Le futur du jeu est un monde où vous lancez n’importe quel titre, entouré de qui vous voulez, quand vous le souhaitez, où que vous soyez et sur n’importe quel support. C’est ainsi que Microsoft introduit son projet Xcloud. Et le nuage prend des allures de cyclones.
Commençons par un rappel aussi délicat qu’un coup de massue : aucune offre actuelle de jeu par abonnement ne se montre assez complète et convaincante pour séduire le grand public, un point que nous avons déjà abordé dans ce papier. Le progrès technologique semble toutefois prendre la direction du nuage. De plus en plus d’annonces illustrent l’arrivée imminente du cloud gaming avec en tête, une fois n’est pas coutume, Microsoft.
Lors de la conférence E3 2018, Phil Spencer évoque le projet Xcloud dont la phase de test commence en 2019. Il dévoile en réalité un secret de polichinelle. Microsoft maitrise les enjeux des réseaux et du cloud et n’allait clairement pas limiter ses compétences aux professionnels et aux photos de Mme Michu sur OneDrive.
Avec son infrastructure Azure déployée dans 54 régions du globe et capable de servir 140 pays, Microsoft remporte a priori le pari d’une faible latence, un point sensible pour les gamers. De plus, le géant américain assure que les jeux seront à leur aise en 4G et 5G grâce à leurs algorithmes de compressions. Ainsi il suffirait d’un débit de 10 mégabits (1.25 mégaoctet seulement) pour une expérience fluide !
Admettons qu’il ne s’agit pas de promesses faites sur le sable ; ce n’est pas demain la veille que l’on parcourra les océans de Sea of Thieves sur une tablette avec des commandes tactiles ! Là encore, cet argument prend l’eau puisque la firme de Redmond sort de ses cartons un projet de manette s’inspirant de l’ergonomie de celles des consoles et capable de se clipser de chaque côté d’un écran tactile.
Samsung n’a pas manqué de montrer son soutien au projet en affirmant que leurs appareils seraient adaptés à Xcloud. Autre point important : nul besoin de demander un effort aux éditeurs tiers, leurs titres sont d’ores et déjà compatibles, il ne s’agit pour eux que d’un potentiel bonus.
Microsoft n’a pas sorti la grosse artillerie à la hâte par hasard. C’est en réalité Google qui a versé le premier sang en dévoilant son projet Stream, lancé en partenariat avec Ubisoft. Les joueurs résidant aux États-Unis (ou les petits malins via un VPN) ont testé Assassin’s Creed Odyssey dans une version full HD à 60 images par seconde lancée depuis… Google Chrome. Les premiers retours font état d’un jeu étonnamment fluide. On imagine le potentiel que peut représenter un AAA jouable depuis un navigateur pourvu que l’on soit doté d’une connexion assurant les 25 mégabits par secondes (moins de 3.5 mégaoctets).
On le sait, NVIDIA travaille sur son projet cloud avec le GeForce Now pour l’instant en version bêta. Au regard du prix d’une RTX 2080 Ti, un abonnement raisonnable qui ne nécessite pas la fibre pour en profiter pourrait vite nous faire les yeux doux. Electronic arts entre aussi dans la danse en dévoilant le projet Atlas. Peu d’informations ont filtré, mais il s’agit d’un système basé sur le cloud et réservé aux jeux de l’éditeur. N’oublions pas le PlayStation Now qui se montre convaincant sur le plan technique, mais pèche du côté du modèle économique.
Si le Netflix du jeu vidéo n’existe pas, il prend forme. Même si nous ne connaissons pas encore les prix et les catalogues de tous ces projets, les barrières techniques s’effacent les unes derrière les autres. On se demande même s’il n’est pas souhaitable, d’un point de vue écologique, que nos PC et smartphones deviennent des « boites vides » dont la puissance évolue au gré de celles de datacenters maitrisant leurs dépenses énergétiques.
Dans ce futur hypothétique mais envisageable, nos téléviseurs, tablettes, mobiles ou boitier du type Shield TV se dotent d’applications Xbox, PlayStation, Nintendo, garnies de nombreux hits, toutes générations confondues. La fibre étendue à tout l’hexagone offre des solutions de cloud computing efficaces et bon marché. Nos postes de dépenses se concentrent alors sur des périphériques plus qualitatifs et confortables : DAC, casques, claviers, souris, manettes, NAS, écran grand format somptueux. Des produits chers à l’achat, mais remarquables et capables de nous suivre une décennie ou plus. Une perspective qui nous envoie, nous aussi, sur un petit nuage.