Lors de sa sortie sur le marché, Jawbone UP, le premier bracelet connecté proposait un design et des fonctionnalités diamétralement opposés à la LG GD910, première montre connectée moderne : suivi fitness et sommeil pour le premier contre communication et musique pour la seconde. Aujourd’hui, on constate une évolution des fonctionnalités et du design qui tendrait à les faire se rejoindre. Assistons-nous à la fin d’une époque et à une segmentation plus simple des produits ?
Bien malin est celui qui répondra avec certitude à cette question. Le fait est que les utilisations des trackers d’activité et des smartwatches restent différentes : suivi de performance ou outil à tout faire, sports ou loisirs, praticité ou esthétisme, les usages sont encore aujourd’hui bien différenciés.
Il devrait se vendre à peu près 80 millions de montres et bracelets connectés dans le monde cette année, selon IDC. Mais pas à parts égales : les fabricants écoulent 4 fois plus de trackers d’activité que de smartwatches. L’explication est toute simple et vient du positionnement très différent de ces deux catégories de produits : les premiers visent avant tout les sportifs, très demandeurs d’outils pour les aider à progresser ou à se motiver ; alors que les secondes visent tout le monde, mais sans répondre à un véritable besoin.
Enfin, ça, c’est pour simplifier. Dans les faits, les choses sont désormais loin d’être aussi claires.
Le Jawbone Up est arrivé sur le marché en suivant un entrain d’alors pour les objets connectés. Rapidement suivi par Fitbit, ces bracelets connectés sans écran se concentraient sur le sport et le bien-être (avec une mesure de l’activité physique ou une analyse du sommeil). L’écran pour sa part, était réservé aux montres numériques intelligentes, comme celle de LG, qui se voulaient être un prolongement pratique du smartphone (avec l’affichage de notifications pour les SMS, par exemple). Rapidement, ces montres montèrent en grade en imposant une réelle différence : la possibilité d’y charger des applications tierces, via son smartphone. L’arrivée en 2014 d’Android Wear puis de WatchOS en 2015 n’a fait qu’accentuer cette tendance : la montre connectée est – en théorie – évolutive et capable de tout faire, là où les bracelets connectés sont fermés et se concentrent sur le suivi sportif et de bien-être.
Être calife à la place du calife
Néanmoins, à partir de 2012, on note la montée en puissance des bracelets : certains se dotent d’un écran numérique pour y afficher de plus en plus d’informations… dont des notifications issues du smartphone (SMS, mails, etc.), ils permettent d’écouter de la musique… et marchent donc sur les plates-bandes des smartwatches. Mieux, apparaissent des montres classiques proposant un suivi d’activité, comme la bien nommée Withings Activité. On voit même des montres sportives emboîter le pas des bracelets connectés : TomTom, Garmin, Polar y vont ainsi de montres multisport intelligentes.
De leur côté, les smartwatches tentent d’associer à leur caractère généraliste des fonctions de suivi sportif – podomètre, suivi cardio, affichage du suivi, etc. Bref, plus on y regarde de près, et plus on a l’impression que tous ces marchés se chevauchent de plus en plus. Difficile dès lors de faire son choix.
Les spécialistes ont la cote
Et pourtant, en analysant plus finement les chiffres de vente, on se rend compte que, sur l’ensemble des produits vendus, ce sont les deux extrêmes qui plaisent le plus : les bracelets connectés aux fonctionnalités simples et claires ; et les smartwatches haut de gamme, ouvertes, puissantes, ultraconnectées et au design haut de gamme. Du coup, malgré les tentatives de l’ensemble des acteurs de se faire une place sur la place du voisin, il semblerait que la segmentation du marché telle qu’elle se présentait à l’origine soit là pour durer.
Un sportif n’aura pas envie de débourser des centaines d’euros pour une smartwatch qui ne sera pas aussi performante qu’un matériel dédié (et moins cher). Il ne lui viendra pas non plus à l’idée d’aller la tester en condition extrême – Mud Day, haute montagne ou sports extrêmes – avec le risque qu’elle n’y résiste pas.
À l’inverse, comme il y a eu un marché pour les tablettes – des gros smartphones sans 3G, à l’époque – il y en a un pour les smartwatches qui avancent en direction de plus de puissance, de performances, de connectivité et de plaisir.