La technologie mini LED commence à se déployer dans les écrans PC et améliore sensiblement le pic lumineux et le HDR. De quoi plaire aux spécialistes de l’image, et aussi aux gamers !
L’examen de la fiche technique d’un écran PC peut aujourd’hui occasionner un sérieux mal de crâne. Qui aurait pu croire, ne serait-ce que dix ans en arrière, que cet équipement devienne aussi complexe à appréhender que le dernier CPU Intel ou AMD ?
C’est pourtant le cas, en raison de la multitude de technologies – et de leur terminologie parfois confuse – qui s’y rencontrent. La technologie mini LED, héritée du marché des écrans TV, est venue s’ajouter à la liste et agrémente, depuis quelques mois, une poignée d’écrans PC, fabriqués par Dell, AOC, Samsung ou encore Asus. Elle s’aventure aussi dans le notebook MSI Creator 17 et le nouvel iPad Pro d’Apple.
Le perfectionnement du rétroéclairage
Avant de décrire ses bénéfices, commençons par en expliquer le concept et mettons les choses au clair tout de suite : le mini LED n’est pas conçu pour améliorer l’affichage, mais le rétroéclairage.
Fondamentalement, un écran mini LED reste un écran LCD. L’image est toujours produite grâce à deux éléments essentiels : l’éclairage, qui vient de l’arrière de l’écran (d’où le préfixe «rétro»), et la dalle frontale composée de cristaux liquides.
Schématiquement, la lumière émise par le système d’éclairage traverse la dalle LCD pour former une image constituée de pixels. Un écran OLED, lui, fonctionne sans rétroéclairage car les LED organiques de la dalle sont auto-émissives. Il en va de même pour un écran microLED, technologie réservée pour le moment à l’affichage professionnel ou aux particuliers fortunés.
Ceci étant dit, qu’est-ce qui différencie un rétroéclairage mini LED des autres techniques actuelles ? L’expression «mini» suggère que la taille des LED est miniature, et c’est vrai : elles ne mesurent que quelques dixièmes de millimètre, au lieu de quelques millimètres. Pour donner un ordre d’idée, Samsung indique que ses mini LED sont quarante fois plus petites que des LED classiques.
Un rappel historique succinct est utile pour saisir l’importance de ce changement. Au cours des années 2000, qui ont vu l’avènement de l’écran plat LCD dans l’audiovisuel et l’informatique, le rétroéclairage était assuré par un tube fluorescent, ou dit autrement un néon. Ca consommait, ca chauffait, c’était volumineux… Bref, c’était loin d’être la panacée.
Du néon au mini LED
A la fin des années 2000, le rétroéclairage par LED a rapidement remplacé ce tube fluorescent selon deux dispositions majeures : en ligne à la base ou sur le côté de la dalle (Edge LED), la plus économique, ou en damier derrière la dalle (Direct LED), la plus coûteuse. Les écrans se sont amincis tout en consommant moins d’énergie.
Dès le début des années 2010, quelques TV haut de gamme et des écrans professionnels, dédiés à l’affichage publicitaire, ont bénéficié d’un rétroéclairage de plusieurs centaines de LED, tapissant l’arrière de l’écran (Full LED). L’intérêt ? Un pic lumineux qui pouvait dépasser 2000 cd/m², indispensable dans les environnements les plus éclairés.
Un écran mini LED, pour simplifier, n’est qu’une évolution d’un écran Full LED. Mais il est doté de LED à la fois plus petites, plus nombreuses – on peut en compter des dizaines de milliers – sans être pour autant moins puissantes.
Premier avantage : le pic lumineux est en forte hausse. Signé Samsung, l’écran Odyssey Neo S49AG950NU offre une luminosité maximale de 2000 cd/m² par exemple. Celui d’Asus, le ProArt PA32UCG-K, peut atteindre 1600 cd/m² en théorie… Des valeurs inédites sur des écrans PC, qui plafonnaient jusqu’à présent aux alentours de 1000 cd/m².
Deuxième avantage : le contraste s’améliore lui aussi. Un «tapis» de mini-LED, aux mailles plus resserrés, permet de moduler le rétroéclairage jusqu’à l’éteindre – on parle de «local dimming» – sur davantage de zones. L’écran Samsung, notamment, en compte 2048.
Le HDR est boosté !
En conséquent, certaines petites zones de l’image peuvent être éclairées à fond, tandis que les zones adjacentes restent plongées dans un noir profond. Le contraste y gagne, bien qu’il ne soit pas aussi extrême que sur un écran OLED. Asus et Samsung mentionnent quand même des contrastes qui grimpent jusqu’à 1000000:1 ! Par ailleurs, l’effet « blooming », cet halo qui auréole un texte blanc très intense sur fond noir, tend à disparaître.
Un pic lumineux très haut, un noir très bas ? Il en résulte bien sûr une gamme dynamique très élevée. Du reste, l’écran ROG Swift PG32UQX d’Asus est certifié DisplayHDR1400, le plus haut palier annoncé dernièrement par l’association VESA. Ce qui signifie un niveau du noir égal ou inférieur à 0,02 cd/m² seulement.
Bref, les gamers peuvent profiter de bien belles images, d’autant plus que le nombre de jeux tirant partie du HDR progresse de mois en mois. S’ils travaillent sur du contenu HDR, les photographes, vidéastes et autres professionnels de l’image, auxquels est dédié l’écran ProArt PA32UCG-K d’Asus, peuvent discerner plus de nuances dans les hautes et les basses lumières.
Une remarque cependant : le mini LED n’est pas une technologie miraculeuse car elle ne s’applique qu’au rétroéclairage, qui ne fait pas tout. Un écran PC est aussi caractérisé par la qualité de sa dalle, sa définition, ses fréquences de rafraîchissement (G-Sync, Freesync…), la profondeur de couleurs, et on en passe.
Attention les yeux !
Autant d’éléments à prendre nécessairement en compte avant de choisir, en fonction de ses besoins. Par ailleurs, les écrans mini LED sont pour la plupart encore très onéreux, il faut l’admettre. Mais la démocratisation est déjà en marche : AOC vient de dévoiler une gamme Agon beaucoup plus abordable, bientôt en vente sur Materiel.net.
Enfin, terminons sur un conseil : ces écrans très lumineux sont susceptibles d’être éblouissants, en particulier quand on joue dans le noir. Prenez soin de vos yeux, et gardez toujours une lumière allumée non loin de l’écran.