L’histoire de Capcom : beaucoup de suites dans les idées

La tentation de tester Resident Evil 3 fut grande tant nous avons apprécié le précédent, mais il est tellement sur de bon rails avec un moteur au top et une reprise habile des codes de la série que nous avons préféré mettre en lumière son développeur et éditeur, Capcom, de plus en plus présent dans l’univers PC.

On les voit, ceux du fond là-bas, qui ont installé Recalbox, Coin Ops ou nous ne savons quel frontend. Ils transforment leur PC en borne d’arcade et téléchargent des ROM par paquet de 1000 ! Nostalgiques ou découvreurs de vieux trésors plongent ainsi dans les ludothèques du siècle précédent sans peut-être savoir qui se cachait derrière ces titres devenus cultes. Nous faisons partie de la génération qui a jeté dans les bornes d’arcade des pièces par paquet, à ce titre, nous vouons à Capcom un vrai amour de couple confiné… passionné et parfois (souvent) irrité. Voici l’heure d’avouer des sentiments forts et de rendre des comptes.

Votre serviteur œuvrait déjà dans des magazines de jeux vidéo à la sortie de Devil May Cry. Lecteur de Famitsu, nous bavions devant les captures d’écrans dans le magazine japonais.

De Capsule Computer à Monster Hunter

La société IRM Corpporation fondée par Kenzo Tsujimoto élabore des machines de jeux électroniques. En 1981, elle crée la filiale Capsule Computer. Deux ans et une contraction plus tard, la société devient Capcom Co. et sort l’année d’après Vulgus, son premier jeu d’arcade.

Si ce titre ne vous dit rien, attendez de lire ce qui va suivre durant les trois années suivantes : 1942, formidable shoot them up, Ghosts’n Goblins, jeu de plateforme aussi emblématique que difficile, et deux autres licences qu’on ne présente plus puisqu’elles ont fleuri sur PC : Megaman et Street fighter. Excusez du peu !

Il est impossible d’égrener ici les jeux développés par Capcom tant ils sont nombreux, mais nous ne saurions trop vous conseiller de jeter un œil sur quelques franchises telles que Strider dont le premier opus est sorti en 1989 et qui a fait l’objet d’un épisode sur PC en 2014, Final Fight, Beat them all aussi fondamental que Street of Rage, ou l’excellent Breath of Fire dont certains épisodes n’ont rien à envier à la sage Final Fantasy.

L’une des déclinaisons du CPS (via la chaine YouTube Gamend).

L’éditeur d’abord très proche de Nintendo pour s’incruster dans nos salons, développe en parallèle son système d’arcade, le CPS (pour Capcom Play System). Trois versions seront exploitées entre 1988 et 2004 et donneront lieu à des titres aussi célèbres qu’Alien Vs Predator, Marvel Vs Capcom, pléthore de Street Fighter dont une version contre les X-men. Entre temps, Sony a imposé ses consoles sur le marché du jeu vidéo, invitant Capcom a fait des infidélités au Big N. Et c’est ainsi qu’émergent Resident Evil, Dino Crisis, Devil May Cry, Onimusha, Monster Hunter… Vous la sentez, là, la bonne grosse usine à Cash ?

Capcom en état de grâce depuis sur RE Engine a sublimé Resident Evil 7 et ses reboots ainsi que Devil May Cry. Le Monster Hunter World et lui aussi une grande réussite. Une renaissance pour le développeur

Boire jusqu’à la lie

Dire que Capcom est l’une des sociétés qui a compté dans l’histoire du jeu vidéo est un doux euphémisme, c’est aussi celle qui s’est souvent fait remarquer pour des méthodes commerciales douteuses.

Street fighter II est l’un des premiers exemples d’un jeu surexploité dans différentes versions avec pour seul objectif le profit tant le gameplay ou le contenu étaient à peine étoffés. Champion Edition, New Challenger, Super, Turbo, Ultra, Final etc… Capcom n’a arrêté de sortir des « suites » que lorsqu’ils sont venus au bout des superlatifs pour les décrire. Un acharnement qui vire au ridicule et a pourtant continué sur les versions suivantes de SF ou sur d’autres titres. Le lancement calamiteux de Street Fighter V avec un cruel manque de contenu, de nombreux problèmes de serveur, un équilibrage aux fraises n’a pas redoré le blason d’un jeu qui se veut pourtant eSport.

De plus, Capcom a de nombreuses fois été pris la main dans le pot de confiture avec sa politique de DLC systématique et leur contenu parfois présent sur les galettes lorsque vous achetiez le jeu. Heureusement que les ventes dématérialisées rendent ces pratiques moins flagrantes, mais nous ne sommes pas dupes. Et que dire de ce DLC de Resident Evil 2 qui permet de débloquer tous les bonus accessibles normalement en jouant moyennant 5 euros afin de ne pas avoir à suer sur la manette ? Le modèle Free-to-play a démontré que beaucoup sont capable de s’alléger de quelques deniers pour un peu de cosmétique, alors pourquoi s’en priver ?

La chaîne Neo Gamer spécialisée dans les making of de jeux a dévoilé celui de Resident Evil 7, certainement le jeu qui nous a le plus terrifié à ce jour. Une expérience VR, traumatisante.

Dernier fait d’armes, le Capcom Home Arcade, distribué au public pour la bagatelle de 230 €. Le prix a heureusement baissé aujourd’hui, mais ça fait un peu cher pour joueur à un florilège de seulement 16 jeux CPS 1 et 2, le tout compilé dans une interface médiocre (qui n’est pas du fait de Capcom, mais ce n’est pas pour autant qu’ils ont refusé le chèque ou arrangé les choses). Là encore, le produit n’a pas évité un petit scandale quand la communauté s’est aperçue que les jeux étaient lancés par Final Burn Alpha, l’émulateur open source de référence.

C’est ainsi ; Capcom fait du profit et ne le fait pas sans une certaine dose de cynisme. Les joueurs l’ont fait payer à Electronic Arts, ce qui ne l’empêche pas de battre des records de profits avec le Fifa Ultimate Team ; Capcom fait lui aussi l’objet de nombreuses railleries, mais nous ne bouderons pas pour autant les superbes Resident Evil 2 et 3, Devil May Cry, Monster Hunter etc. Le spécialiste japonais de l’arcade et des sueurs froides a connu de mauvaises passes mais se sera rattrapé avec beaucoup de talent ces 4 dernières années. On aime le détester, on déteste l’aimer, mais on l’aime quand même.