Prévue en novembre, la douzième génération des processeurs Core d’Intel marque une véritable évolution, au moins dans sa conception. L’efficacité semble avoir été le maître-mot, à tous les niveaux.
Avec la sortie en novembre des processeurs Core Alder Lake, Intel va-t-il faire parler la poudre et renouer avec des performances qui convaincront tous les gamers ? D’après les premiers résultats qui ont filtré, la cause pourrait être bien engagée.
Avant d’aller plus loin, un rappel de la situation s’impose. L’une des dernières fois où nous avons parlé des processeurs Intel dans ces colonnes, c’était au printemps dernier, à l’occasion de la sortie des CPU de la génération Rocket Lake.
A l’époque, le bilan était mi-figue mi-raisin : des performances légèrement en hausse comparées à celle de la génération Comet Lake, mais au prix d’une efficacité énergétique médiocre causée par une finesse de gravure stagnant à 14 nm. On était dans la continuité, finalement. Pas de quoi effrayer le challenger AMD, dont les Ryzen 5000 bénéficient toujours d’un excellent rapport qualité/prix.
Enfin plus de finesse
Mais la douzième génération Alder Lake signe enfin une petite «rupture», que ce soit dans sa fabrication ou dans sa conception. Déjà, la gravure s’affine jusqu’à 10 nm, une étape inédite dans les CPU Intel à destination des PC de bureau. L’efficacité énergétique devrait donc s’améliorer.
Malicieusement, ce nœud technologique, ou dit autrement ce procédé de fabrication, est dénommé «Intel 7», suggérant l’équivalence avec le procédé d’AMD. Ce qui n’est pas faux, soit dit en passant. Rappelons, pour apaiser les esprits, que cette bataille de chiffres n’exprime plus une réalité physique.
Le principal changement réside cependant dans la conception même du circuit électronique, à la fois modulable et différenciée. Premièrement un CPU Alder Lake se présente en effet sous la forme de blocs qu’Intel peut assembler à sa guise en fonction de la plateforme utilisée : les coeurs exécutant le plus gros des calculs forment des blocs à part entière auxquels sont adjoints un bloc de gestion de la mémoire, un bloc de gestion du bus PCIe, le circuit graphique éventuel, etc.
Entre puissance et sobriété, ses coeurs balancent
Deuxièmement, et c’est un sacré changement, les coeurs ne sont plus identiques. Dans un processeur Alder, des coeurs P-Core pourront ainsi côtoyer des coeurs E-Core.
Aux premiers, les tâches calculatoires les plus intensives, que ne manqueront pas de leur fournir la plupart des jeux vidéo. Aux seconds, les tâches plus tranquilles, réclamant moins de puissance. La priorité, dans le second cas, n’est pas forcément d’aller vite mais d’économiser l’énergie.
Grâce à cette architecture modulable, Intel rationalise son outil de production de façon à couvrir le maximum de segments de marché : PC, notebook, tablettes… A cet effet, l’enveloppe thermique des CPU Alder Lake est comprise entre 9 et 125 watts.
D’après Intel, un CPU Alder Lake pour PC de bureau peut compter jusqu’à 8 P-Core et 8 E-Core, associés à un circuit graphique intégré (IGP) doté de 32 unités d’exécution. La version portable, elle, dispose au maximum de 6 P-Core et 8 E-Core, avec un IGP à 96 unités d’exécution.
Plongeons un peu plus profondément dans Alder Lake. Un coeur P-Core repose sur la nouvelle micro-architecture Golden Cove qui, pour le coup, n’est pas une énième resucée de la micro-architecture Sky Lake, datant de 2015.
Voici les principales améliorations : six instructions décodées par cycle, au lieu de quatre précédemment ; des unités de calcul supplémentaires ; le réaménagement de divers éléments (caches des instructions, files d’attentes…) et des caches L1 et L2 plus spacieux et plus rapides. Au final, Intel promet une hausse de 19% de la capacité de traitement par cycle (IPC).
Un coeur E-Core, quant à lui, est basé sur la micro-architecture à basse consommation Gracemont. Bien qu’il soit privé du hyperthreading, réservé au P-Core, ce n’est pas un circuit électronique au rabais, comme on pourrait le croire. Il est en effet optimisé pour les traitements multi-tâches et pour l’efficacité énergétique.
Appelez le directeur !
Mais comment les coeurs P-Core et E-Core, de nature hétérogène, seront-ils attribués à chaque logiciel exécuté sur le PC ? C’est le rôle de l’Intel Thread Director, intégré au CPU Alder Lake. Cet «orchestrateur» dialogue avec le système d’exploitation pour aiguiller les tâches vers le type de coeur approprié.
Dans l’idéal, un jeu vidéo tirera profit de la quintessence des P-Core tandis que certaines tâches, en arrière-plan, seront aussi traitées sans compromis par les E-Core. Encore faut-il que l’OS soit au diapason, raison pour laquelle Intel et Microsoft ont étroitement collaboré pendant les développements respectifs d’Alder Lake et de Windows 11.
Alder Lake apporte son lot de nouveautés, indéniablement. D’autant plus qu’il prend en charge la norme PCIe 5.0 (uniquement pour la carte graphique), le Wifi 6E, Thunderbolt 4 ou encore la mémoire DDR5, tout en restant compatible avec la DDR4.
Nouveau socket, nouveau chipset
Une mise à jour technologique qui justifie l’apparition d’un nouveau socket, LGA1700, et du chipset Z690. Les cartes-mères idoines arriveront le mois prochain, en même temps qu’Alder Lake, dont la première salve devrait englober une dizaine de modèles, du Core i3 au Core i9.
Après les Core i9 et Core i7, c’est le Core i5-12400, positionné entre l’entrée et le milieu de gamme, qui a fait parler de lui dernièrement. C’est un CPU équipé de 6 coeurs P-Core, avec une fréquence commune maximale de 4 GHz. D’après les tests ayant fuité, que ce soit dans CPU-Z ou Cinebench R20, ce CPU devance systématiquement le Ryzen 5 5600X d’AMD, qui devrait occuper le même segment de prix. Cerise sur le gâteau, la température serait contenue sous les 60°C.
Nous vous donnons rendez-vous courant novembre sur Matblog pour le lancement officiel d’Alder Lake, le détail des gammes et la confirmation – ou non – de ces premiers résultats prometteurs !