Mégapixels, Gigahertz, DPI. Ces termes techniques font souvent mouche auprès du public. En mettant en avant une caractéristique parmi d’autres pour distinguer différents modèles d’un même appareil, ils permettent de les classer facilement et de les comparer. Seul souci, cette comparaison est parfois vaine. L’appareil photo avec le plus grand nombre de mégapixels ne sera pas forcément celui qui déclenchera les plus beaux clichés. Dans la même logique, un nombre plus élevé de DPI sur une souris ne signifie pas une meilleure précision.
Un des points phare du monde de la souris est lié à sa sensibilité. Les constructeurs mettent en avant le nombre de DPI que chaque périphérique est capable de prendre en compte.
Le nombre de DPI (ou PPP pour Point Par Pouce) est le nombre de points que le capteur de votre souris sera à même de détecter lors de son déplacement sur une distance de un pouce. Suivant les caractéristiques techniques annoncées par leurs constructeurs, les souris seraient donc capables de détecter 1000, 4000 ou même plus de 16000 points par pouce.
Cette escalade de quantité de point détectés semble une bonne chose mais elle pose de nombreux problèmes techniques. La logique liée au nombre de DPI est simple : Si une souris ne détecte que 150 DPI, votre curseur n’avancera que de 150 pixels à l’écran pour un mouvement de un pouce. Il faudra donc moitié moins de distance sur votre bureau pour déplacer le curseur de la même façon avec une souris capturant 300 DPI. Avec une souris 1200 DPI, un mouvement de un pouce fera voyager votre curseur sur 1200 pixels et ainsi de suite.
A 16000 DPI, on est donc censé reprendre la métaphore de l’aile de papillon et de l’ouragan. Un geste microscopique aura des répercussions extraordinaires à l’écran. Avec une souris à 4000 DPI, couvrir une diagonale Full HD de 1920 x 1200 pixels horizontalement ne vous demandera qu’un demi-pouce de distance sur votre bureau.
Le public, comme les constructeurs, a tendance à associer les dispositifs ayant les plus hauts DPI comme étant les plus précis et donc les plus fiables. C’est tout simplement mal comprendre le ressort de cette technologie. Un haut niveau de détection de point par pouce ne signifie pas que votre capteur sera plus exact qu’un capteur ayant un plus faible nombre de DPI. Ils effectueront tous deux le même parcours à l’écran mais au lieu de faire un mouvement de quelques millimètres pour le premier, il faudra en faire quelques-uns de plus pour le second.
Trop de DPI tue le DPI
Augmenter le nombre de DPI peut toutefois avoir des effets pervers dans certains cas. L’utilisation d’un système d’interpolation logiciel pour atteindre des chiffres importants comme c’est le cas sur certains modèles gaming d’entrée de gamme fausse les données. Les 10000 ou 16000 DPI annoncés ne sont parfois qu’illusoires résultant d’une mesure plus classique multipliée logiciellement : le pilote du fabricant invente alors des points non réellement détectés par le capteur mais ajoutés à la mesure réelle de la souris. Le pilote dit au curseur de votre système d’exploitation : quand un point est mesuré, au lieu d’avancer d’un seul pixel, il faut en traverser quatre, six ou même huit. On passe ainsi comme par magie de 2000 à 16000 DPI sans investir un seul euro dans le capteur ! Renseignez-vous donc bien sur la nature et les caractéristiques réelles de ce dernier.
Le premier défaut de cette technique est sa rigidité, son manque de souplesse. En inventant des points qui n’existent pas dans des proportions parfois très importantes, la souris ne répond pas à votre mouvement de manière fine mais ne le fait que par paquets de pixels traversés. Un mouvement rond se transforme en une série de mouvements droits et secs, on taille ses déplacements en polygones plutôt qu’en courbes.
Enfin, qui dit grand nombre de points pris en charge, dit grand nombre d’ordres à traiter. Un périphérique USB à des limites de traitement, aller au-delà de ses limites est contre-performant. Heureusement, la plupart des souris de marque ont bien pris en compte cette problématique et leurs pilotes élèvent la fréquence de rafraîchissement de leur port USB à 1000 Hz, soit un traitement toutes les millisecondes. Utilisez donc bien les pilotes de la souris et gare à l’impact sur les performances de votre machine si cette dernière souffre déjà.
Attention toutefois aux modèles bas de gamme qui n’auront pas cette fonctionnalité et dont le dispositif enverra beaucoup d’informations mais qui seront peu analysées par le système.
Le DPI n’est pas le seul élément à prendre en compte.
Le nombre de DPI est une information importante dans l’achat d’une souris. Mais d’autres variables sont également à analyser. En particulier l’ergonomie, la technologie de détection employée, la qualité des composants utilisés ainsi que les pilotes. Se focaliser uniquement sur un nombre de DPI est commode car il permet une comparaison rapide entre plusieurs modèles, mais cela ne doit être qu’un axe de recherche et non pas l’argument final qui décidera votre achat.