Halloween s’invite dans la majorité des jeux services, souvent en mode carnaval plus qu’en véritable hommage à la peur. Histoire de vous coller les miquettes, nous revenons sur quelques titres terrifiants à tester à l’occasion de ces jours macabres. Par la même occasion, nous tentons une courte analyse des mécaniques de frayeur dans le jeu vidéo.
Halloween pour un gamer est, avant les bonbons et les sorcières, la vague de soldes qui précède Thanksgiving et Noël… C’est à se demander si payer de nos jours un titre plein tarif n’est pas, en soi, une façon de se faire peur.
Autre grand moment de frayeur, les jeux d’horreur qui tentent de se refaire une petite santé financière en profitant de l’événement. À ce titre, Agony remporte la citrouille d’honneur : ce jeu absolument catastrophique sort sur Switch afin de vendre définitivement son âme au diable.
Évidemment beaucoup d’autres titres se parent de teintes orange et de toiles d’araignées : Fortnite passe en mode Fortnitemare et propose un défi cauchemar dans le mode créatif ; Dead Or Alive 6 relooke ses combattantes ; Dying Light transforme ses infectés en Jack O’lantern… Et ce n’est pas tout : Rainbow Six Siege, Overwatch, Dead By Daylight, Red Dead Online (…), aucun jeu ne manque à l’appel pour vous coller la chair de poule.
Comme d’habitude, c’est le festival du bon goût chez Koei Techmo. Halloween est l’occasion de raccourcir les tenues des combattantes en cachetonnant 20 € au passage.
La peur, comment ça marche, Jamy ?
La grammaire d’un jeu d’horreur est plus compliquée qu’il n’y parait. Le cinéma impose son rythme et ses cadrages, distille le tout dans un laps de temps concentré, il a l’opportunité de vous saisir comme un choc. Dans un jeu, il faut maintenir une ambiance en plus d’une crédibilité. Bien sûr le joueur est plus impliqué, puisqu’il est directement menacé, dirige le personnage et crée son histoire, mais il doit aussi être maintenu en tension de longues heures. Et pour cela rien de mieux que le hors champs, la lenteur, les sensations d’insécurité alors que rien ne se passe à l’écran.
C’est en cela qu’un Silent Hill fichait une frousse intense quand un Resident Evil tenait davantage du voyage dans un train fantôme (même si les avis sont partagés sur le sujet dans l’équipe). Le Resident Evil 7 reprend une partie des codes de la première trilogie, mais cloisonne mieux l’espace et met en scène une atmosphère plus oppressante. Ajoutez à cela quelques années d’évolutions technologiques et il devient la réussite que l’on connait. Les courageux qui auront chaussé le casque virtuel savent combien le jeu peut devenir effrayant, presque traumatisant, lorsqu’on est acteur et plongé dans l’action.
Dans le genre survival Horror, The Evil Within a distillé une flippante part d’ombre totalement malaisante quand des Dead Space ou Alien Isolation, pourtant tous deux excellents, fonctionnaient davantage sur une terreur soudaine. Le jump scare a l’état brut !
On conseille aux plus courageux et non cardiaques de tenter le Resident Evil 7 en réalité virtuelle. Même le film l’Exorciste fut, pour nous, moins traumatisant !
Le gore est aussi une notion à finement doser. Doit-on évoquer à nouveau un Agony tombé dans le grotesque ? Citons plutôt Outlast 2 qui, en dosant mal ses effets et le niveau de difficulté, aura caché la terreur et le gore sous une dose de die & retry parfois prise de tête. Un bon jeu d’horreur doit amener le héros à la limite de mourir, mais ne pas le faire passer trop souvent ad patres au risque de créer une distance. En cela le Outlast premier du nom était plus réussi et le gore prenait toute sa saveur.
J’ai peur des monstres !
Le jeu s’éloigne encore plus du cinéma lorsqu’on évoque la peur du monstre. Donnez un fusil de chasse et des armes tranchantes au héros d’un film et les spectateurs les plus sensibles auront déjà envie de quitter la salle. Laissez un jeune jouer au reboot de Doom présentant pourtant tous ces ingrédients (c’est une proposition théorique, le jeu est PEGI 18 !) et il va s’éclater à tester ses réflexes sur un jeu de tir frénétique où l’on peut faire de la bouillie de pixels. Le rapport à l’image et la violence est différent. Vous détruisez le monstre du jeu contrairement à celui du cinéma sur lequel vous n’avez aucune emprise. La passivité du grand écran ronge alors que l’action du jeu galvanise.
Si l’on reste dans le genre FPS, Fear ménageait ses effets, jouait sur les temps morts, mais marquait beaucoup plus la terreur chez les joueurs. Doom 3 cherchait d’ailleurs à créer le même effroi, sans succès de notre côté parce que, justement, les monstres étaient partout où on les attendait. La frayeur se cachait ici derrière le stress, en tout cas de notre point de vue, mais chacun n’est pas perméable aux mêmes angoisses.
Amnesia maitrise la mise en scène et ravive les peurs issues de l’enfance. Le noir, les bruits lointains, la respiration haletante, l’oppression. Le jeu a presque 10 ans, mais reste une référence.
En songeant aux titres conçus par Frictional Games comme la trilogie des Penumbra, Amnesia, SOMA, on comprend que la peur qui vous étreint le plus est dans la crainte de l’évènement à venir. Le joueur est dans l’interprétation des codes, la prédiction. C’est une cuisson à feu lente, assaisonnée à l’irrationnel, dont l’odeur vous envahit et le goût finit par vous terrifier. Cette saveur, vous la retrouvez dans Layers Of Fear un peu faible sur la jouabilité, mais qui ne manque de vous étreindre jusqu’à l’étouffement. D’ailleurs nous ne répondons pas tous aux mêmes stimuli, et nous comptons parmi les jeux éprouvants Hellblade : Sanua’s sacrifice dont l’intention n’était pas de vous renvoyer à vos peurs primaires. Et pourtant… quel choc !
Et pour ceux qui aiment les trips rétro, nous avons le souvenir d’un jeu malaisant sorti il y a plus de 20 ans. Nous n’y avons pas joué depuis, mais il a laissé une empreinte poisseuse en nous : Sanitarium. Si vous aussi vous avez quelques gros souvenirs de flips, n’hésitez pas à nous en faire part en commentaires sur les réseaux sociaux !