Afin d’illustrer notre article sur le phénomène de coaching dans le monde de l’eSport, quoi de mieux que de donner la parole à un expert en la matière ? Anthony « Zash » Danel a débuté le coaching sur la plateforme spécialisée Egg-One, il y a 4 ans. Avec plus de 3500 heures de cours donnés et plus de 540 avis pleinement satisfaits, Zash fait partie des coachs les plus expérimentés et les plus plébiscités du site de coaching. Nous l’avons donc interrogé sur son activité qui l’occupe à plein temps à présent.
Q : Comment es-tu passé coach ?
Z : Je n’ai jamais vraiment été un « joueur » de League of Legends dans le sens où je n’ai jamais essayé de monter dans les premiers du classement en m’entrainant dur chaque jour. Pour autant j’ai beaucoup joué, essentiellement avec des amis et je me suis vite retrouvé à leur donner des conseils malgré le fait que je n’étais pas encore vraiment classé. Un jour, je me suis dit « pourquoi ne pas essayer de monter dans le ladder pour voir de quoi je suis capable ? ». Je me suis vite retrouvé dans les hauts classements et ayant déjà aidé pas mal de mes amis à s’améliorer, je me suis lancé dans l’aventure du coaching. C’était l’une des portes de sorties les plus prometteuses pour moi après une période un peu délicate de ma vie.
Q : Après 4 ans de coaching, qu’est-ce qui a le plus évolué dans ce domaine ?
Z : C’est avant tout la mentalité des gens vis-à-vis du coaching qui a changé. Au début, beaucoup d’élèves semblaient avoir un peu honte de payer quelqu’un pour leur apprendre à jouer. Mais avec le temps, les élèves semblent plus à l’aise avec ce concept. Le coaching ne prend pas spécialement d’ampleur pour le moment, mais gagne en crédibilité. Je pense que c’est la première étape avant que celle de l’ampleur arrive !
Q : Tes méthodes de coaching sont-elles toutes personnelles ou existe-t-il des do’s and don’t dans votre domaine ?
Z : Difficile de répondre, chaque coach et élève étant différents. Je pense qu’une bonne séance de coaching est avant tout improvisée. Faire un programme bien précis avec 5 minutes de marge d’erreur est très handicapant car chaque élève réagit différemment à telle ou telle méthode. Si je devais donner un conseil à un nouveau coach, je lui dirais avant tout de prendre le temps de faire connaissance avec l’élève, discuter avec lui, chercher à le comprendre et à comprendre ce qu’il attend. A partir de ça, on peut improviser un petit programme adapté au profil de l’élève.
Q : Je parle dans notre article sur le phénomène du coaching eSport, de hobby devenu métier. Est-ce vraiment une réalité dans ton cas ? Le coaching te permet-il de vivre de ta passion ?
Z : Oui effectivement, je vis exclusivement du coaching depuis un petit moment déjà. Je ne gagne certainement pas des milliers d’euros chaque mois mais je peux largement vivre sans trop me préoccuper du lendemain.
Q : Tu coach de nombreux amateurs via Egg-One, mais tu viens aussi de rejoindre une structure dont le dessein est de former aux métiers de l’e-sport. Tu coach donc de futurs joueurs professionnels ?
Z : Début 2016, The eSport Academy, une école d’eSport à Nantes, m’a contacté pour coacher ses joueurs (découvrez cette académie eSport dans notre article). Depuis je fais entre 8 et 10 heures par semaines pour eux, en coaching d’équipe, solo et duo. Avant d’être de futurs joueurs professionnels ce sont avant tout des passionnés du monde des jeux vidéo et si un jour l’un ou plusieurs d’entre eux passaient joueur professionnel grâce à moi, ce serait vraiment un honneur !
Q : Tes cours sont-ils différents entre un apprenti joueur pro et un amateur de jeu vidéo voulant juste s’améliorer à titre personnel ?
Z : La méthode ne change pas. En revanche, je suis beaucoup plus exigeant si l’élève est vraiment motivé. C’est pour cette raison que je prends le temps de bien faire connaissance avec celui-ci pendant la première séance, pour savoir à quel point je peux être sévère avec lui ! Le but du coaching est toujours le même quoi qu’il arrive : orienter l’élève pour qu’il parte dans la bonne direction et faire en sorte qu’il ne dévie pas en chemin. Quoiqu’il advienne, c’est l’élève qui avance, le coach aide simplement à diriger. Le souci est toujours de savoir à quel point l’élève est prêt à changer totalement de direction.
Q : Globalement, comment sont préparés les joueurs pro ? Ont-ils un entraînement physique à suivre, un régime alimentaire à respecter en plus de s’entraîner sur le jeu qu’ils pratiquent ?
Z : Un joueur pro doit être aussi bon sur le jeu qu’il est en forme physiquement et mentalement. League of Legends, ou tout autre jeu compétitif, demande une régularité hors-norme. Quelqu’un en mauvaise santé, triste, fatigué ou malade verra forcément ses facultés baisser de temps en temps et quelqu’un qui a un niveau en dent de scie n’est pas quelqu’un en qui on peut avoir confiance à 100 %. Donc suivre un entrainement physique régulier, un régime au moins correct et des sessions d’entrainements bien réparties avec quelques pauses (par exemple un ou deux jours par semaine) est effectivement le meilleur, pour ne pas dire le seul, moyen d’être un joueur solide et constant.
Q : Pour conclure, comment vois-tu ton métier évoluer ? L’avenir semble plutôt radieux non ?
Z : Au niveau du coaching je ne pense pas que cela changera avant un moment, bien que l’esport en France avance enfin. C’est avant tout l’aspect administratif qui change : les coachs qui gagnent suffisamment d’argent pour en vivre sont obligés de passer auto-entrepreneur. Mais les structures comme The eSport Academy et une autre dans l’est de la France pointant le bout de leur nez, il n’est pas impossible que quelques contrats CDI ou CDD de coach commencent à se montrer. S’il y a quelque chose qui pourrait changer bientôt c’est bien le sponsoring. Jusqu’à maintenant je ne m’y suis pas intéressé car j’avais peur qu’on ne me prenne pas au sérieux, mais avec l’eSport qui prend de l’ampleur et l’intérêt grandissant des entreprises, il n’y a aucune raison que nous, les coachs, soyons exclus du sponsoring !