Test et config PC Death’s Door : l’oiseau était de bon augure

Edité par Devolver, Death’s Door est un jeu d’exploration/action qui emprunte beaucoup à Zelda – et un peu aux Souls – mais trace sa propre voie, aidé par ses combats incisifs et son excellent level design.

Notre héros-corbac s’apprête à vivre une soirée des plus ordinaires : dès son arrivée au Siège de la Commission des Faucheurs, il se voit confier la banale mission de moissonner une âme – une de plus – et d’envoyer son porteur vers l’au-delà. Car rien ne saurait être éternel en ce bas monde…

Quoi de plus familier pour notre volatile au plumage d’encre, symbole du passeur d’âmes dans certaines mythologies ? Il franchit la porte conduisant vers le Bosquet des Esprits, une mini-zone qui enseigne au joueur des rudiments de gameplay. Là, sa cible l’attend. La victoire est facile mais le triomphe amer : le vétéran Corbeau Gris fait irruption, assomme son congénère et s’empare de la grande âme convoitée.

Cet ancien Faucheur expliquera son geste un peu plus tard et notre prochain objectif par la même occasion : collecter les grandes âmes d’une vieille sorcière, d’un roi-crapaud et d’un bête immémoriale – qui ont refusé leur date d’expiration – afin de déverrouiller la Porte de la Mort qui se dresse devant nous. Pas de spoil : tout ceci n’est que le prélude d’une aventure qui dure une bonne douzaine d’heures.

Style de haut vol

Publié par Devolver Digital et développé par Acid Nerve, petit studio mancunien remarqué en 2015 pour Titan Souls, Death’s Door est un jeu d’action-exploration qui se démarque par son style graphique. La tonalité grisâtre et lugubre de la Salle des Portes, qui sert de hub central tout au long du jeu, contraste avec les ambiances plus colorées des mondes visités par notre Faucheur.

Darwin, gardien du coffre, bonifie les âmes gagnées au combat en améliorations concernant la puissance et la portée des armes, la dextérité du corbeau, son agilité et l’intensité de sa magie.

S’ajoutent des thèmes musicaux agréables – le ramage se rapporte donc au plumage – et des effets visuels élégants. En témoignent les affrontements contre les boss et les mini-boss, qui ne possèdent pas de barre de vie : c’est leur enveloppe corporelle qui se lézarde progressivement de rouge, signifiant que leur fin approche.

Parfois – et même assez souvent quand le « skill » est défaillant – c’est notre face-de-bec qui trépasse. L’occasion de faire remarquer que Death’s Door n’est pas un « rogue » : les âmes et les améliorations sont conservées à chaque tentative ratée. Nul besoin de tout recommencer à zéro (Hades…), voire de crapahuter dans le niveau entier pour remettre la main sur son butin (Dark Souls…).

On traverse fréquemment de mini-arènes de combat où se succèdent des vagues d’adversaires : mages, créatures, colosses en armure… Le pot, en bas à gauche, permet de planter une graine de vie et de restaurer sa vitalité.

A cette direction artistique fort plaisante s’ajoute un système de combat précis, mêlant roulades pour esquiver, attaques de mêlée et attaques magiques à distance. L’arsenal de départ, qui contient une épée et un arc, s’étoffera par la suite, donnant même l’opportunité de manier… un parapluie.

L’oiseau doit faire son nid

Chaque arme dispose de caractéristiques propres – portée, puissance, nombre de coups et vitesse d’enchaînement – qu’il faudra apprendre à maîtriser. L’épée, c’est trois coups rapides avant de pouvoir recommencer dans la seconde, et la frappe de trop peut être fatale.

Les attaques magiques à distance – flèches, boules de feu… – sont pratiques et puissantes mais leur usage est limité à quatre coups au début. Pour les recharger, on doit aller au contact des ennemis. Une approche maligne qui évite les abus.

À la Taverne du Marin Echoué, le cuistot Jefferson divulgue certaines secrets, si on daigne goûter à sa soupe de calamar.

L’exploration et le level design sont également à saluer. Chaque monde, labyrinthique et non cartographié, recèle ainsi de nombreux secrets et doit être fouillé méthodiquement, occasionnant parfois une rotation temporaire à 90° de la caméra. Mêmes certaines mécaniques sont bien dissimulées. Qui a découvert, du premier coup, que l’exécution d’une attaque plongeante sur une dalle, au sol, ouvre l’accès à un souterrain pour aller quérir des items ?

Reparcourir les lieux, quand on acquiert de nouveaux pouvoirs magiques, est recommandé pour obtenir des paquets d’âmes et des objets. Voire obligatoire, dans le Cimetière Oublié, pour rejoindre les mondes où règnent les trois principaux boss.

Étant donné que notre piaf est incapable de voler (c’eût été trop facile), la progression est facilitée grâce aux raccourcis débloqués : échelles, grilles… Plusieurs passages demandent aussi de résoudre des énigmes en actionnant des interrupteurs ou en utilisant ses pouvoirs magiques, afin enflammer un encensoir par exemple. Aisée au début, l’action se corsera ensuite, sous la pression de lasers tournoyants ou de dalles escamotables.

Le Gardien de la Porte est l’un des premiers petits challenges du jeu. On apprécie son aspect original – une cathédrale mobile – et la mise en scène.

Death’s Door, dans sa structure, s’inspire immanquablement de la saga Zelda. Mais les clins d’oeil à Dark Souls sont nombreux et appuyés : pas de niveau de difficulté, mémorisation de l’architecture des niveaux en l’absence de carte, message « Tu es mort » emplissant l’écran à chaque décès, coffre géant croquant notre corbeau et tirant une langue de pendu…

Quelle configuration PC pour jouer à Death’s Door ?

Sur un plan technique, le jeu est irréprochable. Nous n’avons rencontré aucun bug, hormis la reconnaissance déficiente de notre manette PS4 (un détour par les réglages de Steam et c’était réglé).

L’effet de profondeur de champ est splendide et certaines scènes sont magnifiées par l’éclairage. Les options graphiques permettent de sélectionner plusieurs définitions/framerates et d’activer ou non certains effets : occlusion ambiante, reflets, anti-aliasing…

Voici la configuration recommandée sur Steam :

  • processeur Intel Core i5-4670K ou AMD FX-8350
  • GPU Geforce GTX 1050 ou d’une Radeon RX 580…

Un mini-PC bureautique doté d’un Core i3 avec un circuit graphique intégré comme notre Nucleus, fait l’affaire, même s’il faut sacrifier quelques options graphiques pour gagner en fluidité. Notre ami corbeau n’a rien d’un épouvantail.

Toutefois, comme il serait dommage de ne pas jouer à fond sur ce jeu comme sur tant d’autres, même en restant dans les titres peu gourmands, autant opter pour notre très apprécié PC Rush EVO qui pourra accueillir au besoin une CG par la suite.

Un Zelda-like qui n’a pas vendu son âme

Des hommages bien sentis, et pas de bêtes plagiats : Death’s Door possède sa propre identité, artistique et ludique. Son intrigue met en scène les thématiques de la mort et l’immortalité, sans se prendre trop au sérieux.

On peut lui adresser quelques petites critiques : inventaire qui se peuple d’objets dont on se demande l’utilité (peu de PNJ les réclament), autels donnant des points de vitalité et de mana supplémentaires trop bien planqués, perspective 3D parfois trompeuse quand les ennemis quittent le sol avant de retomber, rejouabilité réduite… Mais, au final, Death’s Door, sans être ultra-inventif et aussi marquant qu’un Dead Cells, un Hades, ou un Hollow Knight (pour ne citer qu’eux), s’impose comme l’une des belles réussites indé de l’année.