La nouvelle génération de GPU d’AMD, Navi, sera lancée à partir de juillet. Mais les spécifications techniques, gardées secrètes, ne seront mises au jour que le 10 juin prochain. Le constructeur en a gardé sous la main pour l’E3 et a préféré mettre ses nouveaux CPU sur le devant de la scène. Car le moment est charnière pour AMD…
Objet de nombreuses spéculations depuis l’an dernier, le GPU Navi a enfin été dévoilé officiellement par AMD lundi matin (heure de Taipei), avant même l’ouverture du salon Computex. Dévoilé ? Disons plutôt que Lisa Su, présidente et directrice générale d’AMD, n’a levé qu’un petit coin du voile, admettant qu’il s’agissait d’une « preview ».
AMD a préféré entretenir le suspense en mettant en avant ce qui a signé son retour depuis quelques mois : les CPU. La troisième génération de processeurs Ryzen, la série 3000, s’annonce encore une fois très bonne notamment parce que le constructeur renforce son positionnement qualité/prix.
Cinq processeurs (Ryzen 9 3900x, Ryzen 7 3800X et 3700X ; Ryzen 5 3600X et Ryzen 5 3600) ont ainsi été dévoilés à des tarifs très attractifs au vu des premiers informations : entre 329 et 499$. Le plus gros modèle, le Ryzen 9 3900x, gravé en 7 nm comme tous les autres, est le premier CPU « grand public » 12 cœurs/ 24 threads d’AMD. Il serait, selon le constructeur, plus performant que l’i9 9920x d’Intel pour un prix bien moindre. Mais qu’AMD parvienne à fournir une alternative crédible à la firme de Santa Clara était déjà acté avec l’architecture Zen, alors revenons au sujet Navi.
Il faudra donc patienter jusqu’au 10 juin, à l’occasion d’un évènement préliminaire du salon E3 à Los Angeles, pour obtenir davantage de détails sur le prochain fleuron d’AMD dans l’industrie graphique.
Que tient-on pour sûr aujourd’hui ? Tout d’abord, la confirmation que les premières cartes graphiques propulsées par le GPU Navi seront disponibles à partir de juillet… c’est-à-dire très vite si le calendrier se vérifie. Les dernières rumeurs quant à cette date de commercialisation disaient donc vrai.
Deuxième information : cette famille « inaugurale » de GPU Navi est nommée RX5000. Une nomenclature en forme de clin d’œil au demi-siècle d’existence de l’industriel américain, né en 1969.
À voir les comparaisons faites par AMD entre une carte RX5700 (une déclinaison annoncée du RX5000) et une carte RTX2070 de NVIDIA (voir plus bas), on suppose un positionnement dans le milieu de gamme. Toutefois, aucun prix n’a été communiqué pour le moment de la part des partenaires habituels d’AMD, à savoir Sapphire, MSI, Asus et consorts. Le fondeur annonce toutefois un prix public qui serait proche des 499$.
Un GPU compatible PCI Express 4.0
Dans le registre technique, peu de données ont filtré hélas. Les fréquences d’horloge ? Inconnues. Le nombre d’unités de calcul ? On l’ignore encore… Mais, d’ici aux prochaines révélations attendues le 10 juin, on sait au moins trois choses.
Et d’une, les GPU RX5000, comme on le soupçonnait fortement, bénéficieront d’une finesse de gravure de 7 nanomètres, à l’instar des Radeon VII, et sortiront des lignes de production de TSMC.
Et de deux, ces GPU seront les premiers à profiter de la bande passante améliorée du PCI Express 4.0, à condition d’être attachées à une carte-mère à chipset X570 ou à une X470 ayant bénéficié d’une mise à jour du BIOS pour prendre en charge le PCIe 4.0 sur une seule ligne 16x (à condition d’avoir un Ryzen 2, soit la série 3000). Il n’est pas dit que les gamers vont en tirer profit, du moins dans un premier temps. Ajoutons que la mémoire graphique sera de type GDDR6.
Et de trois – sans doute l’information la plus importante – une nouvelle micro-architecture est instaurée « pour les dix prochaines années », selon les propos de Lisa Su. Baptisée RDNA (pour Radeon DNA), elle rompt avec l’architecture GCN (Graphics core next), à l’œuvre dans les GPU de génération Polaris et Vega.
Dans quelle mesure ? En l’absence de spécifications plus précises, il est compliqué d’approfondir. Schématiquement, les améliorations portent sur l’efficacité énergétique, l’accroissement du nombre d’instructions traitées par cycle d’horloge, la diminution de la latence grâce à la réorganisation du cache et la refonte du moteur graphique. Une description très superficielle en somme…
Performance/watt : +50 %
Heureusement, ce discours a été accompagné de quelques chiffres moins évasifs.
Ainsi, en prenant comme référence l’architecture GCN, la performance par cycle d’horloge serait de 25% supérieure. Si l’on tient compte de la consommation énergétique, la performance par watt serait de 50% supérieure.
AMD ne pouvait pas achever sa démonstration sans planter une banderille dans le flanc de son rival historique NVIDIA : le GPU RX5700 serait 10% plus performant que le RTX 2070 dans l’exécution du jeu Strange Brigade, sorti l’été dernier. Ce titre n’est pas des plus exigeants, il est vrai, et ces résultats sont à prendre avec des pincettes, faute de tests impartiaux et surtout du fait qu’ils aient été obtenus avec l’API Vulkan, chère à AMD, et non avec DirectX.
Reste que bien des questions demeurent en suspens.
Le Ray Tracing sera-t-il de la partie, oui ou non ? Il n’a pas été mentionné lors de cette présentation, en tout cas. Il sera pourtant à l’œuvre dans la prochaine PS5 de Sony, équipée comme la PS4 d’une architecture AMD (Zen 2/Navi). Mais sa prise en charge pourrait être logicielle.
Ensuite, quelles seront les prochaines déclinaisons de Navi et quand sortiront-elles ? Le RX5000 n’est après tout que le premier de cordée et, s’il est conforme aux promesses entrevues, la suite n’en sera que plus alléchante. Dans l’attente, le Radeon VII demeure le GPU premium d’AMD.
Enfin, l’architecture RDNA va-t-elle imposer de ré-optimiser les pilotes graphiques et les jeux actuels, sachant qu’elle va cohabiter avec la génération actuelle GCN ?
Mais pas la peine d’extrapoler alors que la date du 10 juin est si proche : rendez-vous à Los Angeles, juste avant l’E3. Stay tuned, comme ils disent là-bas.