E. Lecance, Doctorante à l’institut de Neurosciences de Marseille : « votre culture geek nous a permis une avancée fabuleuse »

C’est l’histoire d’une anecdote qui va donner naissance à une avancée inédite : en équipant des docteurs en neurosciences, les équipes de Materiel.net et Manatori ont pu échanger avec les scientifiques au sujet des recherches sur la transmission de pensées. Des échanges tellement fructueux qu’une collaboration est née et a abouti à la conception d’un produit révolutionnaire, en cours de finalisation. Emilie Lecance, Doctorante à l’institut de Neurosciences de Marseille nous en dit un peu plus mais pas trop…

Q : Comment vous-est venue l’idée de travailler dans le milieu des neurosciences cognitives ?

EL : J’ai commencé mes études par la psychiatrie mais j’ai rapidement eu envie d’aller plus en profondeur et de pouvoir étudier le fonctionnement cérébral normal. Le côté informatique en imagerie était un plus indéniable, c’est pour cela que j’ai décidé de travailler dans les neurosciences avec l’imagerie comme outil.

Q : Comment qualifierez-vous cette incroyable machine complexe qu’est le cerveau humain ?

EL : C’est une grande question ! Il y a une partie concrète qui est plus ou moins facile à étudier, c’est l’organe lui-même, avec toute la partie biologique. Mais d’un autre côté, il y a toute une partie plus subjective et presque philosophique qui est difficilement accessible aux neurosciences. C’est cette partie que nous avons travaillé avec vos équipes, les progrès sont indéniables mais quoi qu’il en soit, nous n’aurons jamais fini d’étudier le cerveau !

Q : Vous avez mené à bien des études sur la transmission d’idées ou de pensées à distance grâce à l’imagerie médicale. Comment avez-vous pu réaliser le prodige de transmettre des données directement tirées de l’esprit humain par simple contact ?

EL : Beaucoup d’études ont été menées sur l’interface cerveau-machine pendant les dernières décennies, c’est un champ des neurosciences qui s’est grandement développé. Toutes ces recherches nous ont permis d’améliorer l’association de la pensée du sujet de l’expérience et les patterns d’activation de régions spécifiques du cerveau. En d’autres termes, nous sommes arrivés à construire un schéma de correspondance entre l’activation cérébrale et le contenu de la pensée. Je ne peux pas vous donner tous les détails tant que le produit n’est pas officialisé. Mais on peut déjà dire que nous étions tous loin de nous douter que nos milliers d’heures de recherches seraient éclairées par votre culture geek nous permettant une avancée fabuleuse. En même temps, l’imagination est le fruit du cerveau humain…

Q : Il était déjà possible de surveiller l’activité du cerveau humain. Comment avez-vous pu réaliser la prouesse d’améliorer la lecture, de traiter l’information et de transmettre ces données récoltées d’un esprit A vers un esprit B ?

EL : C’est quasiment exactement le même processus mais en sens inverse. Pour mieux comprendre il faut revenir aux techniques bien connues de stimulation cérébrale. Là aussi, beaucoup d’études ont été menées et certaines techniques sont utilisées couramment en médecine. Par exemple on peut modifier l’excitabilité des neurones du cortex dans une région en lien avec une maladie (dépression ou TOC), simplement par stimulation électromagnétique ou électrique. C’est ce qu’on appelle la rTMS (stimulation magnétique transcrânienne) ou la tDCS (stimulation transcrânienne par courant continu), techniques qui ont prouvé une réelle efficacité thérapeutique. On peut donc assez facilement modifier l’activité cérébrale de quelqu’un pour induire une pensée. C’est avec ça que nous avons réalisé le « reverse engineering » dans notre projet.

Q : Dans ce projet, il est question de « Machine Learning ». Est-ce à la machine de s’adapter à la complexité de l’esprit humain ou est-ce l’inverse ?

EL : C’est la machine qui s’adapte. L’apprentissage automatique (Machine Learning) consiste à faire « apprendre » à un ordinateur des capacités qui n’auront pas été préalablement programmées. On a donc eu toute une phase de plusieurs mois pendant laquelle on a rassemblé des données pour que l’ordinateur puisse apprendre à classer ses données. C’est à dire qu’il a appris à associer des patterns d’activation avec des émotions de base, des images simples.

Q : Comment en êtes-vous arrivée à travailler avec les équipes Materiel.net / Manatori autour de cet incroyable projet secret ?

EL : C’est toujours le besoin d’avoir plus de puissance de calcul qui nous a conduit à ce partenariat entre recherche publique et entreprise privée. Comme expliqué dans une des questions précédentes, notre laboratoire était équipé avec des machines venant de Materiel.net (Domisys / Manatori). Nous savions que vous étiez capables de réaliser des machines puissantes, nous sommes alors rentrés en contact pour développer ce colossal partenariat. Mais c’est aussi l’idée un peu folle de rendre cette technologie accessible à tous et d’arriver à construire un objet qui sera commercialisé. J’aimais l’idée d’arriver à un résultat concret, ce n’est pas toujours le cas pour un chercheur ! *rictus*