La radio numérique terrestre doit (enfin) prendre l’antenne

Longtemps à l’état embryonnaire en France, la radio numérique terrestre (RNT) va affirmer sa présence sur les ondes cette année. Où, quand et comment l’écouter ?

« La France est en retard ». La formule est parfois excessive mais, dans le cas de la radio numérique terrestre (RNT), elle reflète une réalité. Alors qu’en Allemagne, au Royaume-Uni ou encore aux Pays-Bas, neuf habitants sur dix ont accès à la radio en qualité numérique, la grande majorité des Français en est privée. Pourtant, le chantier de la RNT est ouvert depuis une dizaine d’années. Mais les groupes radiophoniques, privés comme publics, craignent les investissements et l’afflux d’une nouvelle concurrence, émiettant le marché publicitaire. Toutefois, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a persévéré et la RNT prendra une nouvelle ampleur sur le territoire à partir de 2018. C’est l’occasion de faire un point complet sur la radio numérique.

Où et quand ?

A Nantes et à Saint-Nazaire, plusieurs stations de radio associatives se sont regroupées pour expérimenter la RNT dès 2007. Mais il a fallu attendre l’été 2014 pour que la radio numérique fasse ses débuts officiels à Paris, Nice et Marseille. Le calendrier s’est accéléré il y a peu : la RNT sera déployée au printemps prochain à Lille, Lyon et Strasbourg, puis dans une trentaine de grandes agglomérations d’ici à 2020.

Les principaux bassins de population devraient être couverts progressivement d’ici à 2020.

Quelles stations écouter ?

Les petites radios associatives et indépendantes, exclues d’une bande FM saturée, accueillent la RNT comme une aubaine. Au nombre de plusieurs dizaines, elles sont majoritaires aujourd’hui et partagent les ondes ici et là avec quelques stations nationales et commerciales, comme Skyrock à Nice. WorldDAB, l’association internationale qui assure la promotion de la RNT, dresse un annuaire sur son site.

Les grands groupes privés (NRJ, RTL, Lagardère Active et NextradioTV) boudent ce mode de diffusion, car ils préfèrent miser sur la radio via Internet, moins coûteuse et plus lucrative de leur point de vue. Mais ils y viendront probablement. Le service public, soumis à des restrictions budgétaires, a tardé lui aussi à investir. Les auditeurs lillois, lyonnais et strasbourgeois pourront cependant écouter en qualité numérique les stations FIP et Mouv’, appartenant à Radio France, dès le printemps prochain.

Petite parenthèse technique : les stations ne sont plus assignées chacune à une fréquence réservée, comme sur la bande FM, mais affectées à des canaux multiplexés, qui regroupent chacun entre 9 et 13 stations. Le même principe vaut pour la TNT. Les multiplexes de la RNT sont diffusés dans la bande III VHF, entre 174 et 225 MHz. A comparer avec la FM, située dans la bande II entre 87,6 et 107,9 MHz.

Quelle qualité sonore pour la radio numérique terrestre ?

Comparativement à la radio FM de type analogique, la RNT diffuse un signal numérique. Adieu les parasites, donc. Mais qui dit signal binaire, dit réception binaire : c’est tout… ou rien. Il en va de même pour un tuner TNT.

Les premiers tests de radio numérique terrestre (ou DAB, Digital audio broadcasting), dans les années 80, reposaient sur la technique de compression Mpeg 1 / 2 Audio Layer II, puis Layer III (le fameux MP3). Depuis quelques années, le format DAB+ s’impose : le flux audio est encodé avec le codec HE-AAC v2, version améliorée du codec AAC, basé sur Mpeg-4. Difficile toutefois de connaître le débit, sachant qu’il varie selon la composition du multiplexe. La qualité est proche de ce que l’on peut entendre sur les plateformes de streaming musical.

Quels avantages ?

A l’instar du RDS (Radio Data System) pour la FM, des métadonnées peuvent accompagner le signal audio de la RNT. Profitant d’une bande passante supérieure, elles contiennent des images (pochettes d’album, photo d’animateur…), qui s’afficheront sur un récepteur doté d’un écran, des textes et autres infos estimées utiles par le diffuseur. L’avenir dira si l’auditeur y trouvera un intérêt ou non.

Le signal radio numérique peut être accompagné de texte, comme pour le RDS en FM, mais aussi de logos ou d’images.

Autre bénéfice du numérique : mémoriser ou chercher à tâtons les fréquences des stations n’est plus nécessaire. De la même manière que pour la TNT, un scan permet de répertorier les stations disponibles dans la zone de réception et de les identifier rapidement. L’écoute d’une station radio sur la RNT préserve en outre l’entier anonymat de l’auditeur, alors qu’une webradio collecte plusieurs informations, dont l’adresse IP.

Comment capter la RNT ?

Un tuner DAB+ est indispensable pour capter la RNT, ce dont un simple poste FM est dépourvu. Etant donné la couverture dérisoire de la RNT aujourd’hui en France, les équipements compatibles ne se bousculent pas : quelques petits postes de radio ou des radios-réveils commercialisés par Sony et Philips notamment, et certaines mini-chaînes, chez Denon en particulier. Ils captent heureusement aussi la FM, dont la disparition n’a pas encore été programmée en France.

La Sony XDRV1BTD combine un tuner DAB+, un tuner FM et le Bluetooth. Elle bénéficie en plus d’une batterie avec 25 heures d’autonomie.

L’évolution de l’autoradio, qui concentre un bon tiers du temps d’écoute total de la radio, constitue le principal enjeu. Le souci est le même : tant que la RNT n’est pas disponible à grande échelle sur le territoire, en particulier sur les axes autoroutiers, les fabricants d’autoradios et leurs distributeurs ne se pressent pas. Cependant, d’après WorldDAB, 15 % des véhicules neufs en France sont vendus équipés d’un récepteur DAB+ en première monte.

L’offre devrait mécaniquement s’étoffer dès que 20 % du territoire français sera couvert, d’ici à 2020 : les fabricants auront l’obligation d’incorporer un tuner DAB+ dans leurs équipements. L’offre nourrissant la demande et inversement, une dynamique vertueuse devrait alors s’instaurer.

 

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