Le NAS, le grand attracteur des fichiers multimédia de la maison, peut désormais les diffuser à la demande vers tous les équipements : écran plat, console, smartphone, etc. Il existe plusieurs manières de procéder.
Suite à notre épisode précédent, le NAS et ses principales fonctions sont apprivoisés. L’objet de ce troisième volet sera d’explorer sa facette multimédia, un registre dans lequel il excelle. La problématique est la suivante : tout le contenu multimédia (photos, vidéos, musique) étant maintenant centralisé sur le NAS, quels sont les moyens d’y accéder et de lire ce contenu sur son écran plat, sa console ou encore son enceinte connectée ?
DLNA, la simplicité avant tout
DLNA (Digital Living Network Alliance) est une association de 250 fabricants qui a mis au point un standard d’interopérabilité, basé sur UPnP AV (Universal Plug and Play Audio and Video). L’objectif est de faciliter l’identification des appareils sur un même réseau, dont les serveurs et les lecteurs multimédia, et le « streaming » des fichiers de l’un à l’autre. L’opération ne nécessite aucun réglage réseau, de manière à rassurer les débutants… en théorie.
Informatique oblige, votre version du DLNA ou les formats « exotiques » de certains fichiers (comprendre les codes et autres encodeurs) peuvent en limiter l’utilisation dite simple. Il faudra alors aller chercher et utiliser un logiciel ou une application (voir plus bas) dédiée pour décoder sur l’appareil de lecture.
Un NAS n’a pas toujours la fonction serveur multimédia installée et configurée par défaut. La première étape consiste alors à consulter la boutique d’applications et à installer le logiciel approprié. Dans le cas du NAS Synology qui nous sert d’illustration, ce logiciel se nomme… Serveur multimédia. Difficile de se tromper !
Trois répertoires seront créés automatiquement par le système : video, music et photo. Il reste à y transférer les fichiers multimédias, à les classer dans des dossiers explicites et à les renommer avec exactitude si possible, dans le but de les retrouver facilement.
De l’autre côté, un lecteur multimédia connecté au même réseau et compatible DLNA (ou, mieux, certifié DLNA) est requis. Des écrans plats aux box Internet en passant par les consoles et les lecteurs Blu-Ray, les appareils compatibles sont légion. Attention, l’option DLNA/UPnP est parfois à activer manuellement. Le serveur NAS et ses fichiers apparaissent ensuite dans la rubrique ad hoc de l’interface du lecteur (ou de l’application mobile, dans le cas d’une enceinte connectée), à savoir « Disques » sur la Freebox V6 ou « Lecteur multimédia » sur la PS4, à titre d’exemple.
Le décodage étant assuré par le lecteur, ses capacités en la matière sont à vérifier. Certains lecteurs parmi les plus récents prennent en charge les codecs vidéo H264/H265 et l’ultra haute définition (UHD/4K) comme la NVIDIA SHIELD (mais aussi certaines consoles), d’autres se contentent du Full HD et ne peuvent décoder le DTS, etc. Le débit du réseau est également un paramètre qui entre en ligne de compte… et c’est valable pour tous les points suivants. Si le lecteur est raccordé au réseau WiFi, la lecture d’un film en 4K hébergé sur le NAS peut être chaotique, voire impossible. L’Ethernet doit être privilégié tout le long du réseau, si possible.
Samba et NFS, compliqués mais évolués
Le protocole DLNA/UPnP est certes pratique mais impose de nombreuses restrictions : il ignore les fichiers de sous-titres (à moins qu’ils soient inclus dans un conteneur MKV), ne peut pas lire des images ISO de DVD ou de Blu-Ray (copie réalisée à titre privé) et ne supporte pas non plus le HEVC avant sa version 3, entre autres inconvénients.
Bien qu’ils requièrent quelques notions de réseau (adresse IP, etc.), les protocoles Samba et NFS (Network File System) ignorent ces limitations. Ils permettent de transmettre, sur le réseau, les fichiers multimédia de manière rapide et efficace. Il ne s’agit là que de protocoles de transmission des fichiers ; il faudra ensuite décoder les fichiers sur le lecteur en utilisant son logiciel intégré ou en installant une application s’il le permet. Les lecteurs multimédias compatibles ne sont pas les plus répandus, hélas, et Popcorn Hour A500 PRO fait partie de ces exceptions. Il permet même de naviguer dans les menus d’une image ISO DVD ou Blu-Ray, comme si le disque original était dans le lecteur.
L’application « jukebox » embarquée dans le Popcorn Hour est un autre élément intéressant : ce logiciel se base sur les noms des fichiers pour indexer l’ensemble du contenu et récupérer automatiquement sur un serveur distant de nombreuses informations, comme les jaquettes des films, les pochettes d’album, les noms des acteurs/actrices, les synopsis, etc. L’interface sous forme de vignettes est beaucoup plus agréable qu’une simple liste de fichiers et les fonctions de recherche sont fort pratiques.
Plex, une vidéothèque élégante
Le logiciel Plex, désormais en version freemium (gratuit ou premium avec fonctions avancées), est une alternative séduisante. Il offre lui aussi une interface et des fonctions d’indexations conviviales, mais sa configuration est plus simple. La création d’un compte sur site de Plex est toutefois indispensable.
Plex se décompose en deux parties : le logiciel serveur, à installer sur le NAS (via la boutique d’applications), et le logiciel-client (plus ou moins officiel), à télécharger sur la TV connectée, la console de jeu, le smartphone, etc. Petite mise en garde : le logiciel-serveur demande un NAS assez puissant, car il transcode les contenus pour les adapter au débit réseau, à la définition de l’appareil ou aux codecs supportés par celui-ci.
Pour les utilisateurs de produits Apple, iTunes adopte un schéma identique : le serveur iTunes installé sur le NAS transmet sur demande les photos, les vidéos, la musique au « client » iTunes, sur le Mac, l’iPhone, l’Apple TV, voire le PC.
Chromecast, le streaming et le smartphone
La passerelle Chromecast de Google est une possibilité de streamer des vidéos ou des photos vers un écran plat non connecté, via une entrée HDMI. Ces fichiers sont « castés » à partir d’une application mobile comme DS Video, DS Photo ou DS Music, pour les possesseurs de NAS Synology. Laquelle application peut fonctionner toute seule pour regarder un film sur smartphone ou tablette, soit dit en passant.
La fonction Chromecast est parfois intégrée à certaines TV connectées. Quelques modèles de Samsung permettent par ailleurs de télécharger directement DS Video.
DS Video s’appaire avec le logiciel Video Station, à installer au préalable sur le NAS, et bénéficie d’une jolie interface, affichant les jaquettes des films et des séries. Cependant, les fichiers transitent par le WiFi, qui doit être robuste. A fortiori pour le Chromecast Ultra, capable de décoder des vidéos en 4K puis de les afficher sur un écran plat 4K. Chromecast peut aussi héberger un client Plex.
Votre Nas est aussi une source de streaming pour votre smartphone. Pour y parvenir efficacement, il peut être pourvu d’une fonction de transcodage, disponible dans plusieurs modèles Synology et Western Digital. Une vidéo 4K peut ainsi être transformée à la volée en vidéo 1080p, mieux adaptée à une bande passante et à un affichage de définition moindres. Cas d’usage typique : regarder sur son smartphone en 4G ou en WiFi une vidéo stockée sur le NAS, même à des milliers de kilomètres de distance !
Le NAS avec sortie HDMI, le tout-en-un
QNAP s’est fait la spécialité du NAS assorti d’une sortie HDMI et d’une télécommande, qui fait office en même temps de serveur de fichiers et de lecteur multimédia. Le HS-251+, plat, est même conçu pour se glisser dans un meuble TV. Il ne décode que des vidéos 1080p toutefois, alors qu’un modèle plus récent comme le TS-251A prend en charge la 4K.
Comme avec le stockage ou la sécurité, un NAS multimédia n’a donc pas une seule manière de fonctionner. S’il faudra toujours veiller aux prérequis qui correspondent à votre utilisation, les NAS vous ouvrent grand les portes de la diffusion multimédia. Et vu le nombre de vidéos, photos et autres musiques que nous empilons, c’est une raison de plus pour se laisser tenter !