Mauvaise année pour Intel ? Après AMD qui reprend du poil de la bête, voici maintenant Samsung qui semble prendre une longueur d’avance sur le géant américain. Le Coréen annonce des processeurs gravés en 8 nm. Parallèlement, Microsoft s’apprête à lancer une version ARM de Windows 10. De quoi relancer un marché en petite forme…
Le géant américain vacille. Sans aller jusqu’à l’estocade, les dernières annonces de Samsung et de Microsoft pourraient changer radicalement la donne. Elles pourraient confirmer l’intérêt grandissant pour l’architecture ARM dans l’informatique grand public.
Premièrement, le Coréen a annoncé qu’il était capable de produire des processeurs avec une finesse de gravure de 8 nanomètres (nm) ! La finesse de gravure, donnée parfois trompeuse, est régulièrement mise en avant par les fondeurs.
Histoire d’enfoncer le clou, Samsung a affirmé que cet exploit n’en était pas un. Cette gravure en 8 nm ne serait qu’une simple évolution des procédés existants. Par conséquent, la production pourrait être lancée rapidement et à moindre coût.
Des Windows 10 sous ARM à Noël ?
L’annonce de Samsung intervient quelques mois après que Microsoft et Qualcomm (acteur incontournable dans le domaine des processeurs pour smartphones) aient confirmé leur partenariat à propos d’ordinateurs fonctionnant sous Windows 10 et un processeur Snapdragon 835 en 10 nm à architecture ARM 64 bits. Ce nouvel OS a été compilé nativement pour tourner sous une puce Qualcomm.
Il intégrera une émulation native (X Series) permettant d’exécuter les applications Win32. Les développeurs n’auraient plus besoin de créer de toutes pièces des versions d’applications x86 spécifiques à l’ARM. Lorsqu’une application sera lancée pour la première fois, elle sera « adaptée ».
De quoi effacer des mémoires l’échec de Windows RT, cette version bridée de Windows lancée en 2012 pour les tablettes Surface RT.
Prévus notamment par Asus, HP et Lenovo, les premiers modèles de PC sous Windows 10/ARM pourraient être en vente dès cet hiver. Pour l’instant, le SoC de Qualcomm est seul en lice. Mais d’autres pourraient arriver comme Samsung et MediaTek.
Aussitôt, Intel a riposté en attaquant sur le flanc juridique : toute tentative d’émulation du jeu d’instructions x86 sera poursuivie en justice pour violation de brevets. Histoire de ne pas se fâcher avec le fondeur, Microsoft évoquait fin 2016 des « PC cellulaires » (4G/LTE), tentant de prouver qu’il ne marche pas sur ses plates-bandes.
Mais pour l’instant, Intel n’a pas repris l’avantage d’un point de vue technique. Il a annoncé notamment des SoC 10 nm (ARM) pour smartphones. Selon l’Américain, ses SoC seraient plus performants que ceux de la concurrence : plus de transistors et moins de consommation.
C’est notamment sur le segment des PC portables que la donne pourrait vraiment changer. Le succès des smartphones confirme que les consommateurs veulent des appareils légers, mais puissants et autonomes.
Démonstration de Windows 10 fonctionnant avec un processeur Qualcomm sous une architecture ARM (en anglais)
Une autonomie de 20 h
Trois critères respectés par les futurs PC sous ARM et des machines deux-en-un (PC portables convertibles en tablettes). Côté autonomie, il n’y aurait pas « photo ». Selon Qualcomm, les PC portables sous Windows 10 et basés sur l’architecture ARM offriront jusqu’à 50 % d’autonomie de batterie en plus, soit une moyenne de 20 heures.
Concernant la mobilité, les machines sous ARM, qui démarreraient aussi rapidement qu’un smartphone, disposeraient de la connexion 4G/LTE (via une eSIM, « Embedded SIM ») en plus du Wi-Fi. Les puces ARM étant plus petites, elles chaufferaient moins. On peut légitimement attendre la fin des ventilateurs, de leur bruit et du dégagement d’air chaud. Qui plus est, la conception des PC serait plus simple. À la clé, des prix attractifs, autour de 400 ou 500 € (même si les premiers modèles ne seront certainement pas donnés…).
Seul bémol, les processeurs ARM d’aujourd’hui ne sont pas encore capables d’égaler les performances d’Intel en exécutant des applications professionnelles. Et on ne parle pas encore de gaming. Peu importe, car ce n’est pas le but recherché par Microsoft et Qualcomm.
Ces PC sous Windows 10/ARM concurrenceraient les Chromebooks et autres tablettes puissantes. Mais surtout, ils permettraient aux professionnels et aux particuliers de choisir entre Intel, AMD et maintenant Qualcomm, un acteur avec lequel il faudra compter de plus en plus.
Début novembre, Broadcom (spécialisé notamment dans les puces Wi-Fi et Bluetooth) a en effet proposé 130 milliards de dollars pour le racheter.