NVIDIA annonce des écrans 360 Hz : mais jusqu’où iront-ils ?!

Au CES 2020, NVIDIA et Asus ont présenté un écran dont la fréquence atteint 360 Hz. On entend déjà les oiseaux de mauvais augure piaffer leur « ça ne sert à rien », « de toute façon l’œil est incapable de le percevoir », quand on ne tombe pas carrément dans le « attention à la cinétose » voire « vous allez saigner des yeux ». Il est temps de calmer le débat et revenir sur quelques préjugés.

Asus ajoutera à son catalogue l’été prochain le ROG Swift 360. Aucune compromission n’a été faite explique NVIDIA dans la vidéo ci-dessous, et pourtant l’écran ne dépasse pas le Full HD pour une diagonale de 24,5 pouces. C’est un peu court jeune homme, comme dirait Cyrano, mais la peste soit de notre médisance, nous ne regardions pas l’élément important de la fiche technique. Ici, seule la fréquence compte.


La vidéo ne laisse pas planer de doute sur la cible de ce moniteur. Si toutefois le grand public est séduit par ces arguments, il n’y a pas de raison de refuser une vente !
« 360, ce n’est pas un peu beaucoup ? »

À chaque palier les mêmes débats réapparaissent, et cela quel que soit le support. Quand l’iPad pro a affiché du 120 Hz, certains se posaient la question du bienfondé d’une telle fréquence sur tablette pendant que d’autres se plaignaient déjà de nausée. Entend-on encore parler aujourd’hui d’une vague de vomi sur les périphériques à la pomme ?

En revanche, il suffit d’ouvrir dessus une page web et de la faire rapidement défiler pour se rendre compte du confort qu’apporte une telle dalle. Le 144 Hz sur nos moniteurs fut accusé des mêmes maux.

Déjà en 2018, nous avions interrogé le Dr Gille Renard, directeur scientifique de la Société Française d’Ophtalmologie (SFO), au sujet des fréquences et de la distance oeil/écran . Il nous expliquait « l’œil supporte jusqu’à 50 images par seconde (50 Hz) et il est encore plus heureux au-dessus, car cela évite le flickering (le scintillement des images). Notre cerveau est un ordinateur et les yeux de simples caméras : c’est lui qui fusionne les images et c’est ce qui entraine la fatigue cérébrale ».

Il n’est donc pas dangereux et même plutôt conseillé de monter en fréquence, même si les nouvelles sensations que cela apporte sont un changement d’habitude qui peut en indisposer certains dans les premiers moments d’utilisation. Il suffit toutefois de s’être habitué au 144 Hz et repasser en 60hz pour se rendre contre de l’agrément dont on se prive.


NVIDIA démontre que le ghosting, le tearing et la latence sont moins présents en augmentant la fréquence. Mais le grand public a-t-il besoin de casser son PEL pour dépasser le 144 Hz ?

L’intérêt de la hausse à 360 Hz, sans oublier le palier du 240 Hz déjà atteint ou encore du 300 Hz qui débarque sur PC portables, est cette fois plus ténu. Les arguments du « je vais être malade » ou « l’œil ne voit pas la différence » ne se pose toujours pas, en revanche on est en droit de s’interroger sur la cible d’un tel produit.

« OK, on nage en plein argument marketing »

Tout argument donné par un constructeur est forcément destiné à faire vendre, donc tout est marketing. Monter si haut en fréquence est aussi une vitrine technologique. NVIDIA et Asus savent le faire et il est toujours bon de gonfler le torse face à la concurrence.

En plus de l’intérêt de passer à 360 Hz pour le tout-venant, la configuration capable d’alimenter un tel monstre doit rester en tête des particuliers qui souhaitent se lancer dans le grand bain.

La communication de Nvidia reste toutefois claire sur la cible d’un tel produit : cet écran se destine aux pro gamers et peut sensiblement augmenter leur précision grâce à une fluidité exemplaire. Comme dans un jeu de combat où les enchainements se calculent à l’image près, des frames se rafraichissant à moins de 3 ms offrent une latence extrêmement basse tout en évitant le tearing. Un gain potentiel pour les joueurs confirmés ou ceux qui ambitionnent de le devenir.

Si vous n’êtes pas de ceux-là, il convient de vous demander si une telle fréquence est l’argument majeur d’un moniteur et si cela mérite un investissement plus important que du 144 Hz en 2K aujourd’hui plus accessible. Notez que le tarif du ROG Swift 360 n’a pas encore été communiqué mais on suppute qu’il ne sera pas du genre à épargner les portefeuilles !

 

« Alors la fréquence, c’est primordial ? »

Déjà il faut savoir de quoi on parle : du rendu ou de votre efficacité sur le champ de bataille ?

Dans le premier cas, la réponse est NON, mais oui un peu quand même ! À chaque fois que la tentation du PC master race nous titille, nous nous remémorons la grande beauté de God Of War alors que le jeu ne tourne pas à plus de 30 FPS sur la PS4 classique. Pourtant le résultat est stupéfiant et d’une fluidité hors pair sur une machine poussive et non synchronisée avec le téléviseur. Toute la fluidité du monde ne vaut pas une direction artistique remarquable et un moteur aux petits oignons. En revanche, quand vous ajoutez à du travail bien fait des hautes fréquences et la synchronisation GPU/moniteur, les astres s’alignent, c’est le nirvana.

Concernant votre habilité à accumuler les kills, là encore, la réponse navigue entre le oui et le non. La fréquence augmente la fluidité de l’image donc votre perception de la cible et votre réactivité, mais elle ne fait pas de miracle. Il suffit d’un élément d’une chaîne, que ce soit une interface ou une souris mal réglée, pour vous faire perdre l’avantage pris par un écran remarquable.

Un moniteur 144 Hz en FreeSync ou G-Sync est aujourd’hui la base avec si possible une image en 2K. Le 240 puis le 360 Hz seront sans doute un jour des moniteurs au tarif plus mesuré et il n’y aura aucune raison de s’en priver. En attendant, il est simplement urgent d’attendre.