C’était il y a 20 ans tout rond. AMD lançait alors son K6, une réplique au Pentium II d’Intel, le processeur vedette du moment. On pouvait déjà y lire ce qui bercera le petit monde des processeurs tout au long des deux décennies suivantes : face à un Intel dominant, AMD tente de revenir dans la course en proposant une alternative un poil moins chère et moins performante mais pas moins intéressante (les APU AMD équipant notamment les PS4 et Xbox One). Avec Ryzen et Vega, ses deux nouvelles architectures CPU et GPU, AMD semble vouloir changer la donne en 2017.
Ce positionnement entre un Intel jouant la performance à tout prix et un AMD plus centré sur l’entrée et le milieu de gamme est globalement ce qu’on constate tout au long de la vieille rivalité entre les deux fondeurs. Et ce ne sont pas les produits les plus récents qui nous feront mentir. Dans le secteur vidéoludique, les plus véloces des processeurs FX, se font tailler des croupières par les Core i7 et i5 d’Intel. Ils restent notamment bien loin du puissant 6900K. Pas étonnant, ils sont tous issus de Bulldozer, la plateforme CPU d’AMD (avec ses trois déclinaisons Piledriver, Steamroller et Excavator) qui sert de base depuis 6 ans. Idem du côté des puces graphiques avec AMD et ses GPU de la génération Polaris incapables de rivaliser avec les Pascal et autres cartes NVIDIA. Mais si les choses étaient sur le point de changer ? Jusqu’à présent, AMD parvenait à représenter une alternative intéressante en entrée et moyenne gamme. Et si, contraint de se réinventer, AMD avait enfin trouvé la bonne formule pour chatouiller Intel sur le haut de gamme ?
C’est en tout cas ce qu’il laisse imaginer en levant le voile sur Ryzen et Vega, ses architectures CPU et GPU pensées pour reprendre la main, perdue depuis trop longtemps. Disons-le franchement : sur le papier, il y a de quoi être impatient. Soyons même indiscrets. Nous nous sommes lancés, la bave aux lèvres, dans les tests des premiers processeurs Ryzen que nous avons reçus et les premières impressions sont plutôt prometteuses.
Nous vous épargnerons, sur ce blog, la redite des fiches techniques. Mais prenons tout de même l’insolente liberté de partager avec vous deux ou trois choses qui nous paraissent dignes d’intérêt à propos des 3 CPU Ryzen qui viennent de voir le jour (Ryzen 7 1700, 1700X, 1800X). D’abord, une gravure plus fine. AMD rejoint enfin Intel sur le terrain du 14 nm. D’accord, ça fait un peu course à l’échalote, mais c’est une façon de rappeler que les CPU AMD de la génération précédente étaient encore gravés en 28 nm. Ensuite, 8 cœurs qui travaillent avec 16 threads et une fréquence de base de 3 GHz (R7 1700) à 3,6 GHz (R7 1800X). Avec une particularité : un coefficient multiplicateur nativement débloqué pour un overclocking plus facile à mettre en œuvre. Et un dégagement de chaleur très raisonnable : le TDP plafonne à 95 W pour les R7 1800X et 1700 X, et 65 W pour le 1700.
A titre de comparaison, leurs concurrents respectifs chez Intel affichent des TDP de 140 W (i7-6900K) et 91 W (i7-7700K). Ajoutons à cela une touche de technologies maison réunies dans un gros paquet nommé baptisé SenseMI, censées optimiser l’efficacité du processeur en adaptant sa fréquence de fonctionnement aux circonstances. Parmi ces outils, par exemple, le XFR (Extended Frequence Range, sur les puces R7 1x00X) agit comme un overclocking automatique qui ajuste la fréquence maximale en fonction de la performance du système de refroidissement. Technos gadgets ou réellement efficaces, seuls les tests plus fouillés pourront le dire. En attendant, on peut déjà dire que les Ryzen semblent taillés pour un grand nombre d’usages, de la VR au multitâche, du jeu vidéo aux applications professionnelles.
Retour gagnant ?
Car les premiers retours d’expérience associés aux analyses des fiches techniques vont tous dans la même direction : AMD a lancé des CPU véloces et capables de soutenir la comparaison avec le haut de gamme d’Intel. Mais là où l’outsider a vraiment frappé un grand coup, c’est sur la facture finale. A performances théoriquement comparables, il revient désormais moins cher de s’équiper chez AMD. Evidemment, il n’y a pas que le processeur à renouveler pour basculer dans le monde de Ryzen. Car AMD a revu toute son architecture. Sur la liste des courses, il faudra donc noter d’acheter une nouvelle carte mère équipée du socket AM4 et d’un chipset X370, B350 ou A320, ainsi que de quelques barrettes de DDR4.
Dans quelques mois, ce sera au tour de l’architecture pour cartes graphiques Vega de faire son apparition. Les infos restent encore à l’état de rumeur, mais on croit tout de même savoir que les nouveaux GPU fonctionneront avec de la mémoire HMB2 et que la lignée Vega comptera certainement deux sous-familles : Vega 10, le haut de gamme, et Vega 11, axé sur le milieu de gamme et les usages mobiles. Quoi qu’il en soit, on ne peut qu’espérer qu’AMD ait été aussi inspiré pour ses futurs GPU qu’il l’a été pour ses CPU. Et l’on se prend déjà à rêver d’un équivalent à la GTX 1080… mais moins cher !