Test Call of Cthulhu : l’antre de la folie

Encore un Call Of ? Non, car ce n’est pas à l’appel du devoir que vous devez répondre, mais à celui du démon. Sorti la veille d’Halloween et quelques jours après Red Ded Redemption 2, Cyanide fait à la fois un beau clin d’œil et une solide preuve de courage. Alors, frissons ou pas ?

Ce qu’on en pense

Le détective privé Edward Pierce vit un choc post-traumatique qu’il noie dans l’alcool. À ses journées vaporeuses, nimbées de désespoir, suivent des nuits déchirantes faites de visions d’horreur. Engagé par le père d’une certaine Sarah Hawkins, il doit enquêter sur l’incendie suspect du manoir qui a emporté les membres de la famille. Dans cette demeure lugubre, la jeune femme peignait des toiles aussi gaies qu’une œuvre d’Otto Dix. Un démon s’exprimerait-il à travers elle ? Pierce va vite découvrir que le rapport bâclé de la police et le silence des habitants de Darkwater cachent un drame où l’occulte se mélange à la folie.

Les animations des personnages parfois très maladroites jurent avec des décors suintants, respectueux de l’atmosphère de Lovecraft.

Cyanide ne se contente pas de nous raconter une intrigue Lovecraftienne, il insuffle un côté RPG avec un personnage dont les capacités évoluent au gré des choix et explorations. Ainsi on se retrouve face à plusieurs options pour résoudre certaines énigmes sans que cela ne change totalement le déroulé de l’histoire. La trame est plaisante à suivre et donne quelques frissons lorsque l’on parcourt des décors sinistres sur un fond musical bien inspiré. Toutefois le jeu perd de son immersion quand il nous confronte à l’animation trop raide de ses personnages, à leur visage de cire, ou au manque de charisme du héros. Est-ce pour autant un mauvais jeu ? Nous y revenons à la fin de ce papier.

Sur quelle machine ?

Certains lecteurs de peu de foi ont moqué Titine (les vilains) et son Core i5 à 3.0 GHz et sa GeForce 980 ti pour faire tourner Assassin’s Creed Odyssey. Rappelons que nous sommes affiliés à un site de vente, et si ce n’était pas la passion du jeu qui nous guidait, nous vous conseillerions 64 Go de RAM, un Core i7 et deux GeForce RTX 2080 ti montées en SLI. Cette petite mise au point faite, nous n’allons pas faire fortune avec ce Call of Cthulhu dont le moteur, pas toujours bien exploité, nous a permis de caler les graphismes sur « tout à fond » sans que Titine ne montre le moindre signe de faiblesse.

Le jeu n’a jamais chuté sous les 60 images par seconde, comme en témoigne le compteur placé en haut à droite de la capture.

Ce jeu peu gourmand fera donc le bonheur de ceux qui ne souhaitent pas énormément investir dans leur machine. Notre Skillshot basé sur une architecture AMD sera le candidat idéal pour qui aime aussi s’adonner aux jeux indés, aux MOBA ou lancer de vieilles perles dégotées sur GOG. Nous pensons aussi aux joueurs soucieux d’installer un PC en lieu et place d’une console ; ils garniront leur meuble d’un NUC Hades Canyon, presque trop puissant pour ce Call Of Cthulhu, mais aussi capable de faire tourner des titres récents en full HD à 40 images par seconde.

Le retour de la série B ?

Tous les films basés sur l’angoisse et la folie n’ont pas la qualité esthétique et l’ambiance malaisante du génial Winding Refn (Drive, The Neon Demon, etc.). Ça n’en fait pas pour autant des navets. On peut donc se demander si l’on doit juger un jeu sur le plan technique, la jouabilité, la faiblesse par rapport à d’autres titres sans tenir compte simplement des émotions ressenties ?

Le jeu alterne phases d’infiltration, d’enquêtes et dialogues. Pas de jump scare ou de scènes insupportables, mais une ambiance pesante et l’envie d’avoir le fin mot de l’histoire.

Bien sûr, en se saisissant de l’œuvre de Lovecraft, on espérait que Cyanide nous livre un choc visuel et une peur digne d’Hellblade ou Resident Evil 7, oubliant un peu vite que ces hits ne bénéficiaient pas du même budget. Call of Cthulhu est loin de ces productions, mais le studio arrive à nous maintenir dans l’intrigue et cela, paradoxalement, grâce à un défaut : son dirigisme. Ce jeu bien plus narratif que RPG ne nous décourage jamais face à une énigme insoluble ou une phase d’infiltration insurmontable ; il nous étreint et nous accompagne avec plaisir jusqu’à son terme. En somme, une série B sympa à tenter de suite si vous aimez le genre sinon à récupérer lors de prochaines soldes.