Mélanie « Kiilys » : « Je suis accro au Cosplay »

Beaucoup à Nantes et ailleurs la connaissent déjà. Pas toujours de la même façon. Mélanie « Kiilys » possède en effet beaucoup de cordes à son arc : co-fondatrice du Game Over (avec Tuan et Quentin), le barcraft nantais dont Materiel.net est partenaire depuis ses débuts, elle est aussi gameuse et cosplayeuse. Et sur tous les points, la jeune femme force l’admiration. Rencontre passionnante avec une passionnée.

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Q : En novembre, le Game Over fêtait ses 3 ans ! Bravo !! Quel regard portes-tu sur ces 3 années d’aventure ?

K : Trois ans, c’est important pour une société ! Nous en sommes fiers. Nous ne pensions pas que nous allions en arriver là, même si c’était un espoir. C’est une victoire pour nous, cela valide notre choix, le changement de chemin. Nous avons pris des risques… Je le referai aujourd’hui car nous sommes heureux !

Q : Comment est venue cette idée ?

K : Quentin et moi étions déjà fans de jeux vidéo et nous participions à des compétitions. Mais on trouvait dommage d’attendre ce genre d’événements pour se retrouver avec le reste de la communauté. L’idéal était de créer ce genre d’endroits ! Car y penser puis sauter le pas, ce n’est pas la même chose. C’est en rentrant d’une LAN que j’ai sorti ça dans la voiture, un peu comme ça. J’ai alors approfondi l’idée et j’ai vu qu’un bar, ce n’était pas si inaccessible que ça. Nous nous sommes dits pourquoi pas et avons convaincus nos associés et familles. Mais il y avait peu de joueurs en Seine-Maritime alors que Nantes, avec Art 2 Play, les Utopiales et autres était déjà bien implantée. Comme en plus c’est la ville d’origine de Quentin, c’est le choix que nous avons fait.

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Q : Effectivement, c’était à l’époque très risquée : tu as quitté ton travail en Seine-Maritime et vous avez lancé le 2e barcraft de France à une époque où le jeu vidéo et l’esport étaient moins à la fête…

K : Nous avons eu des doutes aussi .Plus on avançait, plus il y avait de barrières : les banques, la chambre de commerce, etc. Il a fallu batailler et ce n’était pas simple surtout que j’avais un travail, une sécurité. Mais il y avait l’envie. Et surtout, nous y croyions. Il faut être audacieux.

Q : Depuis, le paysage a beaucoup évolué, y compris du côté des jeux vidéos et de l’esport. Quel regard portes-tu sur le phénomène et son essor se constate-t-il au Game Over ?

K : Entre l’esport qui croît et notre notoriété qui fait de même, il y a une grosse évolution en effet. Cela fait 6 mois que l’on refuse du monde, c’est bien ! Maintenant, il y a plus de filles et pas que des gros gamers. Et l’ambiance n’est pas que gaming, c’est aussi un lieu d’échanges et de discussions. Ce qu’il y a de bien, c’est que cette exposition médiatique de l’esport dédiabolise les joueurs. Mais il n’y a pas que des bonnes choses dans ce phénomène. Les personnes du monde esport sont parfois traitées « violemment » par les médias généralistes, on l’a vu au moment de la nomination de YeIlow Star au PSG. Il y a maintenant de grosses écuries et beaucoup d’argent. Le jeu vidéo pâtit de ce côté « usine à fric », il y a moins de passion. Certains titres comme LoL s’essouflent. Il est de plus en plus difficile de trouver de bons jeux, sans compter que le PC, pourtant plus puissant, est de plus en plus relégué derrière les consoles. Heureusement, certains pensent encore communauté comme Blizzard pour les 30 ans de Diablo qui a su écouter les joueurs.

Q : Quelles sont les prochaines évolutions au Game Over ?

K : Il y a quelques temps, nous avons acheté le HTC Vive (devinez chez qui ?) pour promouvoir la VR. Nous voulons vulgariser car il y a encore beaucoup d’idées reçues. Certains pensent que cela donne encore un bon mal de tête. Et nous continuons à être à l’écoute de notre communauté. Par contre déménager, même si nous sommes à l’étroit… Je ne sais pas. Nous avons quand même un grand lieu sympa en centre-ville.

Q : Quels conseils donnerais-tu à ceux qui veulent se lancer dans une telle aventure ?

K : Il faut bien préparer. Et ne pas se leurrer, il faut un apport personnel. Des barrières, il y en aura, il faut donc aussi y croire, en vouloir énormément et travailler. Cela nécessite d’être en alerte, d’avoir des idées. Il ne faut pas rêver mais y croire. Et commencer petit aussi.

Cosplay de Sona Guqin (cliquez pour zoomer)

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Q : Avec le Game Over, tu as moins le temps de jouer nous confiais-tu. En revanche, on te voit toujours sur les podiums de Cosplay où tes créations font fureur…

K : Je joue toujours mais plus beaucoup en compétition. Je fais un peu de Starcraft et d’Overwatch. Par contre, le cosplay, je suis toujours à fond oui. Cette année, j’ai gagné pas mal de concours. Ma notoriété en est boostée et les gens remarquent le travail sur mes costumes. Je suis ainsi régulièrement invitée sur des événements officiels comme chez Blizzard.

Q : Comment cette passion est-elle née ?

K : C’était il y a 4 ans je crois, dans un salon de jeu vidéo. J’ai découvert sur un stand des costumes de personnages. Comme j’ai fait des études d’Art et que je suis un peu manuelle, j’ai eu envie d’essayer. Et dès la première fois, un costume de Sona Guqi (skin de league of legends, NDLR) j’ai adoré et suis devenu accro.

 

 

Q : Mais comment as-tu appris tout cela ? Car il faut savoir coudre, travailler le bois, parfois l’électronique, la peinture…

K : Je suis autodidacte. J’apprends par les tutoriels vidéo et mon frère m’aide pour l’électronique. Il nous a fallu un mois avec lui sur le costume motorisé de Pharah (voir ci-dessous) ! Je regarde donc, j’essaie, je me plante… Il ne faut pas abandonner. Parfois je recommence encore et encore, ce fut le cas 6 fois pour les jambières de Pharah. Mes études m’aident, tout comme le fait que je visualise bien les choses en 3D, ce qui est pratique pour faire des patrons. C’est pour cela que je fais beaucoup d’armures. J’aime l’artisanat, travailler les différentes matières raison pour laquelle je ne suis pas attirée par l’impression 3D.

Photo par Florian Fromentin (cliquez pour zoomer)

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Q : Il faut savoir aussi se renouveler. Où trouves-tu toutes ces idées ?

K : Il faut que cela concerne un jeu auquel je joue et avec lequel j’ai des affinités. Ensuite, il faut un perso qui me « parle » et qui me ressemble aussi un peu physiquement. Et il faut aussi qu’il y ait un challenge, quelque chose que je n’ai jamais fait. C’est par exemple la nouvelle skin d’Auriel dans Heroes of the Storm. Elle a des ailes lumineuses et j’aimerais les réaliser en tissu de fibre optique. Cela coute un bras, genre 140€ le m² mais ce serait une prouesse technique. Et puis j’ai parfois des commandes. Il n’y a pas encore de business dans le cosplay comme cela peut être le cas dans le jeu vidéo mais cela vient. C’est la rançon du succès. Mais moi, comme d’autres en France, j’ai toujours la passion. Même si je ralentis, je ne peux pas m’en passer. Voir les yeux des gens quand je suis sur scène, la magie que cela me procure, cela me comble !

 

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