consommateurs veulent avoir le choix, mais seulement jusqu’à un certain point. Nous entrons peut-être dans une période de “fatigue des abonnements” », a déclaré Kevin Westcott, vice-président de Deloitte et responsable des télécommunications, des médias et du divertissement aux États-Unis.

AVOD, TVOD et SVOD… kézako ?
AVOD Avec « l’Aadvertising video on demand », les utilisateurs ont un accès gratuit au contenu, à condition que les publicités soient affichées. Ce type de service rencontre un très grand succès en Chine. YouTube en est un parfait exemple.

SVOD Le « Subscription Video on Demand » est le type de service de VOD le plus courant à l’heure actuelle. Il permet aux utilisateurs de regarder un contenu de qualité de leur choix, pendant une période donnée. Pour s’abonner, le prix en France varie de 4,99 €/mois à 15,99 €/mois. du marché avec, aujourd’hui, avec plus de 180 millions d’abonnés.

TVOD La « Transactional video on demand » est basée sur le paiement à la séance par les utilisateurs pour diffuser et accéder à un contenu spécifique non disponible ailleurs. Ce modèle de paiement à la séance est proposé par HBO pour des matchs de boxe ou des concerts.