Par Gweltaz P., référent technique de l’équipe montage Materiel.net, qui aime changer de configuration comme de chemise. Passionné de STARS : STAR Wars, STAR Trek, STARlord, STARgate, BattleSTAR Galactica… Gamer et rôliste devant l’éternel.
Quand on démarre un PC, la première chose qui se charge est le Bios. C’est un élément indispensable sans lequel rien ne se passe. Pour s’assurer du fonctionnement optimal des machines que nous élaborons avec passion, nous effectuons des ajustements aux réglages standards proposés par les constructeurs dans leurs bios. Mais alors quelles modifications apportons-nous à cette mécanique de précision ?
Avant que les puristes ne me clouent au pilori, oui Bios et UEFI sont bien deux choses différentes, ou plutôt le bios est mort et l’UEFI a pris sa place. C’est donc par abus de langage que nous nous permettons de parler de bios ou bios UEFI de nos jours. Pour être précis, l’UEFI (Unified Extensible Firmware Interface ou interface micrologicielle extensible unifié en français) est tout comme le bios un programme de la famille des firmware. Si le bios était écrit dans le langage de programmation “assembleur”, l’UEFI lui est écrit en C, qui est plus aisé à manipuler et rend la maintenance plus accessible.
L’UEFI offre également quelques avantages par rapport au bios comme une meilleure gestion graphique ou la disparition de la limite de taille des disques dur système à 2,2To. Durant la vie d’une carte mère, le constructeur corrige des bugs, améliore la compatibilité avec de nouveaux matériels, voire plus rarement active une nouvelle option de la carte, et tout cela au travers de mises à jour de l’UEFI. Pour chaque machine que nous montons, nous optimisons l’UEFI pour que les composants que nous avons sélectionné (dans un but précis, gaming, polyvalence, puissance brute…) interagissent entre eux de manière la plus optimale possible. Le réglage de l’UEFI permet donc de passer d’un réglage générique et passe-partout, à un réglage optimisé en fonction du matériel spécifique composant la machine. Pour vous proposer la machine la plus performante et stable possible, il faut en effet parfois sortir des sentiers balisés.
Une question de stabilité
Aperçu de l’UEFI de notre PC Unity (CM MSI, cliquez pour zoomer).
Nos réglages suivent des préceptes simples : nous ne faisons pas d’overclocking sur nos machines, c’est un processus qui ne peut se faire qu’à partir d’une machine dont on est certain du bon fonctionnement, notre souci est donc d’assurer que nos réglages y correspondent (libre à vous de faire de l’overclocking, nos réglages seront alors votre solution de repli qui vous assurera de retrouver une machine parfaitement fonctionnelle). De plus, et je le répète, nous cherchons avant tout à assurer la stabilité des configurations pour offrir une expérience agréable à nos clients.
Nous commençons donc par faire une veille constante des mises à jour disponibles des UEFI. C’est une de mes premières tâches chaque matin en arrivant. Je prends la liste des carte mères commandées la veille et je vérifie les versions disponibles sur les sites des constructeurs pour ensuite les mettre à disposition de l’équipe montage pour qu’ils puissent faire la mise à jour de l’UEFI, effectuer les réglages et soumettre chaque machine à une série de tests dont la réussite conditionne son départ de notre atelier.
Certains réglages retiennent plus particulièrement notre attention. La mémoire en premier lieu. Comme je le disais juste avant, pas d’overclocking, donc nos réglages doivent respecter les spécifications des constructeurs. A ce titre, nous prenons donc le plus restrictif entre la mémoire, la carte mère et le processeur.
Recettes maison
Prenons l’exemple de ma machine. J’ai une carte mère Asus MAXIMUS VIII Gene qui accepte la mémoire jusqu’à 3600 MHz. J’ai installé dessus un kit Corsair Vengeance LPX à 2666 MHz. Mais mon processeur est un I5 6600K qui n’est validé par Intel que pour une fréquence de 2133 MHz. C’est donc cette dernière valeur que j’ai retenu lors du réglage de mon UEFI. Cela m’assure une machine stable et sans soucis. Et c’est avec le même objectif que nous faisons nos propres choix de réglages.
Ainsi, pour les timings, si un réglage XMP est disponible nous le suivons, sinon nous suivrons les données du constructeur. Il en va de même pour la tension.
Nous désactivons les petites triches ou overclocking masqué des constructeurs, tel que l’Asus Multicore Enhancement, ou le MSI Enhanced Turbo. Ce sont des réglages qui, pour faire gagner quelques points en benchmark ou quelques mégahertz, vont augmenter la consommation électrique (et la chauffe) de votre machine de façon excessive. Ou pour reprendre une de mes images préférées “ils utilisent un lance flamme pour désherber un pot de fleur”.
Autre réglage qui retient notre attention : la régulation de la ventilation. Si nous ne cherchons pas un silence complet, notre but est de rafraîchir la configuration en épargnant le plus possible vos oreilles. Dans l’ensemble nous cherchons donc à calmer les ventilateurs tout en leur laissant assez de “patate” pour qu’ils démarrent correctement même à froid. C’est un dosage que l’on fait en partie à l’oreille, mais aussi et surtout en observant les températures lors des tests passés par chaque machine.
Les plus curieux d’entre vous qui auront déjà fouillé un UEFI configuré par nos soins, auront noté que nous activons aussi le boot réseau. C’est en effet par ce biais que nous passons pour effectuer nos tests (ainsi nous avons une plateforme accessible de toutes nos machines et facile à maintenir à jour).
Pour les économies d’énergie, nous activons aussi les options EuP/ErP, du moins sur les cartes MSI et Asus. Malheureusement nous avons constaté sur des cartes mères Gigabyte la nécessité de plusieurs appuis sur le bouton power, voire le retrait du cordon secteur afin de pouvoir démarrer quand l’option était activée. Il est à noter que vous devrez de toute façon désactiver cette option si vous voulez profiter d’options comme le Wake-On-LAN ou le réveil automatisé de la machine par une alarme.
Planche issue de Commistrip (cliquez pour zoomer)
Dernier point important pour nous, il s’agit de l’activation de l’option C1E support. Les Cx sont des modes de fonctionnement du processeur. Ce mode C1E est une version améliorée du mode C1 qui est celui par défaut où se trouve votre processeur quand il n’a pas de charge mais qu’il est dans l’attente. Le mode C0 est le mode actif du processeur. Plus le chiffre après le C est important, plus il faudra de temps au processeur pour réagir et revenir à son plein potentiel.
L’UEFI comporte de nombreux autres réglages, que même le technicien que je suis ne regarde pas très souvent. Un grand nombre ne servent qu’à l’overclocking, alors que d’autres sont là pour permettre de s’adapter à des cas particuliers. Tout cet ensemble permet aux machines qui quittent notre atelier, aussi bien vos commandes sur mesure que nos machines montées d’avance, d’être opérationnelles pour vous dès la sortie du carton. Bien sûr, tous ces choix de réglages ne sont pas sortis d’un chapeau magique (excusez-moi, un choixpeau) mais résultent de 16 ans d’affinage de nos procédures. Ils sont avec les autres aspects de notre production, tel le câble management, l’expression de l’amour du détail avec lequel nous faisons naître vos futurs partenaires, que ce soit de travail ou de jeux.
