The eSport Academy, an 2

par Denis P., chargé de contenus et passionné des contenants. Feu CM et héraut de la cuisine (ce qui n’a strictement rien à voir), il aime toucher à tout le High-Tech sans en être un technicien. A tout de même une forte propension à perdre son temps dans les photos et jeux vidéo.

the esport academy

Décidément, Bouguenais est une ville où le numérique se porte bien. Après le FabMake, direction The eSport Academy, structure proposant des formations autour du « jeu vidéo compétitif ». Après presque un an d’ouverture et alors que l’expansion de l’eSport ne se dément pas, quel positionnement et quel avenir attendent les élèves mais aussi l’académie…

team overwatch

Une partie de la team Overwatch en action (cliquez pour zoomer)

C’était il y a moins d’un an et c’était alors une première en France. Sous l’impulsion de ses 3 fondateurs (Fabien Goupilleau, Helena Mastronicola et Cédric Rivière), l’eSport Academy voyait le jour pour proposer formations courtes (1 semaine) et longues (9 mois) autour des métiers de l’eSport. L’initiative avait été largement remarquée et les médias ont vite parlé de cette « école ». Un mot qui peut surprendre pour parler jeu vidéo d’autant qu’il peut porter à confusion : ici, pas de diplôme.

« Il y a des cours et une dimension éducative, c’est donc un peu une école. […] Nous avons eu des contacts pour valider nos formations mais il faut de l’ancienneté pour que cela soit reconnu. Sans compter qu’il est difficile de délivrer un diplôme pour un métier qui n’existe pas » nous explique Vincent, à la fois community manager et assistant.

Le jeune homme nous reçoit avec Brice, coach de l’équipe League of Legends (la TEA Meteor) mais aussi assistant de vie scolaire et de vie en communauté ! Car à l’eSport Academy, tout le monde met la main à la patte. Les élèves qui ont fini ou terminent leur formation Full XP Camp (6000€, logé, nourri) font office de profs ou de parrains pour les moins aguerris qui rejoignent la structure. En attendant de voler de leurs propres ailes dans le monde de l’eSport.
Julien, manager de l’équipe Overwatch en est un témoin symbolique. Élève sur League of Legends avec son niveau platine, il nous expose avec fierté avoir été « l’un des 1ers à postuler dans la 1ère école eSport de France ! ». Local de l’étape (il a grandi à Rezé), Julien a fait rentrer le titre de Blizzard dans l’académie et a pris la tête du projet. Coaching mais aussi logistique, comptabilité et même gestion « sociale », Julien fait tout en apprenant sur le tas. Lui rêve de « snowball l’académie », de les multiplier sur le territoire.

Au fond de ce couloir une porte entrouverte… mais pas de musique étrange, juste les chambres !

Au fond de ce couloir une porte entrouverte… mais pas de musique étrange, juste les chambres !

De l’ambition et des améliorations

Le credo de la « TEA » est d’aborder tous les rôles autour du eSport, de l’événementiel au streaming en passant par le coaching et évidemment le statut de joueur Pro, le saint Graal pour la plupart. « C’est pourtant le statut le plus difficile évidemment, détaille Brice. Il faut surtout beaucoup de talent. Ici, si ça ne suit pas, nous essayons de les freiner. Nous avons eu beaucoup de cas comme cela la première année ». Les « erreurs de jeunesse » seront d’ailleurs corrigées l’année prochaine pour renforcer la vocation de la structure tant d’un point de vue organisation des rythmes que des approches proposées.

Si le fonctionnement est de type Gaming House, c’est qu’il permet de progresser plus vite : « ce n’est pas donné à tout le monde que tout soit géré au même endroit. C’est comme chez les Pros » souligne Brice. Pour autant, The eSport Academy entend bien cultiver ses particularités qui ne sont pas sans combattre les habituels clichés sur les gamers : entre la charte de bonne conduite et quelques règles de vie affichées ici et là, les élèves ne sont pas ici uniquement pour jouer, ils sont aussi responsabilisés. Sport, communication externe et direction de projet font partie entre autres des thèmes abordés. « Après, les débouchés se trouvent au culot, nous confie Brice. Le but, c’est aussi de percer ailleurs ».

Ce tremplin est ouvert aux joueurs de plus de 18 ans (le doyen, joueur de Smite, a 30 ans), plus matures et faciles à cadrer selon le staff. Ils sont une trentaine à être passés par l’académie en moins d’un an, venus de toute la France et même de Belgique. Si le profil post-bac semble idéal, car il permet après un an de repartir sur des études plus classiques, il y a une vraie sélection à l’entrée : « il y a une ébauche de projet à rédiger. Il faut que cela soit réalisable, concret. Ils ne sont pas ici pour jouer pendant 9 mois ! » résume le coach de la TEA Meteor.

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Des propos qui rassureront (peut-être) certains parents. « Les miens m’ont compris même s’ils étaient sceptiques, affirme Brice. Si on explique… ». « C’est un risque quand on est jeunes, poursuit Vincent. Mais c’est aussi le cas dans le sport traditionnel ».

La grande famille du (e)sport

La comparaison avec le sport n’est pas fortuite. Outre le nom, l’esport emprunte de plus en plus de codes au monde des Messi, Bolt et autres sportifs professionnels. C’est sans doute ce qui lui permet d’ailleurs de sortir de l’ombre, la lumière médiatique des gros acteurs qui arrivent étant très forte. Mais au-delà de l’exposition, ce sont les méthodes des sportifs qui se dupliquent dans l’esport. « Il y a en effet beaucoup de similarités, explique Brice. Au LCS (championnats d’Europe de LoL, NDLR), on croise des psychologues, des coaches spécialisés dans la stratégie ou autres, des analystes… ». « Le coach des Fnatic venait du poker, renchérit Vincent. Un entraineur de basket par exemple pourrait apporter beaucoup sur le terrain du mental et de la cohésion d’équipe ».

A la TEA, on apprend aussi à streamer.

A la TEA, on apprend aussi à streamer.

L’eSport Academy ne devrait pas louper ce wagon de la maturité. Des psychologues y sont également intervenus et reviendront. Le programme physique quotidien n’y est pas obligatoire mais tout le monde semble en avoir compris l’importance sous l’impulsion d’un coach doté d’un STAPS et également joueur d’Hearthstone.
Et quoi de mieux que l’esprit de compétition pour entretenir cette flamme. Pour la DreamHack ou la Gamer’s Assembly, l’équipe TEA visera le top 6-8. Il est toujours plus facile de se faire recruter après de bonnes prestations. Car que cela soit pour les élèves ou la structure, comme en sport, « il n’y a que le résultat qui compte ».