Le marché du jeu connaît une croissance rapide ces dernières années. Les experts prévoient que d’ici 2025, il pourrait générer 300 milliards de dollars. Comme le nombre d’amateurs de jeux augmente, les éditeurs tentent de développer à la fois les produits et l’expérience client. L’IA apparait comme la potion magique pour rendre l’expérience plus enrichissante grâce à des adversaires (humains ou virtuels) plus malins, mais surtout grâce à des réactions émotionnelles plus réalistes.
Les solutions basées sur l’intelligence artificielle et les outils d’apprentissage automatique (ou machine learning) peuvent potentiellement avoir un impact énorme sur divers aspects du secteur des jeux vidéo. Les algorithmes d’apprentissage automatique peuvent répondre de manière dynamique aux actions des joueurs tout comme ils peuvent être utiles sous forme de chatbot pour réduire le délai d’attente d’une réponse et fournir des informations appropriées (ou pas).
Pour maintenir l’intérêt d’un jeu, il est important de conserver un niveau de difficulté pertinent. Sinon, on risque vite de s’ennuyer ou d’être frustré et, par conséquent, d’arrêter de jouer pour regarder Twitch…. Pour relever ce défi, l’intelligence artificielle peut adapter automatiquement le niveau de difficulté en fonction des compétences acquises d’un joueur.
Des échanges plus réalistes
Après avoir observé attentivement les « étapes » précédentes d’un joueur, il est possible de prédire ses prochaines activités. En ayant cette connaissance, il est plus facile de personnaliser l’offre, les messages et de recommander les bons produits. À l’instar des sites de e-commerce et de certaines plateformes de SVOD comme Netflix, l’IA permet de personnaliser le contenu et bien sûr les offres pour générer plus de revenus…
Mais l’avenir de l’IA dans les jeux vidéo réside certainement dans la capacité des éditeurs et développeurs à accroître ce qu’ils appellent « la connexion humaine ». En un mot, rendre plus riches et réalistes les échanges entre les joueurs et les personnages.
L’IA peut donner une véritable profondeur émotionnelle aux mots, en transmettant des émotions humaines complexes, de la peur à la tristesse en passant par la joie et la surprise. Des personnages seraient capables de moduler leur voix, leurs expressions faciales et leur langage corporel en fonction de l’intensité de leurs émotions et de la situation dans le jeu.
Cette avancée pourrait révolutionner les capacités d’ingénierie audio des studios de jeux et de cinéma, avec pour résultat des voix artificielles hyperréalistes, émotionnellement expressives et contrôlables.
Des comportements changeant de manière imprévisible
C’est ce que cherche à faire Emoshape, créée par le Français Patrick Levy-Rosenthal avec son composant électronique Emotion Processing Unit. L’EPU de cette start-up située à New York est capable de déterminer en temps réel les émotions des utilisateurs et à permettre aux robots et autres applications comme des jeux de répondre avec un état émotionnel en phase avec celui de l’utilisateur.
La dernière version de l’Emotion Processing Unit (ou EPU3) d’Emoshape sera bientôt livrée via le cloud. Il ne sera donc plus nécessaire d’utiliser la puce physique. Elle permettra à tous les personnages du jeu, qu’ils soient joueurs ou non, de devenir sensibles. Ils auront leurs propres états émotionnels et ressentiront l’expérience du jeu tout comme les joueurs humains. Par conséquent, leur comportement changera de manière imprévisible !
« Dans le monde actuel du développement de jeux, tout est scénarisé et tous les comportements sont basés sur des règles. Rendre les personnages sensibles apportera une nouvelle dimension à la façon dont nous apprécions nos jeux en ligne préférés. Par exemple, dans un jeu de guerre, le même personnage peut vouloir se battre à un moment donné et vouloir s’envoler quelques secondes plus tard. Ce comportement dépendra entièrement de la façon dont le personnage perçoit émotionnellement la situation de sa vie dans le jeu », expliquent les responsables d’Emoshape Inc.
L’EPU pourrait ainsi prolonger la durée de vie des jeux en permettant aux personnages de développer des personnalités et des apprentissages qui pourront être retenus sur une longue période.
Cependant, les chercheurs en IA et en neurosciences s’accordent pour l’instant sur le fait que les formes actuelles d’IA ne peuvent pas avoir de réelles émotions, car elles n’ont pas de mémoire émotionnelle équivalente à celle de l’Homme avec sa construction qui démarre dans l’enfance et se poursuit avec l’apprentissage de la vie dans l’adolescence puis l’âge adulte.