Il y a des mythes qui ont la peau dure. Du côté des câbles audio, certains – forcément très cher – seraient capables de sublimer le signal qu’ils transmettent. Inutile pourtant de tomber dans les discours abrutissants de quelques audiophiles gourous pour bien vous équiper.
Lors de sa dernière visite, votre beau-frère (remplacez ici par la personne qui va bien) n’a pas manqué de se moquer de votre installation audio. Vous en êtes pourtant fier de votre ampli, de vos enceintes et de votre lecteur de CD sélectionnés avec soin après avoir épluché pendant des semaines la presse spécialisée. « C’est bien la peine de dépenser autant si c’est pour relier tout ça avec du câble bon marché ! Les câbles, c’est comme le reste, il faut y mettre le prix. Les miens subliment le son. » Les mots de votre beau-frère vous restent dans la gorge… Et s’il avait raison ?
Un câble, qu’il relie l’ampli aux enceintes ou à une source musicale, ne fait que véhiculer un signal électrique, en l’occurrence une tension alternative. Il s’agit d’un dispositif totalement passif.
Les lois de la physique étant plutôt du genre rigoureuses, un câble ne saurait en aucun cas améliorer un signal électrique. Il peut le dégrader ou, au mieux, respecter son intégrité, mais jamais il ne le dopera. Une évidence ? Pas pour tous. Il suffit de vous plonger dans les arguments marketing de nombreux constructeurs très haut de gamme qui n’hésitent pas à vanter leurs câbles vendus parfois plusieurs centaines d’euros le mètre, en soulignant combien le son restitué s’en trouve sublimé…
Les mêmes arguments ineptes sont volontiers repris sur les forums d’audiophiles, voire par la presse spécialisée. L’une des antiennes de ces hifistes ésotériques consiste d’ailleurs à affirmer qu’il faut dépenser environ 10 % du prix de son installation audio dans les câbles.
Nous le répétons une nouvelle fois : choisir un câble de bonne qualité est important pour qui aime le son et la qualité de ce câble engendrera potentiellement une meilleure restitution du son comparé à un modèle de mauvaise qualité.
Tel câble est incontournable parce qu’il offre 3 couches de blindage ? À moins de le faire transiter par l’intérieur de votre four à micro-ondes, un simple blindage est largement suffisant pour éviter les perturbations électromagnétiques. Tel autre promet une conductivité améliorée et une très faible résistance grâce à son cuivre OCHC super pur désoxygéné ? C’est vrai, mais la différence avec un câble standard de quelques mètres se situe plusieurs zéros après la virgule et, de fait, reste inaudible.
Et que dire de ce troisième câble qui promet d’éliminer l’effet de peau (un phénomène de résistance induit par le fait que le courant tend à circuler à la surface du conducteur quand la fréquence augmente) ? Bien malin celui qui, a l’aveugle, pourrait le distinguer d’un modèle lambda. Et cet autre constructeur qui se gargarise de l’épaisseur de la pellicule d’or qui recouvre les fiches de ses câbles ? L’intérêt du métal précieux est d’éviter l’oxydation à laquelle pourrait être soumise une connectique en cuivre si vous ne l’entreteniez pas pendant… des années ! Elle ne sert pas à « améliorer le son ».
Des câbles adaptés à votre installation
Alors, devez-vous pour autant vous jeter sur le câble le moins cher ? Surtout pas.
Vous ne ferez pas une mauvaise affaire en dépensant quelques dizaines d’euros pour relier vos appareils audio. C’est même plutôt en optant pour des câbles bas de gamme que vous risquez de vous exposer à des rendus guère agréables de par les parasites et distorsions que ces fils à la petite semaine peuvent générer.
Sans tomber dans les pièges de certains constructeurs, vous veillerez à choisir des références dotées de connectiques solides, sans jeu, qui ne vous restent pas dans la main lorsque vous souhaitez les débrancher. Y mettre un minimum le prix vous permettra d’acquérir un câble équipé d’un blindage suffisant (en tout cas supérieur à celui des fils électriques que vous utilisiez dans votre chambre quand vous étiez ado). Un prix plus élevé ouvre aussi la porte à des matériaux isolants plus robustes (comme des gaines en tissu tressé). Cela ne changera rien au son, mais rendra le câble plus robuste et, par conséquent, plus pérenne.
Enfin, sans entrer dans des considérations trop théoriques qui feraient appel à des notions de résistance, capacitance et conductance, le diamètre de votre câble ne relève pas du hasard, mais doit être choisi en fonction de la puissance de votre amplicateur Hi-Fi et de la distance le séparant des enceintes : plus elles sont éloignées, plus le diamètre doit être élevé pour éviter les pertes de niveau. Dans les faits, à moins de placer vos enceintes à plusieurs dizaines de mètres de votre matériel, pas besoin de vous ruiner pour acheter du câble de grosse section. Les situations où vous aurez besoin de plus de 4 mm² sont certainement bien rares.
Nous aurions pu développer le même genre d’argumentaire pour les câbles HDMI. Les mêmes raisonnements ésotériques sont tenus sur les forums de passionnés, convaincus qu’un cordon très haut de gamme pourrait modifier le contraste, le piqué ou la colorimétrie de l’image.
De nombreux tests à l’aveugle (on soumet plusieurs fois la même image aux testeurs, en changeant simplement le câble, sans leur dire quel modèle est utilisé) montrent qu’il est impossible de corréler la qualité de l’image au prix du câble. Ne dépensez donc pas une fortune pour ce type de cordons. Prenez soin de choisir un produit solide et bien fini pour le conserver le plus longtemps possible. Voire d’opter pour un câble doté d’un circuit d’amplification intégré s’il doit parcourir une longue distance. Mais si votre câble d’entrée de gamme fait le boulot, vous n’obtiendrez rien de mieux en le remplaçant par une référence dix fois plus chère. Enfin, vous veillerez à choisir une version HDMI qui correspond à vos besoins. Notez toutefois que la norme HDMI 2.0 étant rétrocompatible, nul besoin de changer ses câbles pour en profiter. Un câble « High Speed » de catégorie 2 fera l’affaire sans souci.
Dans un cas comme dans l’autre, la qualité des câbles est fondamentale pour obtenir la meilleure restitution possible. Mais elle ne justifie pas toutes les croyances parfois répandues sur le Web : un bon câble n’améliore pas le son ; un mauvais câble le dégrade.