En quelques Tweets, Microsoft a dévoilé un plan de bataille surprenant. Loin derrière Sony sur la génération actuelle, le géant américain fait le pari d’une offre globale incluant un pass, le jeu en ligne, le cloud, la rétrocompatibilité et un paiement en 24 mois. Un choix qui dépasse l’univers console et rejaillit sur nos smartphones et PC.
Une offre console à décoder
Microsoft a présenté sa stratégie concernant les Xbox Series X et Series S. Nous n’allons pas rentrer dans les détails hardware, en revanche nous ne pouvons passer à côté des offres et de ce qu’elles englobent. Bien sûr il est possible d’acheter les deux consoles plein pot et sans service supplémentaire, mais Microsoft met largement en avant un écosystème complet. A savoir :
– Une console à payer en 24 mois (24,99€ pour la Series S, 34,99€ pour la Series X)
– Le Xbox Game Pass avec un catalogue de plus de 100 jeux pour console et PC
– Les jeux gratuits et les avantages du Xbox live gold
– Le cloud à lancer depuis votre PC ou votre téléphone Android
– La rétrocompatibilité avec la majorité des titres de toutes les précédentes Xbox
– L’EA Play, soit une soixantaine de jeux Electronic Arts et la possibilité de jouer 10 heures aux nouveautés
Si vous étiez déjà un Xbox fan avec un PC en prime, il y a juste à vous friser les moustaches et dire « Merci ‘crosoft ». Pour 35 € (max) à Noël vous avez la next gen, le cloud et des dizaines de jeux récents, des centaines si l’on inclut le rétro. Mais calmez-vous, vous êtes un cas rare !
Que deviennent le Game Pass et le cloud
Première conséquence, le Xbox game pass sort de sa bêta PC le 17 septembre et passe à 9,99 € par mois. Loin d’être du back catalogue, on trouve plein de nouveautés à installer et jouer en local. Des Crusaders Kings III, Flight Simulator, Wasteland 3 (pour évoquer des jeux récents) sont ajoutés dès leur sortie, et vous rattrapez votre retard sur Dead Cells, Dishonored, Forza, Halo, Hellblade, Ori, Yakuza, A Plague Tale, Gears of War (…). De plus l’EA Play intègrera en fin d’année cette offre PC.
Le cloud sort aussi de sa phase de test et sera accessible dès ce 15 septembre pour toutes les personnes bénéficiant du Xbox game pass ultimate.
Si les annonces autour des consoles ont cassé Twitter et sorti Sony de sa torpeur (conférence prévue le 16 septembre), on comprend vite que Microsoft cherche davantage à imposer ses services que ses consoles. Ainsi il sera possible de jouer sur tablette, smartphone et PC à plus de 100 jeux pour 13€ par mois sans même se fendre de l’achat d’une Series S ou X ou se soucier de ce qui est « current » ou « next » gen.
Le virage dans le nuage
Cela fait plusieurs années que Microsoft développe ses architectures réseau et ses datacenters à travers le monde. La plateforme Azur est aujourd’hui si efficace que même Sony y a recours pour ses services en ligne !
Sans surprise, le retour des utilisateurs sur l’application Xbox Game Streaming du Google play est globalement positif (note de 4 sur 5). Ayant nous-mêmes testé le produit, nous pouvons affirmer que l’expérience en WiFi est fluide, même s’il ne faut pas vous attendre au framerate et à la résolution console, et la 4G est aussi convaincante si vous êtes dans une zone bien couverte.
On entend d’ici les « oui, mais nous on n’a pas la fibre ». La France affiche en 2020 une couverture de près de 60 % et a un taux de progression en tête de l’Europe (3,5 millions de foyers raccordés en un an). Microsoft fait un pari sur l’avenir et les aléas techniques de la fibre et de 4G vont s’estomper avec le temps et l’arrivée de la 5G. Ça ne fait donc aucun doute, technologiquement, Xcloud est plus qu’encourageant, mais qu’en est-il de l’intérêt des joueurs ?
En l’incluant dans un pass ultimate, le cloud est pour l’instant une cerise sur le gâteau. Certains pesteront sur leur ping, des ralentissements ou un lag, mais hormis ceux qui veulent se lancer en e-sport sur leur mobile en 4G (sic), une large frange de joueurs sera peut-être ravie de retrouver leur catalogue en toute mobilité.
Il est facile de comprendre pourquoi Apple, tel Gandalf devant le Balrog, a poussé un « You shall not pass » à l’arrivée de l’application de streaming de Microsoft dans son écosystème. Leur « pommestore » et l’offre Arcade sont plus que jamais menacés par le potentiel succès du Xcloud. Qui voudra encore lancer Asphalt quand on pourra jouer à Forza ? Seulement, avoir une technologie viable et beaucoup de potentiel ne suffit pas, Microsoft a encore du chemin à parcourir pour convaincre.
Les limites de l’offre
Xbox pâtit d’un déficit d’image par rapport à Sony. PlayStation est devenu un tic de langage rappelant une douce enfant où nos parents ne nous achetaient pas une console, mais une « Naintando ». De plus, l’effet de flou autour de tous ces noms de « pass », ces multiples consoles, toute cette communication gérée à coup de tweets porte préjudice à Microsoft.
Certes Sony diversifie son offre avec deux consoles next gen, mais la simple évocation du 5 suffit à savoir où l’on met les pieds. Enfin, il manque à Microsoft le nerf de la guerre : quelques exclusivités marquantes telles que God of War, Horizon Zero Dawn, The Last Of Us, Spiderman, Uncharted, Bloodborne, Ghost of Tsushima. En définitive, une poignée de jeux dont on peut très bien se passer, et pourtant ils pèsent lourd dans un futur acte d’achat.
Revenons-en à nous, les fans du clavier/mulot.
On ne vous surprendra pas en dévoilant que notre machine de prédilection reste le PC, mais nous sommes très nombreux à avoir mis un petit jouet (rho, ça va… on taquine…) sous notre téléviseur. Joueurs pathologiques et collectionneurs, la Series X aura la faveur de ceux qui ont gardé leurs jeux Xbox des générations précédentes, mais il n’y a aucune urgence à craquer pour cette machine.
Le cloud dans un pass ultimate commence à nous faire de l’œil, mais il y a déjà tant de jeux à faire sur Steam, sans compter ceux offerts par l’Epic Game Store, qu’un achat rapide de la box et son offre foisonnante serait plutôt anxiogène (tant de jeux, si peu de temps !).
Quelques exclus convaincantes et un ou deux éditeurs supplémentaires dans le pass finiraient sans doute par convaincre, car le vrai Netflix du jeu serait là et nous arrêterions d’acheter d’autres titres. Une économie substantielle. Mais en l’état, un achat dans un ou deux ans suffira amplement. Et c’est un possesseur de PlayStation qui l’écrit !
En somme, l’offre Xbox va bien au-delà de ce que nous avions imaginé. Pourtant, il y a encore un goût de trop peu pour un achat « Day One » si l’on est avant tout un joueur PC avec une console en prime.