Suite de notre série de portraits pour vous faire découvrir un peu plus ceux qui œuvrent dans l’ombre pour vous avec, cette semaine, Mickaël, 36 ans, référent technique du service après-vente de nos PC.
En interne, Mickaël est connu comme le loup blanc grâce à sa connaissance ultra-pointue du hardware et du monde le plus obscur du PC (vous savez, celui où on parle de voltage, de version de BIOS…). C’est ainsi lui qui cuisine les PC Materiel.net avec ses tests de validation et qui les pousse dans leurs derniers retranchements pour vous garantir des machines aux petits oignons. Allez, petit tour des cuisines.
Q : Quel est ton rôle chez Materiel.net ?
M : Je suis le référent technique pour le SAV des PC. Un titre qui cache pas mal de choses ! L’élément le plus important est la validation des machines CMA (Configuration Montées d’Avance, les PC Materiel.net) avant qu’elles ne soient mises sur le site.
C’est le plus récurrent mais j’ai d’autres activités comme le support technique pour nos équipes montage et relations clients : je m’occupe de mettre en place des méthodes pour solutionner nos clients qui nous appellent, des bases de ressources pour nos conseillers, des process de résolutions pour un problème donné, etc. Comme je valide les CMA une fois assemblées, je me dois aussi d’assister en partie au montage et je fais un peu de production si souci particulier. J’interviens également quand il y a une sortie de système d’exploitation, pour le comprendre et en faire une image disque personnalisée qui permettra un déploiement rapide sur nos machines.
Dernier point super important, je me dois d’être toujours au fait des dernières actualités et pratique donc une veille technique intensive. La presse remonte beaucoup de choses, comme sur Ryzen en ce moment.
Q : Cela veut dire quoi « valider une machine » ?
M : Au départ, l’idée de la conception d’un nouveau PC vient de nos équipes produits, en amont. Un premier prototype est ensuite réalisé et il y a une première vérification sur les soucis « physiques » notamment (Est-ce que tout s’assemble ? La connectique d’origine est-elle suffisante en nombre ? Le ventirad gêne-t-il la fermeture du boîtier ou l’accès à la carte graphique ?…). C’est après cette étape que je récupère le PC pour une batterie de tests : performances, bruits, chauffe… et stabilité avant tout ! Il faut que la machine fonctionne parfaitement.
Pour ces tests, nous avons fait notre recette, le Matbench : c’est un choix interne qui réunit des outils (programmes et jeux) déjà existants pour les mettre à l’épreuve. Cela évalue donc la puissance de calcul comme le comportement en jeu. Nous avons d’ailleurs un nouveau Matbench en cours de finalisation. Ainsi, en ce moment, nos CMA passent deux batteries de tests, l’ancienne et la nouvelle version.
Q : Tu es donc autant une ressource pour nos équipes qu’indirectement pour nos clients ?
M : Je participe en effet à un blog technique interne qui souligne les spécificités de certains composants et informe des différents problèmes hardware, de leur état d’avancement à la solution. Être au courant est le meilleur moyen de faire gagner du temps au client, on peut alors être plus performant lorsqu’ils nous appellent. Et quand notre service client bute ou que la solution est très compliquée, on m’appelle.
Q : La validation d’un prototype est par essence variable mais en termes de quantité, cela donne quoi ?
M : Selon la période, cela peut aller à six par semaine environ. Cette semaine par exemple, j’en ai quatre en cours. Je peux en faire deux dans la même journée si tout se passe bien.
Cela varie également en fonction des disponibilités et, parfois, un fournisseur nous propose un changement de composant le matin du fait d’une pénurie et nous devons valider avant le soir. Car toutes les machines neuves mais aussi celles que nous mettons à jour passent entre mes mains.
Q : Comment es-tu devenu le référent technique de Materiel.net ?
M : J’ai commencé par un DUT informatique en génie logiciel. J’ai ensuite eu une formation d’administrateur réseau. Et aujourd’hui les deux me servent : le DUT pour l’architecture des machines ou concevoir des petits programmes, la formation réseau pour la maintenance, la connaissance des OS… Et puis je suis aussi très autodidacte, je programmais et bricolais des scripts avant le DUT.
J’ai intégré Materiel.net en mars 2003 comme monteur PC. Il n’y en avait qu’un alors et nous nous sommes répartis entre montage et l’atelier SAV. J’ai pris le montage mais à l’époque, nous étions peu nombreux et j’étais aussi le support mail et téléphonique côté SAV PC. Quand nous nous sommes installés dans nos locaux actuels, nous avons formé un service de validation technique où j’officie désormais.
Q : Quels sont les aspects de ton métier que tu préfères ?
M : La découverte de nouveau matos (les yeux brillants et la truffe humide quand il en parle, NDLR !). Et la fierté de résoudre des problèmes parfois tordus, éviter à d’autres de tomber dedans. J’ai aussi monté quelques prototypes et j’aimais bien.
D’ailleurs, j’ai toujours besoin de manipuler du matériel. Il faut que je sois en mesure d’aider quelqu’un qui n’aurait pas un accès physique à ces produits (la hotline par exemple). Il m’arrive donc encore d’assembler des prototypes ou de donner un coup de main au niveau du montage de machines au SAV.
J’aime aussi avoir de nouvelles références, c’est stimulant. Un nouveau processeur crée de l’excitation, comme Ryzen dernièrement. Avoir les premiers samples avant tout le monde, remonter des problèmes aux constructeurs… c’est top, surtout quand c’est du matériel que je n’aurais pas eu l’occasion d’approcher autrement (rires).
Q : Et ceux que tu aimes le moins ?
M : Les process peuvent être parfois répétitifs. Mais c’est surtout les coups de stress entre nos choix pour un prototype et les validations techniques. Ce que l’on reçoit en première livraison, pour le proto, n’est pas toujours la version finale, il peut y avoir un nouveau BIOS par exemple comme ce fut le cas pour Ryzen et celui-ci impactait les performances.
Je pense que c’est d’ailleurs le point que j’aime le moins : quand les éditeurs et les constructeurs font des mises à jour qui pètent tout ! Car nous devons être là pour le client, retrouver ce qui a pu changer et causer le souci.
Surtout que lorsque nous remontons des infos aux constructeurs, y compris en vidéos, ils mettent parfois super longtemps à corriger alors que nous, nous savons qu’il y a une solution. Comme pour un récent problème de nommage de profils de carte mère.
J’ai parfois des betas qui fonctionnent mais tant que rien n’est rendu public, on ne peut les déployer. Dans la même veine, il y a peu, un boîtier présentait des courts-circuits sur un port USB. Nous avons fait un gros dossier à la marque mais elle a mis du temps à réagir. Parfois même, on a l’impression de leur apprendre à se servir de leur matos.
Q : Si tu devais retenir une chose de ton métier ?
M : Le fait d’avoir vu naître autant de machines haut de gamme, comme notre PC Manticore.
Q : Quels conseils donnerais-tu à une personne qui veut faire ton métier ?
M : Lire les manuels (il éclate de rire NDLR) !! Essayer, bricoler, fouiller… et lire le manuel. Il y a souvent plein d’options cachées…
Il faut aussi faire une veille technologique permanente et sur de bons sites comme Hardware.fr ou Anandtech. Savoir comment fonctionne un processeur jusqu’au bout peut apprendre des choses.
Q : Comment vois-tu ton métier à long terme ?
M : Je n’en sais rien mais cela fait plusieurs années qu’on me dit que le PC fixe est mort, remplacé par le PC portable et/ou la tablette. Pourtant, il reste la plateforme de référence pour les joueurs. Demain, je bricolerais peut-être des tablettes mais aujourd’hui, j’aime ce que je fais. Il y a une part de rêve dans le PC, quelque chose d’humain, la tablette, elle,…
Q : Un petit mot pour nos lecteurs pour finir ?
M : RTFM !!!! ^^