Dolby Atmos/Dolby Vision : on fait le point

Ces deux technologies mises au point par Dolby se consacre à parfaire l’immersion sonore et visuelle. Si Dolby Atmos se développe à bon rythme, y compris pour le jeu vidéo, Dolby Vision, très exigeant, ne se démocratisera pas de sitôt.

Le premier, Dolby Atmos, est fait pour les oreilles, le second, Dolby Vision, est fait pour les yeux. Ces deux technologies partagent cependant le même objectif : renforcer notre immersion dans un spectacle audiovisuel, que l’on soit assis dans un cinéma, devant notre écran… ou même devant notre PC.

Mais comment les laboratoires Dolby – qu’on ne présente plus – y parviennent-ils ? Commençons par décrire Dolby Atmos, qui a fait son apparition en 2012 pour concurrencer le Auro 11.1 de Barco notamment (DTS:X, à la finalité identique, viendra un peu plus tard). Au lieu d’être une énième version du son «surround», ce procédé reproduit un véritable son 3D, qui prend également en compte la propagation des effets sonores dans le plan vertical. Quand la pluie tombe à l’écran au cinéma, on lèverait presque les yeux pour la voir tomber du plafond de la salle.

Objets sonores pour son 3D

Pour ce faire, Dolby Atmos a introduit la notion d’objets sonores dynamiques. L’ingénieur, lors du mixage, assigne une position spatiale à ces objets en fonction de l’action se déroulant à l’écran ou hors champ. Lors de la diffusion, le DSP (digital signal processor) et son algorithme décodant le Dolby Atmos se chargent de les répartir de manière optimale sur tous les canaux de l’installation audio.

 

Signée Sony, la barre de son HT-X8500 reproduit des effets Dolby Atmos ou DTS:X. De quoi satisfaire les cinéphiles ou les gamers qui rêvent d’une bonne immersion sans trop s’encombrer.

En contrepartie, celle-ci doit comporter des haut-parleurs fixés au plafond, ce qui implique une configuration 5.1.2 au minimum (le .2 désignant ces canaux verticaux). Tant pis pour la déco, à moins de pouvoir intégrer avec élégance ces haut-parleurs supplémentaires dans un faux-plafond. Par chance, la réflexion sur le plafond, à partir d’un haut-parleur orienté convenablement, est une option qui fait l’affaire. C’est ainsi que procèdent les barres de son compatibles, par exemple.

Place au Dolby Vision, qui se réfère à l’image cette fois. Il s’agit de la déclinaison ultime du HDR (high dynamic range), une technologie qui se démocratise à partir du Blu-Ray et des écrans plats 4K. Pour mémoire, le HDR, qui a commencé à s’appliquer à la photo numérique dès le milieu des années 2000, est un moyen d’élargir la plage dynamique d’une image. Ou, dit autrement, d’obtenir un maximum de nuances dans les zones les plus sombres comme dans les zones les plus lumineuses. Nos yeux combinés à notre cerveau le font naturellement depuis des centaines de milliers d’années, et la technologie s’en approche, à défaut de les égaler.


Pour les anglophones, cette vidéo synthétique décrit le fonctionnement des principaux formats HDR, dont Dolby Vision, et leurs différences.

Le HDR a pour fonction d’aller au-delà du SDR (standard dynamic range). Ce dernier était adapté à la luminosité maximale de 100 candelas par mètre-carré (cd/m², ou nits) des téléviseurs à tube cathodique d’autrefois et à l’espace colorimétrique Rec.709 des premiers écrans plats à haute définition, défini sur 3×8 bits, soit 24 bits.

Avec l’essor de l’ultra haute définition et de nouvelles technologies d’affichage, les curseurs montent de plusieurs crans : espace colorimétrique Rec.2020 plus étendu (qui couvre 75 % du spectre visible par l’être humain), codage de chaque composante couleur sur 10 bits et luminosité pouvant atteindre 10000 cd/m² ! Tout cela pour gagner en nuances et en saturation, ces subtilités qui disparaissent avec le simple SDR.

Hélas pour la compréhension de tous, plusieurs techniques de HDR se confrontent : HDR10, HDR10+, HLG… et donc Dolby Vision. Sans trop entrer dans le détail, le procédé de Dolby se révèle le plus performant et le plus exigeant, imposant notamment une quantification sur 12 bits. Les métadonnées transmises au diffuseur, pour que celui-ci applique le HDR à l’image, sont en plus dynamiques : elles peuvent changer d’une scène à l’autre. Mais le Dolby Vision n’est pas un standard ouvert et il requiert une certification. Ce qui a un coût, et se ressent au final sur le prix de l’équipement certifié.

Dolby Atmos : ce n’est pas qu’au cinéma

Après ces explications, vient la question principale : comment en bénéficier ? La règle est élémentaire, que ce soit pour Dolby Atmos ou Dolby Vision, et est valable pour toutes les technologies similaires : toute la chaîne, de la source au diffuseur en passant par le lecteur et l’amplificateur le cas échéant, doit être compatible.

Si l’on revient sur l’aspect sonore, de nombreuses sources proposent aujourd’hui du contenu incluant des pistes Dolby Atmos, dont les principaux sites de streaming (Netflix, Amazon Prime, Disney+) et les Blu-Ray. Toutefois, les pistes en VF ne sont pas toujours concernées. Point positif cette fois, les pistes 5.1 ou 7.1 peuvent être converties par un ampli Dolby Atmos, même si l’effet sera amoindri.

Pour ce qui nous intéresse au premier chef sur Matblog, en l’occurrence le jeu vidéo, cette technique de spatialisation sonore est disponible depuis 2017 sur plusieurs dizaines de titres. Dont Call of Duty Warzone, pour ne citer que l’un des plus récents.

Le dernier Call of Duty et son mode battle royale profitent du Dolby Atmos et offrent aux joueurs bien équipés une spatialisation sonore supérieure. Ce n’est pas pour cette raison qu’ils feront plus de frags…

L’équipement prérequis peut être un notebook gamer labellisé Dolby Atmos, un PC équipé de Windows 10 ou encore une Xbox One. Selon les circonstances, il sera à associer à un système de haut-parleurs externes – typiquement une barre de son – ou à un casque stéréo, option la plus pratique.

Cependant, l’application Dolby Access, à télécharger à partir de Microsoft Store, est un élément logiciel indispensable. Et, après une période d’essai gratuite, elle est payante (17,99 €) ! Heureusement, toutes ces conditions étant remplies, Dolby Atmos sur PC pour le jeu vidéo se révèle plutôt convaincant, d’après l’expérience des personnes l’ayant testé.

Mieux vaut un Home Cinema complet pour en tirer le meilleur parti, il est vrai, mais cette solution est loin d’être la plus répandue parmi les gamers. Un bon casque stéréo est suffisant pour apprécier l’immersion, même si le positionnement manquera quelque peu de précision.

 

Dolby Vision : très bon matos exigé

Au tour du Dolby Vision, pour conclure. Les films et séries TV au format Blu-Ray UltraHD/4K «masterisés» en Dolby Vision sont au nombre d’une centaine désormais. Encore faut-il un lecteur Blu-Ray certifié, équipé d’un port HDMI prenant en charge HDCP 2.2. Les principales plateformes de streaming se sont aussi mises à la page, dont Disney+ début juillet. Un excellent débit Internet est nécessaire.

Reste la question capitale de l’écran. Pour faire simple, seuls les écrans du moyen au haut de gamme de type OLED, voire QLED ou LCD avec des capacités de gradation (micro-dimming), peuvent restituer une bonne image Dolby Vision. La mention apparaît sur de nombreux écrans, il est vrai, ce qui signifie simplement que leur logiciel «sait» interpréter les métadonnées associées. Mais les dalles ne sont pas physiquement capables d’en exprimer le potentiel.

Le monde du PC, quant à lui, n’est pas vraiment pressé, dira-t-on. Certes, il est possible de visionner un film Dolby Vision à partir de sa tour PC ou de son notebook, en ayant pris soin de télécharger l’application Netflix pour Windows 10 par exemple – ou d’utiliser le navigateur Edge – puis de vérifier les mises à jour des pilotes graphiques.

Le moniteur ProArt PA32UCX-K d’Asus est l’un des premiers certifiés Dolby Vision, mais il est prévu pour les arts graphiques. Pour les écrans gamer, les fabricants cherchent plutôt à améliorer les fréquences de rafraîchissement.

Mais, là encore, la qualité de l’écran est capitale. Or, à moins d’envisager de raccorder un écran TV compatible, les moniteurs Dolby Vision sont très rares. Asus a annoncé les premiers l’an dernier, et ceux-ci, vu leur prix, se réservent aux professionnels des arts graphiques et aux créatifs, qui doivent étalonner des images ou des vidéos en post-production par exemple.

Le Dolby Vision est arrivé par ailleurs sur quelques notebooks pour gamer chez Lenovo ou Dell. Mais les pics de luminosité sont bien inférieurs à ceux des meilleurs écrans TV, qui peuvent dépasser 1000 cd/m². Et puis, où est l’offre «gaming » Dolby Vision ? Bioware s’était vanté début 2017 que Mass Effect : Andromeda était le premier jeu à le prendre en charge. Toutefois, le jeu souffrait d’un tel manque de finition que l’information est vite passée inaperçue. Pire, le Dolby Vision ne fonctionnait pas comme prévu.

Depuis, calme plat. Bien que les choses s’améliorent, les studios et les développeurs peinent encore à maîtriser les procédés HDR et a fortiori Dolby Vision. On se souvient notamment de Read Dead Redemption 2 qui, à sa sortie, était affectée par une image délavée en mode HDR.

Nul doute qu’il faudra du temps pour que le Dolby Vision convainque entièrement, et surtout que les équipements se démocratisent… si jamais ils le font. D’ici là, les équipes de développement devraient se concentrer davantage sur des techniques comme le ray-tracing pour renforcer l’immersion et le réalisme graphique dans le jeu vidéo.