Vue de l’intérieur : Eirian, facilitateur agile

Comme vous avez pu le découvrir avec nos portraits, il y a de très nombreux métiers chez Materiel.net. Mais nous ne nous étions pas encore plongés dans un élément central pour tout e-commerçant, le service informatique (le fameux SI). Réparons l’erreur avec Eirian qui, à 39 ans, est passé du poste de développeur à celui de Scrum Master. Une sacrée progression qui l’a emmené des lignes de code à la gestion humaine.

Q : Peux-tu nous expliquer quel est ton rôle chez Materiel.net ?

Eirian : Je suis Scrum Master, un terme qui n’a pas vraiment de traduction. Je suis garant de la méthode dite agile au SI. En résumé, je suis chargé de mettre l’équipe SI dans les meilleures dispositions possibles pour qu’elle s’auto-organise dans un cadre de bienveillance et qu’elle interagisse de manière fluide avec les métiers de l’entreprise concernés par le produit qu’elle développe.

Q : Cela signifie quoi en termes d’actions concrètes ?

Eirian : Il y a un contexte très « carré » dû à la méthode Scrum. Je devrais d’ailleurs plus parler de boîte à outils que de méthode car la méthode agile, c’est surtout s’adapter au contexte. Mais pas n’importe comment.

Les « agilistes » citent souvent le concept Shu Ha Ri issu des arts martiaux. Le Shu consiste à apprendre les règles et à les respecter, le Ha à les appliquer à la lettre et le Ri à les adapter, les transcender. Il faut apprendre à marcher avant de courir ^^

Nous travaillons sous formes de « sprints », de courtes périodes pour avancer les projets par étape. Chaque semaine, nous avons des rituels récurrents, des phases très précises. Par exemple, le lundi matin, nous faisons une réunion sur toutes les fonctionnalités qui peuvent partir en développement.

L’équipe s’engage sur un objectif à atteindre et pas sur une liste de tâches afin de conserver une vision produit forte en cherchant à obtenir un vrai impact sur le produit à la fin de la semaine.
De mon côté, je veille à ce que tout soit visible pour tout le monde en utilisant des post-it, des tableaux, des affiches représentant l’organisation du projet en cours et son avancement.
L’équipe est transparente sur ce qu’elle développe.

Eirian est aussi décorateur pour salles de SI (mais il est moins bon qu’en Scrum Master ^^)

Tous les matins, nous faisons également le point, post-it par post-it. Il y a un meneur qui s’auto-désigne, jamais le même, et anime cette réunion. Chacun s’exprime sur ce qu’il a fait la veille, ce qu’il compte faire aujourd’hui et partage ses points de blocage.

Dans ces moments, j’ai surtout un rôle d’observateur. Je note ces points de blocage et planifie ma journée en priorisant la résolution de ces problèmes pour redonner le plus rapidement possible du confort à l’équipe. Cela peut passer par une communication directe ou même parfois par faire l’intermédiaire avec le métier puisque c’est le point de départ de tous les projets.

Q : C’est donc un travail essentiellement psychologique ?

Eirian : Complètement. Je dois observer et guider sans donner d’ordres.

Q : Comment en es-tu arrivé à exercer ce métier ?

Eirian : J’ai eu une première formation d’ingénieur du son mais sans grand succès. J’ai ensuite refait des études pour passer un BTS en informatique de gestion. Et après deux ans de développement à divers endroits, je suis arrivé en tant que développeur chez Materiel.net en 2010. Mon premier projet fut ainsi l’intégration de Relais colis sur Materiel.net.

Je suis resté trois ans sur ce poste. En 2013, nous avions une personne qui faisait l’interface entre le métier et le SI. Nous n’étions pas en mode agile et ce n’était pas le plus satisfaisant. Deux analystes fonctionnels étaient nécessaires et je me suis proposé. Je voulais chercher le besoin utilisateur plutôt que de continuer à coder – ce que j’adorais – car je voulais que le résultat soit plus optimal.

Tous les matins après son bol de Chocapic, Eirian, répète ses gammes !

J’ai exercé cette fonction pendant trois ans. En tant qu’analyste, il y avait déjà des pans de la méthode agile qui étaient déployés. C’étaient les prémices. Nous avons ensuite décidé d’adopter complètement le mode Scrum et de définir des rôles dont le Scrum Master, poste que j’occupe maintenant. Je me suis formé seul, avec des livres et en rencontrant des professionnels. Ce changement encourage la communication entre les individus, permet la confiance et aussi le doit à l’erreur.

Q : Que préfères-tu dans ton métier ?

Eirian : Parmi les rituels du Scrum, il y a la rétrospective. Le vendredi, après la présentation du produit aux utilisateurs, tout l’équipe du projet échange sous forme de post-its sur ce qu’il s’est passé dans la semaine, le positif comme le négatif.

Mon rôle à cette étape est de m’assurer que chacun soit à l’aise pour s’exprimer et qu’on ressorte avec des actions d’amélioration très précises pour la semaine suivante.

Q : Et ce que tu aimes le moins…

Eirian : (Il réfléchit)… Rien ! (il cherche encore)… Il y a des choses plus dures que d’autres mais rien de négatif.

Q : As-tu une anecdote ou un moment privilégié qui t’a marqué chez Materiel.net ?
Eirian : Lorsque nous avons mécanisé une partie de la logistique… C’est une aventure, un grand souvenir, avec des jours et des nuits mémorables…

Pizza team… Tout un concept !

Q : Quel(s) conseil(s) donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait devenir Scrum Master ?

Eirian : Scrum est une méthode empirique. Il ne faut pas avoir peur d’expérimenter, d’apprendre de ses erreurs, se remettre en question sans culpabiliser. La clé selon moi, c’est d’aimer les gens tout en sachant leur dire non !

Bien sûr, ce sera plus facile avec un bagage technique, pour comprendre les développeurs, mais ce n’est pas le gros du truc.

Q : Comment l’imagines-tu dans le futur ?

Eirian : L’agilité est à la mode, le terme est presque galvaudé d’ailleurs. Il y a pas mal d’éducation à faire dans les entreprises, la preuve, le rôle de coach agile se développe ! C’est un métier d’avenir, quand bien même le nom changerait…