Le cloud c’est merveilleux, on a l’impression qu’il s’occupe de tout ! Fini les contraintes matérielles et les casse-têtes techniques pour conserver ses données, les utiliser et les partager de n’importe où et de n’importe quel terminal. Là-bas, dans le nuage, un service assure le stockage et l’accès à toutes les informations qui lui sont confiées. Mais attention. D’abord parce que ces technologies, nouvelles, ne sont pas parfaites et, ensuite, parce que ces services sont entre les mains d’acteurs pour qui les utilisateurs sont en premier lieu des sources de revenus. Faisons le point ensemble pour y voir clair.
D’abord, on stocke quoi dans le cloud ? La réponse pourrait être simple, mais elle ne l’est plus. On peut y stocker des documents, de toutes sortes comme avec Dropbox ou Google Drive, des photos ou des vidéos prises avec son téléphone comme avec iCloud, de la musique comme avec Apple Music, des créations graphiques avec Adobe Creative Cloud…
Il y a cependant des cadres d’utilisation plus flous, où le cloud est soit imposé par le service choisi, ou caché. C’est en particulier le cas pour tout ce qui concerne la domotique ou l’Internet des objets (Internet of Things). L’utilisation d’imprimantes connectées, de thermostats intelligents ou d’ampoules pilotables à distance nécessite ainsi de passer par le cloud sans que l’on y réfléchisse trop : c’est gratuit, c’est transparent, alors ce n’est pas grave.
Autre exploitation du cloud, celle consistant à ne pas aller stocker des informations, mais à aller en chercher. C’est le cas pour la musique avec des services commes Deezer ou Spotify, la vidéo avec Netflix ou le gaming à la demande avec Nvidia Shield ou des services comme G-cluster, Playstation Now, LiquidSky ou GameFly.
Le cloud affiche ses limites
Le cloud, c’est l’avenir d’un monde qui se numérise et s’interconnecte un peu plus chaque jour, dans lequel chaque objet aura bientôt son adresse IP. Notre univers numérique est déjà relié à la multitude de nuages qui se trouve derrière tous les services en ligne que nous utilisons. En réalité, le cloud computing a les défauts de ses qualités. Nombreux sont ceux qui l’utilisent et ignorent tout du traitement des données qu’ils lui confient. Leurs fournisseurs décident seuls des limites de l’exploitation qu’ils en font et de leurs responsabilités. Généralement, celles-ci s’arrêtent pile là où pourraient surgir les problèmes ou disparaître les données.
Il y a par exemple le cas de Netgear, qui a récemment indiqué qu’il allait stopper le service de cloud associé au stockage de données de ses caméras IP VueZone. Mais alors ils font quoi les possesseurs de ces caméras ?
On continue avec des interruptions de service qui peuvent durer des heures –ce qui peut arriver chez les plus grosaux fichiers musicaux dégradés ou détruits (iCloud d’Apple), les exemples vont, sans surprise, continuer de s’accumuler.
Par ailleurs, cela va de soi, l’utilisation du cloud implique une connexion sans faille à Internet pour accéder à ses données. Et nous savons tous que “l’accès sans faille” n’est pas encore vraiment une réalité en fonction du lieu où on se trouve.
Donc, le cloud oui, mais s’il est choisi et maîtrisé. Plutôt que de jeter le bébé avec l’eau du bain, ce qui reviendrait à s’exclure de l’informatique en nuage, mieux vaut, comme toujours, se donner les moyens de maîtriser la situation en devenant des utilisateurs avertis. Cette lucidité se résume en peu de mots : garder le contrôle de ses données. A chacun de décider quelles données personnelles et quels fichiers il consent, en connaissance de cause, à confier à des tiers sans prendre de précaution et pour quels autres il veut en garder la maîtrise.
La solution : bâtir son cloud personnel
L’approche la plus efficace consiste à se constituer son propre cloud. Cela revient à répartir ses données sur des supports redondants, et à s’assurer que leur contenu est accessible à distance et sécurisé. Cette préoccupation est partagée par un nombre suffisant d’utilisateurs pour qu’une forme de résistance s’organise et que des alternatives aux offres cloud publiques apparaissent un peu partout.
Tous les fournisseurs de solutions de stockage proposent désormais des versions « cloud » de leurs produits. Ils commercialisent leurs disques durs externes ou leurs baies NAS avec des extensions cloud afin de répliquer et d’accéder à distance à leurs contenus. Désormais, les plus avancés des NAS peuvent se comporter comme de minuscules datacenters et héberger des applications de streaming, de téléchargement et de serveur mail.
De nouveaux entrants proposent aussi d’assurer la mise en cloud des données personnelles. Par exemple, les 30 grammes du boîtier à peine plus grand qu’une alimentation USB du serveur Lima permettent de configurer un NAS logiciel avec tous ses disques durs locaux et de gérer les accès à distance.
Mais qu’il s’agisse d’un cloud personnel comme d’un service dédié, il reste parfois un obstacle infranchissable pour profiter de la sauvegarde en ligne : la bande passante. Mettre ses données dans le cloud permet certes de les récupérer n’importe quand, n’importe où, en les téléchargeant (download) mais avant de les récupérer il faut les y avoir mis (upload). Or la vitesse d’upload est souvent limitée en France sauf avec le câble
Ne pas sous-estimer le pouvoir de nuisance de sa connexion Internet
Au final, la difficulté de créer son propre cloud relève moins du matériel et du logiciel que de la bande passante disponible. Dans ce contexte, le débit sortant (alias ascendant) est aussi important que le débit entrant (alias descendant). C’est là que le A, pour asynchrone, des accès ADSL (et ADSL+), blesse.
Pour ce type d’accès Internet, le débit ascendant est, en moyenne, six à sept fois moins important que le débit montant. En France, le VDSL ne concerne qu’une poignée d’utilisateurs privilégiés et les contraintes liées au SDSL le réservent à des usages professionnels. Pour l’écrasante majorité des particuliers, la décision de se faire son propre cloud passe par un accès Internet qui utilise soit du câble coaxial de Numéricable, ce qui permet d’espérer du 50 Mb/s dans le meilleur des cas, soit idéalement de la fibre optique qui arrive jusqu’à la box Internet. Seuls les débits montants des opérateurs 100 % fibre comme
Orange et Free permettent d’atteindre et de dépasser les 100 Mb/s. Un minimum pour disposer d’un cloud personnel performant.