Si l’on vous dit Blizzard – et que vous ne travaillez pas à Météo France -, vous nous dites ? Et si l’on évoque le meilleur site francophone dédié aux titres de l’éditeur, vous pensez à qui ? JudgeHype bien sûr ! Partenaire historique de materiel.net, JudgeHype est aussi un précurseur des fans sites. Et ce avec succès. Mais il était temps de découvrir un peu plus ce qui se cache derrière. Julien Petroons, co-fondateur, nous en a donné l’opportunité, nous n’allions pas vous en priver !
Q : Beaucoup connaissent JudgeHype, surtout dans notre communauté, mais peux-tu nous en dire plus sur toi et les débuts du site ?
JP : Je m’appelle Julien Petroons, je suis belge et j’ai ouvert mon premier site Web en 1998. Il portait sur le jeu Diablo car je ne trouvais rien d’intéressant dessus en français. Je me suis dit que d’autres devaient chercher aussi. C’était alors les débuts des fans sites sur Internet. Tout a commencé comme ça. Mon frère m’a rejoint et cela a progressé avec de plus en plus de lecteurs. Nous travaillions tous deux avec nos parents en tant que menuisier et nous avons tenté notre chance.
Q : 18 ans après, le site, référence sur tout ce qui concerne Blizzard, est bel et bien toujours là. Comment y parvenez-vous ?
JP : C’est devenu une activité à temps plein en 2005 vu le temps passé. JudgeHype (prononcez « Djeudj’hip ») est l’équivalent des SARL française. Bien sûr au début, nous ne pouvions nous verser des salaires. Le site ne nous coutait pas cher et les publicités et partenariats couvraient les coûts. Aujourd’hui, nous vivons de notre activité depuis plusieurs années. Si cela fonctionne, c’est que l’on fait les choses bien. Et en famille car il y a 3 ans et demi, j’ai engagé ma compagne.
Q : D’où vient le nom du site ?
JP : De mon pseudo sur Diablo. Je jouais un sorcier qui s’appelait Hyperion, lié au soleil dans la mythologie grecque. Dans ma guilde, le stade ultime était « juge ». Cela a donc donné Judge_Hyperion mais c’était trop long sur Battlenet et c’est donc devenu JudgeHype. J’ai ouvert le site avec ce nom.
Q : Pourquoi avoir choisi les jeux Blizzard comme ligne éditoriale ?
JP : Mon frère et moi sommes joueurs PC et nous avons toujours été fans de Blizzard. Nous jouions beaucoup à Diablo 1, puis 2, à World of Warcraft… Cela s’est donc fait naturellement, lui sur la technique, moi sur le rédactionnel. Quand Warcraft 3 est sorti en 2002, nous avions une grosse demande de nos visiteurs pour le couvrir. Moi je n’étais pas fan au début mais j’ai finalement adoré. Nous avons eu des journées bien chargées et petit à petit, le trafic a explosé avec WoW. Nous, nous adorions les MMO et dès la sortie de WoW, nous savions que ça allait cartonner. Pareil avec HearthStone, même si j’étais dubitatif au début. Mais quand Blizzard nous a invités pour le tester, j’ai changé d’avis. En 3 parties, j’ai accroché, le concept est facile d’accès. J’y joue toujours. A chaque fois Blizzard tape dans le mille. Overwatch idem. Cette société travaille bien, avec des jeux finis et la prise en compte de la communauté. Ce sont de vrais passionnés, de vrais joueurs. Après, je ne suis pas fermé pour travailler sur autre chose mais il faut que cela me passionne.
Q : Aviez-vous envisagé un modèle économique ?
JP : Les revenus du site sont basés sur la pub. Pas au début car c’était une aventure. Nous avons développé des idées par rapport à ce que nous aimions. Cela peut d’ailleurs être un point faible car nous ne faisons pas en fonction du potentiel du sujet mais de ce qui pourrait intéresser nos lecteurs. Si nous nous lançons dans un jeu, c’est parti pour 10 ans. On nous a proposé des choses dont nous n’étions pas fans et sans passion, nous ne faisons pas. Et après il faut trouver un équilibre entre l’intérêt du lecteur et le fait de vivre du site, surtout avec AdBlock. Mais je fais quelque chose que j’aime, j’en vis, c’est fantastique !
Q : Combien êtes-vous aujourd’hui à travailler sur le site ?
JP : La société a longtemps été composée de seulement deux personnes. Ma compagne, qui travaillait dans le Marketing chez Renault, nous a rejoint en 2013 et elle fait maintenant plein de choses pour le site, les réseaux sociaux, le côté esport, le rédactionnel… Mon frère, lui, est le seul développeur. Les changements prennent du temps du coup, surtout avec 18 ans d’archives et de base de données !
Q : Comment s’organisent les journées ?
JP : Nous nous voyons une fois par semaine pour le côté technique. Après, chaque matin, il y a la veille car beaucoup de choses se passent la nuit du fait du décalage horaire avec les USA. Nous faisons ensuite la liste des articles à faire dans la journée et c’est parti. Il y a aussi l’aspect animation des réseaux sociaux, les partenaires, la régie et la stratégie à gérer ! Nous publions environ 14 articles par jour, nous passons donc quand même beaucoup de temps à écrire car en plus des articles, il y a les dossiers et tous les autres contenus. Nous avons une chouette communauté qui nous booste et qui est au cœur de nos préoccupations. Nous voulons garder cet esprit sans faire des articles pour les vues.
Q : Nos deux sites sont partenaires depuis maintenant 7 ans. Comment cela s’est-il fait ?
JP : C’est comme pour les jeux, je dois croire aux gens. Vous êtes sérieux et avez un super service client. Quand je conseille un achat, c’est que je ferais de même. Je ne bosserai pas avec certains revendeurs discounters qui sont limite ou des revendeurs de clés de jeux. Ils m’ont demandé, j’ai dit non et ma régie est bien au courant ! Cela limite les rentrées d’argent mais je ne peux pas conseiller un service qui va pénaliser une fraction des lecteurs. Avec Materiel.net, je relayais des promos que j’aimais bien. Puis, pour la sortie de Diablo III, nous avons parlé des PC spéciaux que vous faisiez pour l’occasion. Nous avons essayé un partenariat plus poussé et tout le monde s’y retrouve, nous, vous et les visiteurs.
Q : Les jeux Blizzard ne sont pas les plus gourmands. Du coup, tu suis quand même l’actualité High-Tech ?
JP : Oui, j’aime beaucoup. J’écrivais une rubrique hardware dans ma guilde à l’époque du premier Diablo. Je lis Canard PC Hardware d’ailleurs et d’autres titres car je dois savoir de quoi je parle. Mais il est vrai que Blizzard a toujours fait attention aux configurations nécessaires pour ouvrir ses jeux au plus grand nombre. Mais cela a changé avec Overwatch et les derniers patchs WoW. Pour en profiter pleinement, c’est mieux d’avoir une bonne machine. Personnellement, je travaille et joue sur un PC portable, un Asus ROG que j’ai évidemment acheté chez vous. Il fait tout tourner même si ce n’est pas toujours à fond.
Q : Quels sont les prochains projets pour JudgeHype ?
JP : Nous allons faire une refonte entière qui va sortir en octobre. Il y a 2 ans de boulot dessus. Nous aurions pu le faire avant mais nous avons voulu peaufiner. Le site passera en https, nous changeons d’hébergement, il y aura une formule Premium sans pub…
Q : Enfin, quel(s) conseil(s) donnerais-tu à ceux qui voudraient se lancer dans un site comme JudgeHype ?
JP : J’aurais tendance à dire « priorité aux contenus ». Si c’est bon, les gens reviennent. On ne peut pas être partout entre le site, les réseaux sociaux, YouTube, etc. Il vaut mieux faire moins et bien. Se concentrer. Lors des auditions que nous faisons pour nos émissions TV, certains pensaient d’abord à gagner de l’argent. Ce n’est pas la bonne idée de départ, surtout qu’il y a du monde sur le Web. C’est un vrai métier et on ne compte pas les heures.