De plus en plus puissants, de plus en plus fin et de plus en plus beaux, les PC portables gamers séduisent parfois autant qu’ils interrogent. Quelle configuration choisir, faut-il opter pour le slim, pour quel budget… Depuis 2008, le site P4G (pour Portable for gamers) informe, teste et partage ses astuces, bien aidé par une communauté active et sympa. Partenaire depuis peu de Materiel.net, P4G méritait bien un coup de projecteur avec l’interview de son rédacteur en chef, Alexandre.
Matblog : Peux-tu nous présenter le site P4G ?
Alexandre : Au départ, c’est une association fondée en 2008 dans le but de « promouvoir le PC portable à des fins ludiques ». C’est l’époque où les cartes graphiques des PC portables sont devenues intéressantes. Je cherchais un portable gamers et dans ma quête, je tombe sur P4G. A l’époque, le forum parlait déjà de bidouillages et de machines dont je n’avais jamais entendu parler. Je les ai rejoints comme membre et je suis devenu rapidement un membre productif de la communauté.
Nous voulons échanger et informer autour de cette thématique. Le PC portable gamer est un objet spécifique, déconsidéré ou regardé bizarrement. Pourtant, il est souvent utilisé par des gens pointus et passionnés. L’un de nos objectifs est de se battre contre les idées reçues et montrer tout ce que l’on peut faire avec. Car un PC portable gamer doit toujours être lié à son utilisation.
M : Depuis 2008, cela fait un sacré bout de chemin dans un marché en constante évolution et dans un secteur (l’information) loin d’être simple…
AV : Le credo de base est resté le même : les portables pour joueurs. Nous parlons également un peu plus d’accessoires. Mais P4G est une association et il y a de fait beaucoup d’arrivées et de départs. Le fondateur est ainsi passé à autre chose et j’ai tout récupéré après un crash serveur en 2017. Aujourd’hui, nous sommes une dizaine au total dont deux à l’écriture.
M : À titre personnel, et avant d’en devenir le propriétaire, comment es-tu devenu rédacteur en chef de P4G ?
AV : Je suis journaliste de formation. Et je travaille toujours dans la presse économique et agricole. Je m’occupe en parallèle de P4G, sur mon temps libre.
À la base, j’en étais un lecteur/utilisateur. Je pensais devenir modérateur sur le forum. Avec mes réflexes de journaliste, je faisais beaucoup de veille et plutôt qu’écrire 4 lignes sur le forum, j’ai écrit des billets plus longs. Et vu mon métier, je sais aussi relire, gérer une production, etc. Cela s’est donc fait naturellement, tout comme la reprise de P4G. J’aime les PC, j’aime la qualité des échanges avec la communauté et je ne voulais pas que le site disparaisse. Moi, dans tout ça, je suis une courroie de transmission.
M : Quel regard portes-tu sur le marché des ordinateurs portables pour joueurs ?
AV : C’est un marché très compliqué, d’où notre utilité ! Je reviens sur le point qui nous semble fondamental : le portable gamer est un usage particulier. Il est souvent opposé au fixe alors que sur un laptop tu ne peux pas, ou presque pas, faire d’évolutions. Il faut donc être vigilant sur beaucoup de points : les composants, bien sûr, mais aussi les matériaux, la chauffe, l’autonomie…
Or tous ces paramètres sont rarement testés et cela ne se voit pas à la lecture d’une fiche technique. Un CPU, on peut le connaître mais savoir comment il a été intégré au châssis, c’est autre chose. D’autant qu’il y a des différences entre les séries.
M : Décèles-tu des tendances actuellement ?
AV : Nous n’avons pas de chiffres sur lesquels nous appuyer. Dans la communauté P4G, nous passons tous sur du « Slim » gamer. Cela fonctionne très bien et change des modèles « Kikoo » que l’on n’ose pas toujours sortir.
Mais il y a plusieurs profils : celui de l’étudiant ou post-adolescent qui, pour 1 000 – 1 500€, cherche un rapport qualité/prix au top avec un peu de puissance. Il y a aussi les semi-pros, plutôt trentenaires voire au-delà, qui vont plutôt se tourner vers de grosses machines ou du Slim. Lorsque l’on veut bouger sans avoir 4 kgs à transporter bah… il faut du Slim. Avoir un PC qui permet de profiter de la 4K partout, c’est cool. J’en ai même revendu ma tour la semaine dernière !
M : Cette tendance est-elle due à l’intégration des cartes graphiques Max-Q ?
AV : J’ai du Max-Q. Je reste dubitatif toutefois car le GPU ne m’a jamais posé problème. C’est le CPU qui chauffe le plus. Sans compter que les modèles avec cette technologie sont plus chers.
Ceci dit, je suis plus tolérant, j’ai eu des « PC barbecue » avant et je laissais les températures monter. C’est beaucoup mieux avec Max-Q qui réduit le bruit et la chauffe. Mais, comme toujours, c’est l’usage qui prime.
Prenons mon PC portable, l’Aero 15x de Gigabyte : c’est un modèle qui ventile fort. Certains peuvent en être gênés mais c’est un parti pris du constructeur. Il offre beaucoup de puissance mais au détriment du bruit. Sur un PC portable gamer, on est obligés de faire des concessions.
Pour limiter le phénomène, j’ai pratiqué l’undervolt (qu’Alexandre vous a détaillé sur ce blog). Nous proposons sur P4G ce type d’astuces pour minimiser ces concessions et adapter sa machine.
M : Quelles évolutions peut-on attendre sur le marché des portables gamers ?
AV : Le public attend toujours plus de puissance, sans bruit et pour pas cher ! C’est une équation impossible !
Nous devrions avoir des RTX mobile à l’avenir sur les gros modèles en espérant ne pas revenir à du marketing où l’on a des GPU au même nom que sur les fixes mais pas avec les mêmes performances.
Si je devais donner un conseil aux constructeurs, c’est de simplifier les gammes. Entre les versions de puces ou de cartes-mères, pas simple de s’y retrouver, surtout sur le milieu de gamme. Il faudrait aussi intégrer de BONS SSD, partout. Un portable gaming sans SSD, c’est une voiture de sport avec un frein à mains.
Sur le milieu/haut de gamme, il y a encore des efforts à faire sur la chauffe. Pour des modèles à 3 000€, cela fait mal d’avoir ce type de problèmes comme on peut le voir sur certaines marques, même si elles ont toutes leurs petits défauts.
M : Parmi les lecteurs du matblog, nombreux sont ceux qui se sont intéressé au boîtier externe, pour transformer leur petit laptop en machine de jeu. Qu’en penses-tu ?
AV : Le PC portable est fait pour se balader… Sans compter qu’avec le boîtier externe et la carte graphique, cela fait une belle facture. On peut rajouter un gros GPU à un modèle qui n’a qu’un IGP (processeur graphique intégré). Mais cela complexifie les choses, il faut bien faire attention aux connectiques, à l’alimentation, etc. Et l’équation économique peut vite fait atteindre les 1 200€. Encore une fois, c’est l’usage qui fait Loi.
M : Quelles seront les prochaines évolutions du site ?
AV : Cette année, c’est une remise en route après sauvetage. Nous avons repris des partenariats, comme avec Materiel.net. Et nous nous sommes fixés des objectifs : proposer à nouveau des contenus réguliers ; organiser des événements avec les membres du site et du forum (très actif) ; stabiliser les équipes et les audiences ; développer plus de tests et proposer une alternative aux médias dont c’est le métier.
Faute de temps, ces derniers ne peuvent faire des analyses en fonction de l’usage. Faire un bench avec la machine posée dans un coin ne satisfait pas les utilisateurs. Nous, lorsque l’on teste, nous nous servons du PC au quotidien pendant plusieurs semaines. C’est un partage d’expérience. Nous travaillons également sur des « protocoles de tests » simplifiés pour que chacun puisse tester sa machine simplement et faire, s’il le souhaite, un retour vers la communauté.
Nous avons un petit côté association de consommateurs grâce à notre communauté, il faut donc que nous développions le côté services également.