Installée dans un boîtier externe et raccordée à un port Thunderbolt 3, une carte graphique peut transformer un portable bureautique en portable « gamer ». Une pratique encore marginale mais qui pourrait se développer et qui convient aux utilisateurs devant jongler entre gaming et mobilité.
Osons un clin d’oeil au film « Le bon, la brute, et le truand » : le monde du PC portable est divisé en deux catégories : d’un côté, il y a le PC portable « gamer », massif, qui a assez de coffre pour faire tourner les jeux actuels les plus exigeants, sans concession sur la fluidité et la qualité de l’image ; de l’autre, il y a tous les autres PC portables ou presque, de plus en plus légers et équipés d’un circuit graphique parfois indigent.
En réalité, la distinction n’est plus aussi claire, en raison de l’apparition de portables à la fois légers et puissants, bénéficiant notamment de la technologie Max-Q. Mais il y a toujours un fond de vérité. Choisir un ultra-portable à vocation bureautique, faute de CPU et de GPU évolutifs, c’est normalement faire une croix sur les Battlefield, The Witcher 3 et compagnie avec une qualité graphique plein pot et une fluidité irréprochable. Sauf que cette situation n’est pas figée : une carte graphique externe, installée dans un boîtier XG Station 2 d’Asus par exemple, peut s’approprier les calculs graphiques les plus intenses et offrir le supplément de puissance requis.
Ainsi le PC portable conserve-t-il tous les atouts de la mobilité – autonomie et légèreté – quand il est utilisé « on the go » ; une fois à la maison et raccordé à la carte graphique externe, il se transforme en machine de jeu.
Une démarche tout à fait valable pour un mini PC, soit dit en passant.
Le principe avait déjà inspiré la commercialisation en 2008 de la XG Station première du nom, qui se raccordait au port ExpressCard, à l’instar de la Notebook Station de MSI annoncée à peu près à la même époque.
Trois ans plus tard, l’ultra-portable Vaio Z de Sony était lui aussi accompagné d’une station d’accueil externe, incluant une carte graphique AMD et un graveur de DVD. D’autres initiatives ont vu le jour de manière éparse, mais le concept de la carte graphique externe n’a jamais pris son essor, du moins pour un usage « gaming ».
Le Thunderbolt 3 est fédérateur
Cependant, plusieurs indices suggèrent que le vent est peut-être en train de tourner. D’une part, le marché du « hardware » pour le jeu vidéo étant porteur, de plus en plus de fabricants dévoilent des solutions accélératrices de ce genre : Asus, donc, mais aussi Alienware il y a deux ans (Graphics Amplifier), Razer (Core), Hewlett-Packard (Omen Accelerator, annoncé cet été) ou encore Zotac.
D’autre part, et c’est ce qui explique ce nouvel engouement, un standard se dégage autour de la connectique Thunderbolt 3 version eGFX (pour External Graphics), au détriment des connectiques propriétaires ne fonctionnant qu’au sein de la même marque (vu chez Alienware notamment). Or, tout marché a besoin de standards pour se développer.
Le Thunderbolt 3 bénéficie d’une connectique USB Type C, réversible (donc pratique,) et surtout d’un débit de 40 Gbits/s. Cette bande passante correspond grosso modo à celle du PCI Express 3.0 4x (c’est-à-dire 4 lignes) et se révèle adaptée pour convoyer le flot de données que s’échangent le PC et la carte graphique externe.
Dans le même temps, AMD (grâce à XConnect) et nVidia ont mis à jour leurs pilotes graphiques Windows 10, qui prennent désormais en charge les spécificités d’une carte graphique externe, comme le branchement/débranchement à chaud du boîtier.
Quelques précautions sont nécessaires cependant. Pour commencer, certaines cartes graphiques très imposantes ne disposeront pas de la place suffisante dans un tel boîtier. Ensuite, la connectique Thunderbolt 3 est jeune et n’équipe que les machines récentes et assez haut de gamme. Par ailleurs, le contrôleur Thunderbolt et le câblage sur la carte mère (2x au lieu de 4x) n’offrent pas toujours des performances optimales.
Côté logiciel, les pilotes graphiques, le BIOS de la carte mère et le système d’exploitation doivent être à mis à jour avant d’identifier puis d’exploiter une carte graphique externe.
Dans l’univers Apple, les cartes graphiques externes (AMD Radeon uniquement pour le moment) sont officiellement prises en charge par le « tout frais, tout neuf » Mac OS High Sierra.
Enfin, et c’est un point très important, le processeur du PC portable (CPU) et celui de la carte graphique externe (GPU) doivent former un couple homogène, de la même manière que s’ils étaient réunis tous deux dans la même machine. Un CPU Celeron ou Core i3 devient un véritable boulet s’il est associé à un puissant GPU GeForce 1080 GTX et les performances s’en ressentent.
Si toutes ces conditions sont réunies, un PC portable, certes puissant (Core i5/i7 à quatre cœurs conseillé) mais pas du tout spécialisé dans le jeu vidéo, permet en effet de jouer à des jeux gourmands en Full HD et à 60 images/seconde, avec un niveau de détails élevés. Mais pas plus… Les meilleurs résultats sont obtenus avec un écran externe, raccordé à la carte graphique. Ils ne seront jamais aussi bons que dans une configuration intégrée, le Thunderbolt 3 restant moins rapide qu’une connexion PCI Express native, mais le gain est tout de même significatif.
Est-ce pour autant la solution miracle ? A l’heure des comptes,PC portable « gamer » peut être une alternative plus intéressante que la combinaison PC Portable + boîtier externe + carte graphique. D’autant plus que certains modèles (basés sur MaxQ ou non) sont de véritables portables dédiés à la mobilité comme les MSI GS63 ou Razer Blade par exemple qui affichent moins de 2 kilos sur la balance. En revanche, des utilisateurs pros ou semi-pros, faisant l’usage de logiciels de montage vidéo ou de création 3D, pourraient voir la carte graphique externe d’un bon œil pour booster leur productivité.
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