Riot Games : Blizzard et Valve dans le viseur

Il était d’usage de pouffer à la simple évocation du « S » de Riot GameS tant la société a fait florès sur un unique titre. C’est oublier que League Of Legends s’est transformé au cours de ses 10 premières années d’existence et a institutionnalisé l’esport. Aujourd’hui Riot investit le pré carré de Blizzard et Valve avec ses nouveaux jeux, Valorant (voir notre test) et Legends of Runeterra. Mais tournons d’abord quelques pages d’histoire.

Pour commencer, on copie-colle…

Brandon « Ryze » Beck et Marc « Tryndamere » Merrill sont deux jeunes pleins d’avenir puisqu’ils se destinent à des carrières de banquier, d’analyste financier ou autres métiers respectables. Malheureusement, ces deux garnements ont une honteuse fascination pour les jeux vidéo et notamment les mods issus des légendaires Starcraft et Warcraft. La communauté s’est en effet emparée des outils de création proposés par Blizzard et a imposé des règles qui conduiront plus tard au passionnant, mais aride Defense Of The Ancients, autrement connu sous le nom de DOTA.

Considéré comme le précurseur de LoL, Dota est toujours là mzaais ne compte pas une communauté aussi grande que le titre de Riot.

En 2006 les deux lurons fondent Riot Games et commencent déjà à pratiquer un art dans lequel ils sont vite passés maitres : lorgner par-dessus l’épaule du voisin puis rendre une copie encore meilleure. Ils reprennent donc le concept de bataille multijoueur en arène ou, en anglais, Multiplayer Online Battle Arena. Pour être sûr de ne pas se planter, ils intègrent dans leurs effectifs des éminences grises de la communauté DOTA, notamment Steve Fick, l’un des fondateurs du jeu. Sûrs de leur succès, les deux créateurs lèvent la bagatelle de 8 millions de dollars pour développer.

Il va y avoir de l’Esport

En 2009 sort League Of Legends. Si le jeu s’achète en boite, il est possible de le récupérer gratuitement sur le web en free-to-play. Le modèle économique existe déjà depuis quelques années mais souffre d’une mauvaise réputation, notamment celle d’avoir une gratuité approximative privilégiant le pay-to-win. Riot choisit de réserver les achats au cosmétique, un pari osé pour l’époque… Ils font sauter la banque !

L’un des « exloits » de Riot est d’avoir évité le Pay-To-Win. Les cosmétiques comme les skins sont les seuls éléments payants. On achète des habits pour nos poupées en somme ^^

Brandon et Marc flairent aussi le potentiel de l’esport. Avant 2010, cette discipline impressionnait les joueurs, mais restait un épiphonème concentré sur quelques pays d’Asie, notamment la Corée, et l’Amérique du Nord. League Of Legends amène ces sportifs d’un nouveau genre jusque dans les stades ou les salles de spectacle où les tournois se déroulent aujourd’hui à guichet fermé. La route du succès est toute tracée : Riot créé sa ligue, les médias grands publics commencent à montrer de l’intérêt, les sponsors suivent, puis des équipes professionnelles de sport (basket aux USA, football en Europe) entrent dans la danse et finissent de professionnaliser la discipline.

Résumé en trois lignes, ça parait simple, mais beaucoup d’éditeurs ont essayé de leur emboiter le pas sans succès. Riot Games est dans une excellente dynamique et ne compte pas s’arrêter là.

Riot sait travailler son lore pour donner énormément de matière à LoL et en faire profiter Runeterra ou TFT. Leur projet Riot Forge va donner encore davantage de profondeur à leur univers.

Riot is the new Blizzard

League of Legends fut donc pendant longtemps le chef-d’œuvre de Riot Games. Pas de quoi être fier, c’était la seule œuvre de l’éditeur ! Mais cette ère est finie. Trois titres sont en lancement depuis l’année dernière et ce n’est qu’un début.

La méthode du copier/coller/peaufiner reste de mise puisque Valorant est un habile mélange de Counter Strike, Team Fortress et Overwatch, alors que Legends of Runeterra puise dans le meilleur d’HearthStone et le dilue dans du Magic.

Réduire ces deux jeux à un simple pompage serait toutefois faire peu de cas du talent de Riot pour saisir l’essence d’une jouabilité et l’adapter à la fois au grand nombre et au compétitif.
Valorant est à l’heure actuelle, selon nous, leur projet le plus compliqué à imposer, car il a un lore à construire. En revanche, Runeterra bien moins grandiloquent et plus fin que ses pairs pourrait enfin descendre Hearthstone de son piédestal.

« Et le troisième jeu » disent les deux du font qui suivent ? Teamfight Tactics directement inspiré de l’autochess de Dota s’est déjà imposé comme l’un des meilleurs de sa catégorie. Riot semble avoir touché le fleuve pactole et ce n’est pas fini. Un jeu de gestion est dans les cartons (LoL Esport Manager), ainsi qu’un hack and slash et un jeu de combat. Rien que ça…

Non content de performer sur PC, les titres de Riot débarquent sur Mobile. Tencent pourrait frémir pour son Arena of Valor… si Riot ne lui appartenait pas déjà à 100 %.

Un univers en expansion

Conscient de l’univers qu’ils ont créé avec les dizaines de héros de leur MOBA, Riot se sent prêt à laisser d’autres studios construire leur mythologie. Il créé ainsi Riot forge et enjoint des développeurs à proposer des projets autour du lore de LOL.

Pour l’instant, deux jeux ont été révélés ; Ruined King et Conv/rgence. Tous les deux portent l’estampille A league of Legends Story, afin d’attirer le chaland et ôter tout doute sur le fond du jeu. Le premier est un RPG avec un système de combat au tour par tour. Le second est un jeu de plateforme action en solo.

Le but n’est pas de créer des AAA, mais d’ajouter des productions indés suivies de près par l’éditeur, puis entretenir la hype autour de League of Legends.
Cette fois, plus de doute, Riot GameS a bien mérité son S !