Nous avons hésité entre lire dans le marc de café ou éventrer un chat tel un haruspice (mot compte triple), mais au final nous avons discuté entre nous de l’avenir potentiel du jeu vidéo. Avec les nouvelles générations de consoles, l’abonnement, le cloud, un store offensif, les sujets de discussions (voire d’embrouilles) sont nombreux.
Signalons avant de nous lancer que nous tentons ici un exercice de synthèse et de réflexion sur un avenir possible du jeu vidéo. Nous vous invitons à donner votre avis en commentaires sur Facebook. Vos réactions risquent d’ailleurs d’être fleuries, car on ne va pas éviter les sujets qui fâchent, et attention…ça commence… Maintenant !
Le porc Epic
Tim Sweeney, fondateur d’Epic games, a incontestablement planté une épine dans le pied de Steam, mais l’essor d’Epic reste un événement mineur. Bien sûr, les conservateurs grondent comme ce fut le cas pour Steam en son temps, mais ils se trompent de colère. Si ennemi il y a, il est plutôt du côté des abonnements et d’une baisse potentielle des ventes de jeux, même en dématérialisé. Vu l’état des réseaux en France, nous en sommes encore (très) loin, mais c’est un avenir plus que probable.
D’ici là, le store poil à gratter doit encore s’enrichir de quelques fonctions de base, telle que l’enregistrement dans le cloud, pour devenir un excellent complément à Steam. En l’état il amène une concurrence saine et des étales moins fourre-tout que le supermarché de Valve. Quant aux critiques concernant les nombreux launchers, rappelons que GOG Galaxy 2.0 balaiera peut-être le problème d’un revers du bras.
Pour l’instant, nous avons encore du mal à croire au miracle d’une plateforme regroupant tous nos comptes sans que cela n’entraine des failles de sécurité et de confidentialité, mais CD Projekt n’est plus à un miracle prêt. D’ailleurs, dans nos projections les plus folles, nous avons vu un Cyberpunk 2077 en tout point réussi et Marcin Iwinski, le patron du studio, marcher sur l’eau.
Des mini-PC comme consoles
Lorsque Microsoft et Sony lâchent des bribes d’informations sur le cœur de leurs futures machines, la fiche technique ressemble à une commande passée sur notre configurateur. On ne va pas feindre la surprise, les consoles singent les PC depuis la génération précédente, et nous serions mal avisés de nous en plaindre. En effet, des architectures si proches facilitent le travail des développeurs. On peut espérer l’arrivée de titres encore davantage optimisés pour chaque machine, y compris pour les joueurs les plus exigeants (nous, donc) ne souhaitant aucune limite sur le framerate et les effets visuels.
Quant à cette next gen, la négociation sur la marge de chaque élément interne et les commandes sur des gros volumes baissent les coûts de production tout en maintenant un excellent niveau de puissance. Nous ne sommes pas à l’abri de récupérer des PC low cost, mais high capacity très séduisants pour animer le téléviseur du salon. Rappelons tout de même aux PCistes purs et durs qu’une NVIDIA Shield streame votre ordinateur et sa ludothèque, lis les fichiers multimédias et s’avère être une excellente machine pour le rétrogaming.
Google enfonce le clou(d)
Le cloud gaming se met doucement en place. Google semble chercher un modèle économique viable en proposant deux offres lancées à quelques mois d’écart, néanmoins il s’agit désormais d’un acteur qui compte. Un « petit » outsider qui n’a encore pour le moment aucun intérêt au regard du faible catalogue et de la nécessité d’avoir un internet solide, mais il trouvera son public au gré des partenariats avec les éditeurs et constructeurs (une rumeur tourne autour d’une intégration dans la NVIDIA Shield, justement).
En parallèle, l’abonnement prend de l’ampleur. Le Xbox Game Pass À 4€ pendant la bêta et 10 € ensuite pour la version PC propose un catalogue séduisant. Le PlayStation Now, du haut de ses 15 € par mois, à l’avantage d’inviter sur nos machines quelques exclusivités de Sony. Electronic Arts peaufine sa formule d’abonnement, UbiSoft entre dans la danse avec Uplay + (et Stadia), Square Enix ne cache pas sa volonté d’exploiter tout son back catalogue dans une offre similaire… Rien n’est encore totalement convaincant mais il s’agit clairement d’une tendance avec laquelle il va falloir composer.
Nuage et abonnements ?
Nous distinguons encore le jeu par abonnement avec possibilité de téléchargement et le cloud gaming, mais les deux vont se rapprocher et les catalogues vont continuer à s’étoffer pour attirer le chaland. Affranchis du hardware, les batailles se feront sur les exclusivités et les services, mais de ce côté ce n’est pas vraiment une nouveauté. Le PC a encore de belles années devant lui grâce à son caractère polyvalent. Il regroupera le meilleur des deux mondes avec de bonnes dispositions pour accueillir le cloud et une excellente puissance de feu pour sublimer les AAA qui méritent un achat à l’unité et une installation en local.
L’abonnement nous laisse tout de même un goût amer. Déjà, cette corne d’abondance entre en contradiction avec le jeu service dont les éditeurs raffolent. Bien malin celui peut définir clairement la façon dont va évoluer la demande. Le grand public va-t-il encore davantage papillonner d’univers en univers sans jamais finir un titre ? De plus, quelle sera la valeur d’une œuvre lorsque, le jour de sa sortie, elle viendra grossir un catalogue déjà immense ? Le tout, tout de suite ne risque-t-il pas de nous priver d’une certaine saveur ? Le jeu est décidément en pleine mutation et il changera totalement de visage lors de la prochaine décennie.