Article initialement écrit en 2017 par Marc “Kyramla” Stocker, chef produit périphériques et écrans PC et surtout gamer de premier ordre (rien à voir avec Star Wars). Passionné, Marc l’est autant des jeux en eux-mêmes que de tout ce qui gravite autour, des périphériques gaming aux déclinaisons culturelles en passant par l’esport. Mis à jour en avril 2019.
Plus personne ne peut y échapper : le RGB a pris ses quartiers dans le monde des composants après avoir pris le pouvoir dans celui des périphériques gaming. Outre le surplus monétaire que cela apporte inévitablement sur la facture finale, cette possibilité de personnalisation se retrouve chez quasiment toutes les grosses marques de gaming. Si certains pensent que c’est inutile, il s’agit d’un atout esthétique qui peut montrer certaines fonctionnalités bien utiles…
L’accueil de la communauté technophile est toujours divisé et les plus mécontents sont les plus bruyants sur ce terrain. C’est un peu comme votre petit cousin qui vient commenter votre matos en disant « ma souris à 5€ fait mieux le boulot que ta Razer, t’es qu’un pigeon ». Vous avez certainement vu cet argument « pertinent et construit » auparavant, quel que soit le périphérique. Par exemple pour les souris, dès qu’on dépasse les deux boutons et/ou les 20€, ce commentaire apparaîtra. C’est aussi certain que la réponse à l’univers est 42, c’est pour dire !
La palme des commentaires acerbes revient aux tapis de souris RGB, vendus environ 70€. Oui c’est beaucoup plus cher qu’un autre tapis pour des performances équivalentes, mais il a au moins l’avantage d’être personnalisable.
Mais revenons à nos moutons. D’abord unicolore puis personnalisable parmi quelques couleurs, l’éclairage LED dans nos périphériques et composants a connu une ascension fulgurante avec l’arrivée de ces trois sacro-saintes lettres : RGB. Initiales de Red Green Blue, elles indiquent que votre appareil est personnalisable parmi 16,8 millions de couleurs, comptées une par une par les équipes de R&D des constructeurs !! En fonction de la marque, le nom sera différent mais au final cela reviendra au même. Du Chroma de Razer au Spectrum de Logitech en passant par le FX de Roccat, tous ces périphériques seront personnalisables. Mais ce que cache le RGB, c’est bien plus que quelques LEDs : il s’agit surtout d’un outil formidable, pour peu que l’on s’y intéresse et que l’on ne s’arrête pas à quelques préjugés mesquins.
Quel prix pour de l’esthétisme ?
On peut comparer le RGB à du tuning (je sens que je vais me faire des amis moi…) en partant d’un constat simple : quand c’est mal fait, on a l’air d’un abruti, ça nous a coûté cher et l’effet est tout sauf classe. Aujourd’hui, les systèmes de gestion de LEDs permettent d’éviter les bidouilles incessantes et cet effet brouillon est de moins en moins présent.
Bien évidemment, les constructeurs profitent de ces quelques LEDs pour facturer un (petit ?) extra par rapport à la version classique. Sur un clavier, on peut retrouver 40€ d’écart entre une version classique et une version RGB. Est-ce que ça les vaut ? La réponse ici est très subjective, puisque cela dépend de l’intérêt de chacun pour le rendu esthétique, mais aussi du budget. Par exemple le K70 Lux de Corsair passe de 129,95€ à 169,96€ pour l’intégration du RGB, le Suora de Roccat lui passe de 89,95€ à 119,95€. C’est une proportion non négligeable du prix. D’autres comme Razer sont plus raisonnables avec l’Ornata qui (dans sa version Chroma) est affiché à 99,95€ contre 89,95€ précédemment. À installation égale (clavier/souris/casque), on peut compter environ plusieurs dizaines d’euros d’écart pour du RGB, sur une facture globale de 250€.
Le plus intéressant est tout de même d’avoir une vision plus globale. Lorsque je dis ça, je pense à l’équipement complet en RGB d’une installation gaming, à savoir la tour (carte mère, carte graphique, watercooling, barrettes de ram, ventilateurs…) mais aussi les périphériques (casque, clavier, souris, tapis de souris). Sur une facture globale de 2000€, est-ce totalement absurde de dépenser 100€ pour du RGB ? Soit 5% de votre budget pour juste de l’esthétisme ? Après tout, vous avez bien choisi un boîtier aussi parce qu’il vous plaisait plus, non ?
Notez que je n’aborderai ici pas la question du watercooling « custom » en me restreignant volontairement aux solutions proposées clés en main par les constructeurs de périphériques et de composants.
Et si je vous disais que le RGB n’était pas qu’esthétique ? Si cela avait une certaine utilité malgré son coût supplémentaire ?
Les fonctions annexes
La principale fonction plébiscitée par les marques de composants est la fonction de monitoring de température. Pour les gamers ou avides d’overclock, connaître la température de sa carte graphique ou de son processeur est une donnée plus qu’utile : elle est essentielle. Evidemment, il est possible d’installer une sonde, de paramétrer des logiciels… mais si votre éclairage est bien fait, celui-ci va passer du bleu au blanc entre une activité classique ou une activité de jeu et risque de virer au rouge si vous tirez trop sur la corde. Evidemment, ces paliers sont personnalisables, mais cela met surtout en exergue les possibilités de quelques LEDs bien placées.
Concernant les périphériques, l’argument marketing qui ressort le plus souvent dans les fiches techniques des constructeurs est le grand classique « meilleure lisibilité des touches dans le noir pour ne pas rater l’action ». Bon… Je ne sais pas pour vous, mais JE JOUE RAREMENT DANS LE NOIR EN REGARDANT MON CLAVIER. J’ai plutôt les yeux rivés sur l’écran parce que je connais l’emplacement de mes touches ZQSD (ou AZER selon le jeu). En revanche, disposer d’une visibilité parfaite sur toutes les touches quelle que soit la luminosité ambiante est un véritable plus. Qu’il s’agisse de jeu ou de bureautique, c’est une bonne chose.
Enfin, selon les constructeurs et la suite logicielle installée, une certaine adaptabilité peut être constatée en fonction du jeu. Par exemple sur Overwatch, les périphériques Razer vont changer de couleur en fonction du héros que vous incarnerez, en passant de violet pour Winston à blanc pour Ange. Chez d’autres, le clavier va clignoter en rouge quand vous prenez des dégâts ou passer au blanc quand vous entrez dans un territoire enneigé. Immersion, interaction, information, c’est aussi ça le RGB.
Un écosystème nécessaire
Chaque système a son point faible et en plus du surcoût impliqué, le RGB en a un de taille : la compatibilité inter-marques est très problématique. Pour être plus clair, il faut posséder des périphériques de la même marque pour les synchroniser proprement même si l’évolution du aRGB (RGB adressable) et les progrès des constructeurs en matière de software rendent les choses beaucoup plus simples. Avec iCue, Corsair nous semble d’ailleurs le plus avancé sur cette partie.
L’intérêt du RGB est d’offrir un effet visuel détonnant, qui reste subtil. Nous avons tous vu un clavier en mode arc-en-ciel en démo quelque part. C’est marrant mais c’est inutilisable. En revanche, un ensemble de périphériques qui pulsent de la même couleur à l’unisson, c’est autrement plus propre. Et pourquoi pas une vague de couleur qui part du casque, passe par le clavier, la souris et s’échoue sur le tapis de souris avant de repartir dans l’autre sens ? C’est faisable facilement, mais la condition est que tous ces périphériques soient de la même marque. Remarquez qu’en plus, le design sera accordé en plus de leur éclairage…
Quoi qu’il en soit, si vous souhaitez adopter le RGB, harmonisez au maximum les marques pour éviter l’effet sapin de Noël où chaque appareil fait un peu ce qu’il veut. Par exemple, restez sur le même couple de carte mère / carte graphique, tandis que le ventirad (ou watercooling) pourra être choisi en même temps que les ventilateurs et le boîtier. Chaque marque différente nécessitera un software différent à installer et à synchroniser…
Pour la petite anecdote, nous avons eu nous-mêmes quelques soucis avec certains de nos PC d’exception car nous voulions un rendu sobre bien particulier. Entre les incompatibilités logicielles, les configurations qui sautaient au moindre reboot ou l’ergonomie plus qu’absurde des utilitaires constructeurs, prévoyez une bonne dose de patience avant d’atteindre le résultat souhaité. Enfin, oubliez l’idée d’un éclairage parfaitement blanc, car celui-ci étant le fruit de trois micro-LED, la teinte peut varier d’une carte graphique à l’autre (même si les numéros de série se suivent). De plus, on peut distinguer une sorte d’effet de « prisme » où le reflet ne sera pas blanc mais bien vert, bleu et rouge simultanément, ce qui gâchera l’ensemble.
Voici un aperçu, certes mis en scène, des possibilités qu’offre la synchronisation des éléments avec Asus Aura :
Outre son esthétisme, c’est la personnalisation qui est vraiment intéressante. Deux setups peuvent être rigoureusement identique et pourtant être très différents dans le rendu visuel ! Cumulez cela avec un bureau un peu design, un fauteuil, des enceintes… Faites en sorte que cet espace de gaming (ou de travail) vous ressemble !