Il y a quelques semaines, Sonos, le spécialiste américain de l’audio multiroom, mettait la main sur Snips, expert français du contrôle vocal. Un événement qui a pu paraître étrange car la marque intégrait déjà des Alexa et autres Google Assistant dans ses produits connectés. Pourtant, lorsque l’on parcourt l’histoire de Sonos, c’est presque logique : face aux défis qu’il a dû surmonter avant de s’imposer, le constructeur a d’abord toujours compté sur… lui-même.
©Sonos
« Réinventer l’équipement audio pour la maison, aujourd’hui et demain ».
C’est ainsi que se présente Sonos. Et pour bien comprendre le fabricant, tous les mots comptent. Nous reviendrons sur la dimension technologique, évidemment la plus intéressante en tant qu’utilisateur, mais la trajectoire de Sonos permet de mieux comprendre ce qu’il est en 2019.
Petit retour vers le passé, les années 90 pour être plus précis.
Alors en doctorat à l’université de Santa Barbara (la ville, pas la série ^^ #blaguedevieux), John MacFarlane (qui n’a rien à voir avec John MacLane, #presqueuneblaguedevieux), rencontre Tom Cullen, Trung Mai et Craig Shelburne. Ils créent Software.com, spécialisé dans les services web et rapidement racheté en 2000. Les quatre compères décident alors de rester ensemble, partageant une vision de ce qu’allait devenir Internet et de ce qu’allait apporter la numérisation.
John MacFarlane lance alors une première idée dans le domaine de… l’aviation, un service LAN dans les avions ! L’idée ne soulève pas les foules mais la seconde va faire mouche. Et à une époque où l’on stocke CD et cassettes, le quatuor s’oriente déjà vers ce qui ne s’appelle pas encore le multiroom : comment écouter sa musique partout dans sa maison sans installer 50 enceintes, 3 km de câbles et tous les trous dans les murs qui vont avec !
Les premiers travaux du quatuor originel de Sonos ©Sonos
Aucune technologie à l’époque ne le permet alors… ils l’inventent en s’appuyant sur le Wi-Fi et le maillage (réseau mesh). Mais ces systèmes ne permettaient pas de transmettre de l’audio et de se passer d’un PC. Sonos a dû imaginer le sien tout en gardant l’utilisateur final au cœur de ses solutions.
Et il aura fallu des mois de développement, de nombreux loupés, des recrues phares et des choix forts pour parvenir à commercialiser en 2005 le premier produit Sonos, le ZP100.
Et le streaming audio rentra dans les mœurs…
Près de 15 ans et 500 brevets plus tard, Sonos s’impose comme LE spécialiste de l’audio domestique. La compréhension des atouts d’un système multiroom fut longue à distiller mais répondait à un réel besoin avec l’avènement du numérique : comment écouter dans les différentes pièces de la maison la même musique ou une différente ? En répondant à ce besoin, Sonos poussait le streaming musical beaucoup plus haut. La percée des plateformes de diffusion audio et des smartphones aura fait le reste et consacré Sonos.
Mais avec son enceinte Sonos Move lancée cette année, la marque est sortie de la maison. Si elle n’abandonne pas le Wi-Fi pour pouvoir être utilisée en intérieur avec une très bonne qualité audio, cette enceinte assez massive est le premier produit Sonos à s’appuyer sur le Bluetooth. Le constructeur américain ne pouvait rester de marbre face à l’explosion des enceintes nomades. Mais il ne pouvait non plus renier son passé d’innovation. Ce fut également palpable lorsque le constructeur a dévoilé ses barres de son Beam, dotées d’assistants vocaux et du protocole AirPlay 2, une rareté, ou encore du design très original du caisson de basses Sonos Sub.
L’histoire de Sonos continue donc et son esprit s’inscrit dans la durée : la preuve, John MacFarlane a laissé la direction en 2017 à Patrick Spence, à l’origine du rachat de Snips. La boucle Sonos n’est pas bouclée, elle continue…
