par Denis P., chargé de contenus et passionné des contenants. Feu CM et héraut de la cuisine (ce qui n’a strictement rien à voir), il aime toucher à tout le High-Tech sans en être un technicien. A tout de même une forte propension à perdre son temps dans les photos et jeux vidéo.
Alors ? Faker ? RocKy ? Zest ? Malgré les récentes actualités autour de l’intégration du Esport aux Jeux Olympiques, il est probable que les champions actuels auront déposé les armes le jour où cela se fera. Car si la question se pose, et ce depuis un moment, la réponse est loin d’être évidente. Et pas seulement en raison des débats qui ont déjà émaillé l’histoire des nouvelles disciplines aux JO.
« Mais ce n’est pas un sport de taper sur un clavier les yeux rivés sur l’écran ».
Nul doute que vous avez déjà entendu ce genre de phrases. Voire même participé au débat qui s’en est suivi. Et quelle que soit votre position, si votre interlocuteur est au point sur le sujet, la passe d’arme peut être sans fin.
Vous a peut-être repris ces débats depuis quelques semaines. Lors de leur réunion fin octobre, les membres du Comité international olympique (CIO) ont en effet communiqué sur le « développement des eSports ». Et de préciser : « Les « eSports » de compétition pourraient être considérés comme une activité sportive, et les joueurs qui les pratiquent se préparent et s’entraînent avec une intensité comparable à celle des athlètes d’autres sports plus traditionnels ».
Une approche finalement presque logique si l’on s’en tient à la définition du terme sport et aux valeurs de l’Olympisme.
La première est en effet suffisamment large pour y caser l’Esport : un sport est l’« ensemble des exercices physiques se présentant sous forme de jeux individuels ou collectifs, donnant généralement lieu à compétition, pratiqués en observant certaines règles précises » (Larousse).
Les valeurs olympiques ne s’opposent pas non plus à l’inscription des jeux vidéo compétitifs aux JO : « l’Olympisme est une philosophie de la vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort ».
Mais cela ne suffit évidemment pas.
Les débats sur l’aspect sportif d’une discipline sont une constante dans l’histoire de l’olympisme et leurs conclusions parfois floues ont amené certaines pratiques à être en « démonstration » et non inclues officiellement (le bridge en 2002, les courses de chiens de traineau en 1932, les échecs en 2018…). C’est ce qui attend probablement l’Esport, de nombreuses autres questions étant loin d’être tranchées.
Cachez ce faux sang que je ne saurais voir !
La première d’entre elle a été évoquée par le président du CIO, Thomas Bach : « Nous voulons promouvoir la tolérance, la non-violence et la paix entre les peuples. Ces valeurs ne sont pas en accord avec les jeux vidéo trop violents où l’on retrouve des explosions, des tueries. C’est là que nous devons poser des limites » a-t-il déclaré. Derrière ces propos, la volonté de ne pas donner à voir des affrontements sanglants ou considérés comme choquants. Est-ce à dire que les CS Go et autres FPS un peu réalistes n’y auront pas droit de cité ? Mais alors quid des League of Legends, Dota 2 et autres Overwatch dont le côté violent est certes non prégnant mais bel et bien là ?
Et Bach de préciser que les jeux les plus adaptés aux Jeux Olympiques sont les… jeux de sport !
Au-delà des choix du type de jeu, se pose à nos yeux la question des titres. En acceptant, par exemple, une épreuve olympique de LoL, c’est l’éditeur Riot qui est clairement mis en avant. Même chose pour Blizzard avec des Starcraft II et autres Overwatch. La représentativité d’un champion olympique dans une telle catégorie poserait alors question.
Autre aspect gênant, la pérennité des disciplines. Si des Dota et autres Starcraft sont inscrits dans le paysage vidéoludique depuis un moment, certains titres passent rapidement de vie à trépas. Comment assurer une continuité historique dans ce cas ?
Quoi qu’il en soit, les choses avancent. Les jeux asiatiques de 2022 accueilleront des épreuves Esport. Intel organisera lui un tournoi Starcraft II en marge des JO 2018 en Corée du Sud. Tony Estanguet, coprésident du comité Paris 2024, a lui laissé la porte très (trop ?) légèrement entrouverte.
Mais au-delà de la considération sportive, de nombreux obstacles se dressent donc sur la route olympique de l’Esport. Et nous n’avons pas évoqué le problème des représentations nationales ou encore des règles, au niveau du matériel utilisé mais aussi concernant le… dopage ! Finalement, il y a beaucoup de points communs avec le sport…