Les derniers-nés des CPU Intel Core sont assurément très rapides, distançant leurs prédécesseurs et leurs rivaux chez AMD. Pour la frugalité énergétique, en revanche, on repassera.
Très attendue, la nouvelle gamme de CPU Alder Lake «made in Intel» est enfin disponible à la vente sur Materiel.net. Remplit-elle ses promesses et se montre-t-elle convaincante, au moins sur le plan des performances brutes ?
La réponse est presque triviale : c’est oui, preuve que les ingénieurs d’Intel ont retroussé leurs manches. Cette douzième génération de processeurs Core, après des années de relative stagnation, devrait séduire la plupart des utilisateurs PC, en particulier les gamers. Une appréciation positive à tempérer cependant, comme nous le verrons plus loin.
Six CPU pour commencer
Nous n’allons pas nous attarder sur les spécificités techniques des CPU Alder Lake, qui ont fait l’objet d’un papier détaillé et publié ici-même. L’objectif, désormais, est de présenter ce premier arrivage, constitué de six références, et d’analyser les performances grâce aux benchmarks parus à compter du 4 novembre (date de la levée de l’embargo imposé par Intel).
On compte donc six CPU disponibles aujourd’hui, tous à destination des PC de bureau : deux Core i9-12900 pour les PC très haut de gamme, deux Core i7-12700 pour segment du milieu et du haut de gamme, et enfin deux Core i5-12600 situés en milieu de gamme.
Deux déclinaisons coexistent dans chacune de ces familles, l’une portant le suffixe « K », l’autre le suffixe « KF ». Une démarche typique de la part d’Intel qui, pour rappel, différencie un CPU offrant une possibilité d’overclocking (K) d’un CPU ne possédant pas de chipset graphique intégré (KF).
Ce processeur graphique intégré, nommé UHD 770, repose sur l’architecture Xe LP (LP pour Low Power), inaugurée par la génération précédente Rocket Lake. Privilégiant les GPU séparés pour des raisons de performances, les gamers se tourneront certainement vers l’option KF, moins chère de quelques dizaines d’euros.
Montée en fréquence à 5,2 GHz
Un CPU Core i9 comporte 16 coeurs, dont 8 coeurs P (pour Performance) et 8 coeurs E (pour Efficient), une distinction expliquée dans notre papier approfondissant les aspects techniques. Un Core i7 en comporte 12 (8P + 4E) et un Core i5, 10 (6P + 4 E).
La fréquence de base des coeurs P s’échelonne quant à elle de 3,2 GHz pour le Core i9 à 3,7 GHz pour le Core i5. Pour les Core i7 et Core i9, elle peut grimper respectivement jusqu’à 5 et 5,2 GHz, grâce à la technologie Turbo Boost Max 3.0 (et à condition que le système de refroidissement soit très efficace).
Précision importante : l’architecture Alder Lake abandonne le socket LGA 1200 au profit d’un nouveau socket LGA 1700, accompagné d’un tout aussi nouveau chipset Z690 (avec prise en charge du Wifi 6E, du Thunderbolt 4, de la norme PCIe 5.0, de la mémoire DDR5, etc). Pas question d’upgrader une configuration existante, donc. Des dizaines de cartes-mères d’Asus, Gigabyte et MSI sont disponibles.
Rocket Lake surclassé !
Les présentations étant faites, passons en revue les résultats. Comme nous le disions sans fard au début de cet article, ils sont excellents. Dans le registre applicatif (logiciels métiers et utilitaires), le Core i9-12900K est 11% plus rapide que son rival Ryzen 9 5950X chez AMD, observe les Numériques. Un écart qui passe à… 66%, si on le compare au Core i9-11900K.
Le Core i5-12600K fait au moins aussi bien, avec un score 37 % plus élevé que celui du Ryzen 5 5600X et 44% supérieur à celui du Core i5-11600K. Autant dire qu’il n’y a pas photo.
Côté jeu vidéo, l’équipe des Numériques relève aussi une avance significative pour le Core i9-12900K : +9%, rapporté au Ryzen 9 5900X, et +18% face au Core i9-11900K. Le Core i5-12600K distance de même toutes les puces d’AMD. Attention, ce sont des moyennes et certains jeux peuvent être plus favorables à certains CPU plutôt qu’à d’autres.
Le Core i5-12600K, une affaire ?
Autre source, mais même son de cloche. Tom’s Hardware a testé le Core i9-12900KF dans une petite dizaine d’applications, dont Solidworks, Blender, AutoCAD, etc. La plupart du temps, Alder Lake arrive en tête des classements, souligne l’auteur, et les écarts sont parfois significatifs : +35 % dans Solidworks 2021 par exemple, face au Ryzen 9 5950X.
Et côté gaming ? Toujours selon Tom’s Hardware, en 1080p, les CPU Alder Lake font toujours la course en tête, mais le classement se resserre. Ainsi, le Core i9-12900KF devance le Ryzen 9 5950X de 3,2 %. Idem pour le Core i5-12600K, qui dépasse de quelques pourcents le Ryzen 5 5600X. Il se confirme que c’est un excellent choix pour un PC de milieu de gamme.
Gare à la surconsommation et la surchauffe
La consommation électrique, maintenant. C’est indiscutablement là où le bât blesse : concernant le Core i9-12900K, les Numériques ont mesuré une consommation de 241 watts pour le CPU seul et de 391 watts pour le système complet (basé sur une carte-mère Asus, 2×16 Go DDR5-5200 Corsair, etc). La plateforme de test équivalente chez AMD n’en consommait que 260…
Qui plus est, la température s’est maintenue difficilement autour de 90°C, malgré l’emploi d’un gros système de refroidissement. Le Core i5-12600K consomme et chauffe moins, certes, mais toujours bien plus qu’une configuration proche chez AMD. En plus du choix du système de refroidissement, la configuration dans le BIOS est primordiale pour cette génération. Le PL1 sera à privilégier par rapport au PL2, et c’est d’ailleurs avec cette configuration que nos PC Materiel.Net seront validés.
Les tests réalisés par d’autres sites web tendent vers la même conclusion : les CPU Alder Lake dévorent les watts sans retenue.
Finalement, cette douzième génération Alder Lake marque – enfin – une véritable rupture avec la génération précédente et signe d’excellentes performances brutes, que ce soit pour le gaming ou pour des applications multimédia ou métiers. Le rapport performance-prix est indubitablement excellent pour les I5 et I7, mais on ne peut pas en dire autant du I9 qui se classe hors catégorie.
Hélas, on commence à croire qu’Intel ne paie pas son électricité au même prix que la nôtre : les CPU Alder Lake se signalent par une efficacité énergétique médiocre, un critère pourtant de plus en plus essentiel. La faute à une finesse de gravure restée à 10 nanomètres, alors qu’AMD est déjà passé au 7 nanomètres.
Ajoutons à cela que choisir un CPU Alder Lake revient à acheter un PC neuf, ou à renouveler une bonne partie de son PC actuel, puisqu’il faut remplacer la carte mère voire la mémoire pour en tirer le meilleur parti.
Le tout dans un contexte de pénurie qui n’en finit pas… En tout cas, il sera intéressant de voir la réponse d’AMD d’ici à quelques mois avec la sortie des Ryzen 3D V-Cache, voire fin 2022 avec l’arrivée de Zen 4.