Test Greedfall : Spiders nous offre-t-il une toile de maitre ?

Le studio Spiders, à qui l’on doit notamment The Technomancer, propose un jeu de rôle AA sous l’égide d’un Focus passé maître dans les titres au budget modéré capables de tutoyer les plus grands. Ce Greedfall peut-il s’inscrire dans la droite ligne d’un (au hasard) The Witcher ?

Ce qu’on en pense ?

La Malichor frappe aveuglément la population de Serène et s’étend au continent tout entier. Le remède à cette peste ravageuse pourrait venir d’une ile récemment découverte, Teer Fradee. Si l’époque et le contexte sont fantasmés, ils doivent beaucoup à l’Europe de la renaissance, celle des conquêtes, mais aussi de la colonisation et de l’évangélisation au mépris parfois de la culture et des usages des civilisations locales.

Vous jouez De Sardet, homme ou femme à vous de choisir, diplomate de son état, mais aussi vaillant guerrier, maitre d’armes ou sorcier selon la direction que vous souhaiterez prendre dans l’arbre de compétence. Notre héros est la plupart du temps accompagné de deux compères qui se montrent utiles et n’alourdissent pas les combats.

La jouabilité va à n’en pas douter être raillée. Elle a des lourdeurs, mais ce côté peu intuitif est largement rattrapé par le système de pause active durant les rixes. Au fur et à mesure que vous prendrez vos aises, elle vous sera moins utile, mais contre quelques boss et ennemis en surnombre, on aura plaisir à lancer une pause et mieux estimer les choix tactiques pour aller à la victoire. De Sardet maitrise aussi l’éloquence et remporte quelques quêtes en faisant de bons choix de conversation plutôt qu’en trouvant la solution dans une balle de fusil. De plus, il sait se faire discret et peut, de temps en temps, jouer l’infiltration, mais ça reste de ce côté assez grossier.

Certains reprocheront à Greedfall l’absence de doublage français alors qu’il s’agit d’un jeu produit dans l’Hexagone. Pour nous, jouer est un voyage ; le faire dans une langue étrangère avec un doublage d’une telle qualité est plus dépaysant qu’une version française médiocre. Évidemment, nous ne sommes jamais à l’abri du miracle d’un excellent doublage français, mais le problème d’un jeu AA est qu’il faut parfois trancher dans le vif pour respecter le budget.

En somme, jamais nous n’avons pensé que le jeu de Spiders égalerait The Witcher ou Elder Scrolls, car ce sont des projets trop ambitieux pour un studio de cette taille. Mais Greedfall, à l’image de sa direction artistique, est une jolie toile que l’on se plait à regarder. Sans doute pas du Vermeer ou Le Caravage, mais une œuvre dont les défauts n’altèrent pas le verni. Et même si le récit perd parfois de son intensité, incarner De Sardet est un plaisir dont il serait dommage de se priver.


Le monde échafaudé par Spiders est cohérent dans son fond et sa forme. Même s’il est fantaisiste, il nous rappelle quelques pages d’histoire et pas forcément les plus glorieuses.

Côté technique

Comment écrire ce que l’on éprouve en se montrant à la fois élogieux et cynique ? L’émerveillement ressenti à certains coins de rue, les envies de se perdre dans ces forêts dont les teintes ne sont pas sans rappeler les couleurs cuivrées de la peinture flamande ou de l’art baroque italien ; toute cette beauté… s’effondre parfois dans l’animation d’un visage. Le titre passe très vite du sublime au daté, mais la direction artistique globale reste un régal pour les yeux et ne demande pas une bête de course pour le faire tourner.

La configuration minimale est un Core i5 à 3 GHz, 8 Go de mémoire vive, un GTX 660 ou une Radeon 7870. Nul doute que l’on aura déjà de jolies images, mais une fluidité en suspend à moins de faire des sacrifices sur les effets. Notre « petite » machine qui pourrait s’apparenter à cela est la Beast. Le regain de puissance qu’elle apporte envoie déjà les filtres sur ON et assure une fluidité au-delà des 60 fps, ce qui reste pour nous un plancher.

La configuration recommandée fait déjà davantage parler la poudre : Core i5 à 3.6 GHz, 16 Go de mémoire, GeForce GTX 980. La Malichor soit de ce moteur beau et peu gourmand : il ne demande pas une machine gavée à la RAM et au RT ^^ L’Airstrike sera une façon de préparer l’avenir avec son Core i5 9600 KF, sa RTX 2060 Super et ses 16 Go de RAM qui vous permettra de faire tourner Greedfall en ultra.

Est-ce le moulin qui donne à la direction artistique ce côté flamand ? Il s’agit plutôt des couleurs cuivrées, les effets de lumière dans les villes, certains décors. L’environnement est superbe.

Bain de foule

Nous allons prendre quelques lignes pour enfoncer des portes ouvertes, mais cela mérite d’être souligné. Votre serviteur fut en d’autres temps critique cinématographique au moment où il était encore possible de distinguer des films parmi la toute petite dizaine qui sortait chaque semaine. Aujourd’hui, il en sort le double chaque mercredi, même si cela s’estompe du fait du succès des séries. Des séries d’ailleurs chronophages et qui sortent aussi par dizaines.

Alors que nous publions le test de Greedfall avec un peu de retard du fait de notre emploi du temps, le jeu semble déjà perdu dans les limbes à cause des sorties récentes et des attentes des prochains hits. Il sort des salles avant que la colle des affiches soit sèche, dirions-nous au cinéma.

C’est dommage, car même s’il ne s’agit pas d’une œuvre maitresse, Greedfall a des moments de grâce qui aident à digérer les quêtes Fedex, se montre assez vaillant dans les combats pour ne pas se lasser, dévoile une galerie de personnages intéressante et baigne l’ensemble dans un récit renaissance-fantastique qui change un peu des canons du genre en jeu vidéo. Greedfall mérite un bel éclairage et une place dans votre wishlist pour vous assurer d’y jouer un jour !

Le système de pause active n’est pas une obligation, les plus téméraires s’en passeront. Nous avons préféré en faire usage régulièrement lorsque le sang-froid venait à manquer.

Nous en sommes tellement convaincus et nous avons aussi tellement envie de remercier nos fidèles lecteurs que nous allons inviter l’un d’entre vous à se prendre pour De Sardet : Pour tenter de gagner une clé du jeu, il suffit de mettre un commentaire sur cet article et nous tirerons au sort le gagnant parmi les participants lundi 23 Septembre ! À vous de jouer maintenant.