Après trois ans à grignoter des parts de marché à Intel grâce à un excellent rapport puissance/prix, AMD a d’emblée exposé un objectif clair : séduire les joueurs. Tout juste annoncés et prévus pour le 5 novembre, l’architecture Zen 3 et les processeurs Ryzen 5000 pour PC de bureaux semblent affoler les compteurs de performances.
Une question d’architecture
Rentrons tout de suite dans le dur afin d’expliquer en quoi cette nouvelle génération de Ryzen nous laisse espérer de bons résultats en termes de performances.
AMD continue à graver en 7 nm, un camouflet pour Intel qui ne passe pas sous la barre des 14 nm. Dans les faits, il s’agit autant d’une bataille d’image que de technologie, car la gamme Core continue à afficher de très belles performances, mais sur des CPU qui semblent ancrés dans le passé.
D’autant que le Zen 3 est une nouvelle architecture impressionnante d’ingénierie. AMD garde le procédé de Chiplet, mais avec cette fois les 8 cœurs intégrés dans le même CCX (Core Complex). Cela a notamment pour effet d’optimiser le cache et réduire la latence lorsqu’un seul cœur est exploité, ce qui est souvent le cas en jeux vidéo.
Le cache est en effet unifié sur Zen 3 alors qu’il était fragmenté sur les précédentes architectures. Les CCX peuvent donc maintenant y accéder simultanément, alors qu’auparavant, deux CCX maximum pouvaient le faire et l’autre groupe de CCX devait attendre son tour.
Si l’on vient de vous parler chinois, retenez que les composants du CPU communiquent mieux entre eux !
Une gamme plus claire et compatible
Vous aurez noté que les processeurs pour ordinateurs de bureaux sont passés de la gamme 3000 à la 5000. AMD sait toujours compter, mais dans un souci de clarté a laissé le 4000 à leurs architectures mobiles et APU qui, bien que très performantes, restaient sur du Zen 2.
Vous découvrez sur le tableau les 4 modèles présentés pour le moment. Le Ryzen 3 a pour l’instant été écarté.L’autre bonne nouvelle est que cette génération de processeur reste compatible avec les cartes mères de la série 500 ou 400 par une simple mise à jour du bios (dès le lancement pour les 500, prévue pour le mois de janvier 2021 pour les 400).
Les conséquences sur la puissance
Avec 6 cœurs en hyperthread (donc 12 cœurs logiques) sur le Ryzen 5 et 16 cœurs en hyperthread sur le Ryzen 9, le tout avec des fréquences en boost fleurtant avec les 5 GHz, les benchmarks flattent AMD.
Le Ryzen 9 5950X est annoncé avec un gain de performance de plus de 26 % en jeu par rapport au Ryzen 9 3900X, et en moyenne 7 % de plus qu’un Intel Core i9-10900K, la perle d’Intel selon le constructeur. Si le choix des titres et leurs réglages ont permis d’arriver à ce chiffre, nous n’avons que peu de doutes sur les nouvelles aptitudes de ces CPU, AMD n’ayant pas pour habitude de trop gonfler ses chiffres.
Évidemment, les tests d’acteurs plus indépendants (y compris notre pomme) seront les bienvenus.
L’applicatif n’est pas en reste puisque ce même CPU atteint les 631 points sur le benchmark Cinebench alors que le Core i9 ne dépasse pas les 544 points. Soit 16 % de performance en plus.
Et si l’on parlait avenir ?
Il reste à AMD à présenter sa gamme de GPU le 28 octobre, mais cette fois face à un NVIDIA en pleine forme. Le RDNA 2 impressionnera, à n’en pas douter, et pourrait même dévoiler une puissance comparable à la 3080 selon les dernières rumeurs.
Rappelons que le DLSS de NVIDIA fait des miracles… mais que peu de titres l’utilisent (somme toute logique puisque sur console, c’est… AMD qui conçoit les architectures).
La bataille devrait d’ailleurs plutôt se jouer sur le terrain du Ray-Tracing qui n’est pas exclusif à NVIDIA puisque propre à DirectX. Comment AMD va-t-il se saisir de la question et parviendra-t-il à conserver un rapport performances/prix intéressant ? Encore un peu de patience…
Et voyons plus loin encore (beaucoup plus loin) ; imaginons que nos ordinateurs et le noyau de Windows 10 délaissent la vieille architecture X86 pour passer en ARM. Voilà qui redistribuerait de nouveau les cartes, et obligerait à s’adresser au nouveau propriétaire de l’architecture ARM, à savoir… NVIDIA !